L’ombre de l’ancien «padre padrone» du FC Lugano

Incarcéré au Tessin, le financier italien Igor Marini met en cause le défunt président du FC Lugano.
Helios Jermini l’aurait aidé à recycler l’argent de l’affaire de corruption «Telecom Italia-Telekom Serbia».
Arrêté jeudi à Lugano où il était venu mettre illégalement la main sur des documents compromettants, Igor Marini a été inculpé pour recyclage d’argent, escroquerie et faux dans les documents.
Incarcéré au pénitencier de «La Stampa», le financier italien a été mis à l’isolement pour des raisons de sécurité à la demande de son avocat. Il doit être interrogé par le procureur de la Confédération Sergio Mastroianni avant la fin de cette semaine.
Dans le lac de Lugano
Il affirme que l’ex-«padre padrone» du Football Club Lugano aurait, lui également, trempé dans l’affaire de pots-de-vin Telecom Italia-Telekom Serbia.
C’est en tout cas ce qu’il a confié à la Commission parlementaire d’enquête italienne sur l’affaire «Telecom Italia-Telekom Serbia» peu de temps avant son arrestation à Lugano.
Et c’est l’avocat tessinois Gianluca Boscaro, mort accidentellement le 16 août dernier dans un accident de deltaplane, qui l’aurait mis en relation avec Helios Jermini.
Pour mémoire, Helios Jermini – qui s’est suicidé le 7 mars 2002 en se jetant dans le lac de Lugano – est accusé d’avoir détourné à son profit et au profit de son équipe quelque 120 millions de francs.
L’enquête pénale ouverte après son décès a accéléré la chute du club de football mis en faillite en mars dernier.
55 millions de francs
Plus concrètement, celui qui était alors le «padre-padrone» du FC Lugano aurait aidé Igor Marini à organiser le recyclage de 55 millions de francs par le biais de sociétés basées à Lugano.
A en croire le financier italien, ce sont ces millions qui auraient servi à graisser les pattes de plusieurs fonctionnaires et politiciens de l’ancien régime de centre-gauche de Romano Prodi.
«J’ai blanchi cet argent, prétend le financier, pour ‘Mortadella’, ‘Ranocchio’ et ‘Cicogna’.»
Des surnoms qui désignent l’ex-Premier ministre Romano Prodi, l’ex-ministre des Affaires étrangères Lamberto Dini et l’ancien sous-secrétaire aux Affaires étrangères Piero Fassino.
Ces accusations ont provoqué une grave crise politique en Italie. Les politiciens concernés accusent Igor Marini de calomnie.
swissinfo, Gemma d’Urso, Lugano

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.