La diplomatie suisse milite pour les homosexuels

Depuis quelques temps, la Suisse dénonce publiquement les discriminations dont sont victimes les homosexuels dans plusieurs pays.
La Suisse est d’avis que même si l’orientation sexuelle n’est pas mentionnée expressément dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, la discrimination des homosexuels peut être assimilée à une discrimination basée sur le sexe.
Elle est donc condamnable. Pour la Suisse, il y a «une véritable nécessité d’agir». C’est ce que vient de déclarer Christine Schraner dans une interview accordée à la revue «360°» – proche des milieux homosexuels.
Intervention à l’ONU
La responsable de la section de la politique des droits de l’homme au Département fédéral des affaires étrangères affirme avoir observé à l’étranger «de nombreuses discriminations» fondées sur l’orientation sexuelle.
Selon Christine Schraner, la Suisse aurait «toujours essayé de mentionner l’orientation sexuelle comme motif non valable de discrimination» dans les conférences internationales de l’ONU auxquelles elle participe.
C’est ce qu’elle aurait fait notamment lors de la fameuse Conférence mondiale sur les femmes à Pékin en 1995. Jusqu’ici, les efforts de la Suisse n’auraient cependant pas obtenu le soutien «de la part d’une majorité des Etats».
Une raison pour laquelle Berne aurait jugé «important» de soulever à nouveau la question lors de la récente session de la Commission des droits de l’homme de l’ONU.
Avec tact mais de manière résolue
Cette démarche a pris la forme d’une déclaration devant la Commission de l’ambassadeur François Nordmann, qui était alors représentant permanent de la Suisse auprès des organisations internationales établies à Genève.
«Avec tact mais de manière résolue», a souligné François Nordmann à cette occasion. «La Suisse veut favoriser une prise de conscience graduelle pour que les persécutions et la discrimination qui visent les préférences sexuelles soient considérées comme des violations des droits de l’homme».
La Suisse est cependant consciente, avait ajouté François Nordmann, «que les traditions culturelles et sociales des pays membres des Nations unies accusent de notables différences».
François Nordmann a par ailleurs rappelé qu’en Suisse, une loi sur le partenariat enregistré qui «garantira une reconnaissance étatique des couples homosexuels et la consécration de leur relation en droit» est en cours d’élaboration.
Les plus vulnérables
A noter que quelques jours plus tard, dans une autre déclaration devant la Commission, le chef de la diplomatie suisse a cautionné les propos de François Nordmann.
En effet Joseph Deiss a déclaré que l’attention de la Commission devait se tourner «en priorité» vers ceux qui «par leur faiblesse ou leurs différences, sont les plus vulnérables», notamment vers «ceux que la morale ou l’opinion commune tendent à rejeter par exemple en raison de leur mode de vie».
Parmi les cas récents les plus connus de mesures répressives prises envers des homosexuels, on rappellera l’arrestation le 11 mai 2001 sur un bateau du Nil – transformé en boîte de nuit et fréquenté par des homosexuels – de 52 ressortissants égyptiens.
Entre-temps, 23 égyptiens ont été condamnés pour «pratiques contraires à l’Islam» et «mépris de la religion» mais la procédure n’est pas terminée. Rappelons, d’autre part, que l’homosexualité est illégale et fortement réprimée notamment en Iran, au Soudan, en Ouganda et au Zimbabwe.
swissinfo/Michel Walter

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