
La vérité interdite: Denoël brandit également la plainte

Mises en cause par le demi-frère d'Oussama Ben Laden, les éditions Denoël n'excluent pas de porter plainte pour des écrits à caractère injurieux.
Depuis novembre, Yeslam Binladin, demi-frère d’Oussama, et ses amis, dont l’avocat zougois Jürg Brand, livrent une guerre sans merci aux éditions françaises Denoël pour interdire sur le territoire helvétique « La vérité interdite », ouvrage consacré aux négociations secrètes entre les Etats-Unis et les Taliban.
Pourquoi cette hostilité vis-à-vis du livre? Dans un chapitre intitulé « Bin Laden, le mythe du renégat », Jean-Charles Brisard et Guillaume Dasquié citent longuement les sociétés dirigées par Yeslam Binladin (c’est ainsi que le demi-frère d’Oussama, devenu suisse cette année, orthographie son nom), notamment la Saudi Investment Company (SICO), et Avcon Business Jets.
Cette compagnie aérienne compte parmi ses administrateurs l’avocat Jürg Brand. En mentionnant leurs noms à plusieurs reprises, le livre « La vérité interdite » les a-t-il diffamé? Les deux hommes réclament 20 millions de francs de dédommagement.
Les couleurs préférées des Nazis
Seulement voilà, selon les éditions Denoël, il y aurait depuis deux mois des menaces de dépôt d’une plainte, mais qui ne seraient jamais suivis d’actes juridiques. D’ailleurs, une nouvelle fois, Yeslam Binladin annonce qu’il « déposera une plainte au début janvier à Zoug et peut-être à Genève », et non pas qu’il a déjà déposé une plainte.
Cette attente est d’autant plus curieuse que l’essentiel de « La vérité interdite » provient d’une étude réalisée par Jean-Charles Brisard, et intitulée « L’environnement économique d’Oussama Ben Laden ». Or, cette enquête a été largement diffusée dans le monde entier depuis les attentats du 11 septembre, sans que Yeslam Binladin et ses amis ne réagissent.
Les éditions Denoël n’excluent pas de leur côté de déposer à leur tour une plainte contre le patron de la société genevoise SICO et ses amis. Dans un courrier, ces derniers soulignaient que la couverture de « La vérité interdite », imprimée en noir, rouge et blanc, rappelait les couleurs préférées des Nazis.
Une mise en cause guère appréciée par Guy Birenbaum et Olivier Rubinstein, responsables des éditions Denoël. «L’ouvrage a déjà été tiré à 70.000 exemplaires en France. Comment ces gens peuvent-ils penser que leurs gesticulations vont empêcher les Suisses de lire « La vérité interdite »», commente Guy Birenbaum.
Ian Hamel

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