Le cadeau intéressé de Novartis à Séoul

Manifestation le 13 juillet dernier à Séoul contre le prix trop élevé du Gleevec. Keystone

Korea Novartis, la filiale sud-coréenne du groupe pharmaceutique helvétique, a décidé d'offrir gratuitement son nouveau produit Gleevec contre la leucémie aux malades incurables. En attendant d'aboutir à un accord sur son prix jugé trop élevé par les autorités coréennes.

Korea Novartis a d’abord indiqué qu’il ne distribuerait pas le Gleevec, un produit très novateur contre la leucémie avant d’avoir abouti à un accord sur son prix avec les autorités sud-coréennes de la santé.

Entre-temps, il a décidé de le distribuer gratuitement à 91malades souffrant d’un des cas de leucémie chronique les plus rares. Et qui se trouvent dans un état critique.

Médicament miracle

L’Agence coréenne de révision de l’assurance de la santé (HIRA) suggère de fixer le prix de ce «médicament miracle», l’un des premiers à neutraliser la prolifération des cellules cancéreuses, à 17 000 won (13 dollars) par tablette.

Le malade en absorbant quatre par jour, le coût mensuel de son traitement s’élèverait à 2,04 millions de won (1566 dollars) par mois. Le tiers de cette somme serait à sa charge, le reste remboursé par le système d’assurance publique du Pays du Matin Calme.

Pour le moment, Novartis n’a introduit le Gleevec qu’en Suisse et aux Etats-Unis. Mais il insiste sur l’application d’une politique de prix uniforme d’un bout à l’autre de la planète. Soit 2360 dollars chaque mois pour un patient.

Le groupe suisse compte générer un maximum de profits de la vente du Gleevec. Les autorités américaines de la santé ont autorisé sa commercialisation en un temps record. Tant ses effets sur la condition des malades sont considérés comme spectaculaires. Il a permis de prolonger la vie de beaucoup de ceux qui avaient perdu tout espoir ou presque.

Une manifestation devant le siège

«A l’origine, nous avions fixé le prix de chaque dose de Gleevec à 11 000 won car la majorité de notre population ne peut pas payer davantage. Nous l’avons augmenté de 50% de crainte que Novartis ne renonce à le distribuer en Corée du Sud», précise un porte-parole du ministère de la Santé à Séoul.

«Nous voulons, dit-il, expliquer au pharmaceutique suisse que notre système d’assurance national n’arrive déjà pas à assumer toutes ses obligations».

«Nous n’avons pas de commentaire à faire au sujet du prix suggéré par la HIRA.Tout ce que nous pouvons vous dire est que les négociations avec le gouvernement coréen continuent. Et qu’aucune décision finale n’a été prise sur le prix du Gleevec pour le marché coréen», répond un porte-parole de Korea Novartis.

Ces dernières semaines, 40 membres d’une organisation représentant des familles de malades de la leucémie ont manifesté devant le siège de Korea Novartis pour que le prix du Gleevec soit déterminé en fonction du salaire moyen coréen.

Georges Baumgartner