
Louxor: l’hommage privé de Joseph Deiss aux victimes du massacre de 1997
Accompagné de son épouse, le ministre suisse des Affaires étrangères a déposé lundi une couronne de fleurs sur les lieux de la tuerie qui a coûté la vie à une soixantaine de touristes. Un geste privé. Dans un site désormais sous haute protection.
Accompagné de son épouse, le ministre suisse des Affaires étrangères a déposé lundi une couronne de fleurs sur les lieux de la tuerie qui a coûté la vie à une soixantaine de touristes. Un geste privé. Dans un site désormais sous haute protection.
Pas de cérémonie officielle, ni de discours de circonstance. Juste une couronne de fleurs, drapée d’un ruban rouge et blanc avec l’inscription: «A la mémoire des victimes de l’attentat du 17 novembre 1997». Le tout adossé sur l’une des parois blanches de l’esplanade du temple d’Hatchepsut, sur le site plusieurs fois millénaire de Louxor.
C’est accompagné de son épouse et de représentants du corps diplomatique suisse que le conseiller fédéral Joseph Deiss a observé un long moment de silence, le regard fixé sur la scène du drame où 62 touristes – dont 36 Suisses – ont perdu la vie.
L’hommage privé que le ministre suisse des Affaires étrangères a rendu aux victimes du massacre de Louxor a une portée aussi bien sentimentale que politique. Notamment par le retentissement que ce geste, médiatisé, peut revêtir en Suisse.
Et le conseiller fédéral de rassurer en réaffirmant qu’en dépit de «la normalité qui s’installe, nous ne voulons pas oublier les victimes, ni la douleur de leurs familles». Mais la vie continue. Et pour Joseph Deiss, «le temps est venu de reconstruire avec les autorités égyptiennes des relations sur de nouvelles bases». L’Egypte a de son côté fait le maximum pour sécuriser la région de Louxor.
Et c’est peu dire. A l’intérieur du site comme à l’extérieur, les autorités ont dressé un maillage sécuritaire impressionnant. Il y a les soldats, les forces spéciales, la police en uniforme et une omniprésente police en civil qui se veut discrète.
Personne ici ne veut plus revivre les conséquences d’une tuerie qui avait remis en cause l’unique ressource de la région, le tourisme. C’est donc dans un site en quasi état de siège que les touristes sont revenus. Pour eux, Louxor c’est déjà de l’histoire ancienne.
Le tourisme dans la région est en train de prendre une dimension industrielle. Près de 250 bateaux de croisière voguent sur le Nil. D’autres sont en construction. Les hôtels poussent comme des champignons. L’Egypte accueillerait quatre millions de touristes par an. Et l’on dit qu’il y en aura bientôt autant pour le seul axe Assouan-Louxor.
Les mesures sécuritaires suffiront-elles à éviter une nouvelle fois le pire? Beaucoup de monde se pose ici la question. Dans un pays où les aspirations d’une partie de la population sont sacrifiées à l’aune du développement économique, où la presse n’ose évoquer la pauvreté sans risquer l’ire des autorités et où les prisons regorgent encore de près de 10.000 détenus politiques.
Jugurtha Aït-Ahmed, Louxor

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