
ONU et enfants-soldats : les ONG insatisfaites
A Genève, les organisations non gouvernementales jugent encourageante l’adoption, par le Conseil de sécurité de l'ONU, d'une résolution réclamant davantage de protection pour les enfants dans les conflits armés. Mais selon elles, il faut aller plus loin.
A Genève, les organisations non gouvernementales qui militent contre l’utilisation des enfants soldats ne crient pas victoire malgré l’adoption, par le Conseil de sécurité de l’ONU, d’une résolution réclamant davantage de protection pour les enfants dans les conflits armés. C’est un pas jugé encourageant certes, mais, disent-elles, il faut aller plus loin si l’on veut apporter une vraie solution à ce problème.
C’est une nouveauté au Conseil de sécurité. Ses quinze membres, pour la première fois, et qui plus est à l’unanimité, viennent d’adopter non pas une simple déclaration, mais une vraie résolution sur un thème qui n’est pas immédiatement lié à une crise ou un incident précis. Ce fut d’ailleurs, à New York, l’occasion d’un long débat auquel participèrent une cinquantaine d’intervenants. Résultat donc : une résolution qui entre autres condamne les atteintes à l’intégrité physique et morale des enfants dans les conflits armés, qui rappelle que l’enrôlement militaire de jeunes de moins de 15 ans sera désormais jugé comme un crime de guerre, et que les droits des enfants doivent être pris en compte dans les négociations de paix.
Faut-il applaudir cette prise de position ? Les organisations non gouvernementales qui militent contre l’utilisation d’enfants-soldats et qui, dès l’an dernier à Genève, se sont pour cela regroupées dans une coalition, voient évidemment d’un bon œil que l’on débatte en haut lieu de ces problèmes. Mais leur enthousiasme s’arrête là. Elles savent que sur le terrain rien ne changera fondamentalement tant qu’on ne portera pas la limite d’âge de recrutement à 18 ans. Et c’est là que le bât blesse auprès des gouvernements. D’ailleurs cela fait déjà pas mal de temps qu’à Genève, un groupe de travail des Nations Unies planche régulièrement sur la question sans pouvoir se mettre d’accord.
Sur le terrain, des milliers d’enfants – les ONG avancent le chiffre de 300’000 – souvent drogués ou maltraités, continueront ainsi à servir de guides ou d’appâts, d’espions ou de messagers. Les progrès de la technologie militaire les rend même davantage vulnérables, puisqu’on peut leur mettre dans les mains des armes toujours plus légères et toujours plus faciles à utiliser.
Bernard Weissbrodt

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