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Procès de «génocidaires» rwandais: la Suisse en première ligne

Roger Assael et Vincent Spira, les deux avocats de la défense au Palais de justice, à Genève. Keystone

La Suisse est le tout premier pays européen à juger un Rwandais impliqué dans le génocide de 1994. Une démarche appréciée par Kigali. Tout comme le rôle joué par le procureur Carla Del Ponte au Tribunal pénal international pour le Rwanda.

Le procès en appel de Fulgence N. à Genève ne fait pas la une de l’actualité au Rwanda. Mais son résultat pourrait avoir des répercussions dans les relations, encore fragiles, entre Berne et Kigali. Les avocats de la défense vont en effet tout faire pour obtenir l’acquittement de leur client. Un tel verdict ne pourrait que décourager les autres juridictions nationales qui seraient tentées, elles aussi, de poursuivre d’anciens «génocidaires».

La Belgique doit, en effet, juger vers la fin de cette année quatre Rwandais impliqués dans le génocide de 1994. Ce pays, comme la Suisse l’an passé, fera venir devant le tribunal des témoins du Rwanda.

Un expert belge des Grands Lacs, Philippe Reintjens, précise que le Ministère public belge est très conscient du problème posé par ces témoins et aux pressions qu’ils peuvent subir. «Si les témoignages à charge du procès suisse étaient déclarés irrecevables en appel, cela inquiéterait encore plus le Ministère public belge», précise Philippe Reintjens.

Or, le gouvernement rwandais tient beaucoup à ce que les responsables du génocide soient poursuivis, où qu’ils se trouvent. Selon le ministre rwandais de la Justice, Jean de Dieu Mucyo, «d’autres pays européens devraient suivre l’exemple de la Suisse, s’ils ne veulent pas livrer les présumés génocidaires à la justice rwandaise ou au Tribunal pénal international».

La Suisse est également en première ligne avec Carla Del Ponte, le procureur général du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), et son nouveau chef des enquêtes, le Genevois Laurent Walpen.

Pour l’instant, Carla Del Ponte a bonne presse à Kigali. Le ministre rwandais de la Justice, Jean de Dieu Mucyo, estime ainsi que la magistrate a «un style plus engagé que l’ancien procureur».

Mais là encore, cette image favorable pourrait radicalement changer. Selon l’expert belge Philippe Reintjens, des enquêtes sont en cours au TPIR contre des officiels du FPR, le parti au pouvoir actuellement à Kigali, pour crimes de guerre durant l’année 1994.

Or, les relations entre Berne et Kigali sont encore convalescentes. Se souvenant du rôle ambigu de la Suisse au Rwanda avant les massacres de 1994, l’ancien ministre rwandais des Affaires étrangères Anastase Gasana estime d’ailleurs que c’est pour réparer leurs fautes d’hier que les Suisses ont décidé de juger aujourd’hui d’anciens génocidaires rwandais.

Frédéric Burnand avec Virginie Gomez à Kigali

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