Tour de France: le peloton a rendez-vous avec le Mont Ventoux

«N'est pas fou qui monte au Ventoux, est fou qui y retourne», affirme un dicton provençal. Keystone

Surnommé le Géant de Provence, le Ventoux fait peur. La légende et le drame s´y côtoient. C´est sur ses pentes qu'est mort en 1967 le Britannique Tom Simpson. Et que le Suisse Fredi Kubler a compris en 1955 qu´il était arrivé en bout de course.

Le Mont Ventoux! Le Mont «venteux». Mont de légende… Il fait peur, engendre respect et rêves dans le cœur des «forçats de la route». Le mistral y souffle si fort que «tu le passes en marche arrière», lâche Eric Carritoux, l’enfant du pays, ancien vainqueur d’un Tour d’Espagne.

Appelé aussi le «Géant de Provence», le Ventoux est un trait d’union entre la Provence et les Préalpes. La première ascension fut réussie par Patrarch au 13e siècle. Et il fut gravi pour la première fois en vélo à la fin du 19e siècle par le Marseillais Adolphe Benoit, directeur de la Provence sportive.

«N’est pas fou qui monte au Ventoux, est fou qui y retourne», affirme un dicton provençal. Jeudi, le Tour de France y revient. «Véritable Moloch, despote des cyclistes, qui ne pardonne jamais aux faibles et se fait payer un tribut injuste de souffrances», écrit Roger Barthes dans son livre (Tour de France).

Son tribut de souffrances… Le Ventoux ne peut s’évoquer sans se rappeler ce 13 juillet 1967: le jour où le Britannique Tom Simpson y perdit la vie.

Une stèle rappelle ces moments terribles. Aujourd’hui, la rumeur court: à l’endroit où elle s’élève, le cœur des coureurs augmenterait soudainement de quelques pulsations.

C’est aussi sur les pentes du Mont Chauve, autre surnom donné au Ventoux, que le Suisse Fredi Kubler comprit qu’il était en fin de carrière. En 1955, à 36 ans, la fleur au fusil, l’Aigle d’Adliswil avait voulu dompter le Géant de Provence.

Pourtant Raphaël Geminiani l’avait averti: «Attention Fredi! Le Ventoux n’est pas un col comme les autres». Ce à quoi le vainqueur du Tour 1950 répondit dans son français inimitable: «Fredi non plus pas coureur comme les autres».

Mais le soir, à l’étape, Kubler avouait: «Fredi est trop vieux. Il a mal. Fredi s’est tué dans le Ventoux».

Combien de légendes, de drames, de hauts faits (les victoires de Charly Gaul, Merckx, Poulidor, Thévenet, Bernard) pourrait-on encore évoquer? Une chose est certaine: une nouvelle page de l’histoire du Tour s’écrira jeudi.

Pierre-Henri Bonvin, sur la route du Tour