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Victoire australienne en épilogue des Mondiaux

Keystone

Les championnats du monde de cyclisme se sont terminés dimanche par la victoire de Cadel Evans lors de la course en ligne. Porté par une ferveur populaire intacte au Tessin, le monde de la Petite Reine veut croire à un avenir meilleur malgré le spectre du dopage.

Fabian Cancellara, vainqueur du contre-la-montre jeudi, ambitionnait de devenir le premier coureur de l’histoire à réussir le doublé lors d’une même édition de Championnats du monde. Qui plus est sur ses terres. Le cycliste bernois n’a pas réussi son pari, terminant 5e de la course en ligne de dimanche. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé.

Très en jambes, le Suisse a tenté à plusieurs reprises sa chance lors de l’ultime des 19 tours du difficile circuit tessinois (262 km). Mais hélas pour lui, il s’est retrouvé trop esseulé et a dû subir le marquage des trois Espagnols présents dans le groupe de tête. C’est finalement Cadel Evans qui a réussi l’attaque victorieuse en s’échappant au pied de l’ultime montée.

L’Australien, qui est domicilié au Tessin, à seulement deux kilomètres de Mendrisio, s’adjuge son premier titre mondial. Le Russe Alexandre Kolobnev et l’Espagnol Joaquin Rodriguez remportent respectivement l’argent et le bronze de cette ultime épreuve, la plus prestigieuse également, des Championnats du monde 2009.

La fête du cyclisme en Suisse

A la fin de ces Mondiaux, qui marquent pratiquement le terme de la saison cycliste, un constat s’impose: cette année encore, les affaires de dopage n’ont pas eu raison de l’engouement populaire qui entoure les grands rendez-vous du calendrier.

La Suisse, bien servie en matière d’événements cyclistes majeurs en 2009, ne fait pas exception à la règle. Au début de l’été, le Tour de France, plus grande course cycliste par étapes au monde, a drainé une foule énorme au bord des routes romandes.

Et cette semaine, le Tessin, autoproclamé «terre de cyclisme», a fêté comme il se doit les quatrièmes Mondiaux courus sur son territoire. Le vélo était partout: dans les vitrines des magasins, sur les façades des restaurants, au bord des routes, dans les éditions spéciales des journaux, au détour de toutes les conversations.

Passion et organisation

Passé le Gothard, impossible d’échapper à cette fièvre cycliste. Souvent un peu mise à l’écart de la scène nationale, la Suisse italophone tenait à prouver que passion et sens de l’organisation pouvaient aller de pair.

Et le pari semble réussi. «Le beau temps aidant, l’affluence (ndlr: 100’000 spectateurs dénombrés le long des 13,8 km du parcours dimanche) a été bien au-delà de nos attentes», affirme Marco Sangiorgio, président du comité d’organisation.

«C’était un investissement idéal et une magnifique carte postale pour notre commune. Les supporters ont été exemplaires, contrairement à ce qui se passe parfois dans d’autres sports», renchérit Massimo Demenga, secrétaire communale de Mendrisio. Et la victoire de Fabian Cancellara lors du contre-la-montre de jeudi a facilité la tâche des organisateurs.

Globalisation du cyclisme

Les drapeaux déployés le long du circuit et les centaines de campings-cars en attestent: en France, en Italie, en Belgique, en Allemagne et dans bien d’autres pays européens, le cyclisme figure toujours en deuxième position des sports les plus populaires derrière le football.

Mais contrairement au ballon rond, la bicyclette n’a pas encore conquis tous les coins du globe. A Mendrisio, le continent africain était uniquement représenté par la Namibie et l’Afrique du Sud. Le Sud-Est asiatique et le Moyen-Orient n’ont envoyé qu’une poignée de coureurs en Suisse.

Pat McQuaid, réélu vendredi pour quatre ans à la tête de l’Union cycliste internationale (UCI), a réitéré sa volonté de poursuivre la globalisation du cyclisme, qui possède encore un «potentiel énorme» de développement, notamment en Inde, au Moyen-Orient et dans les pays de l’Europe de l’Est.

Le patron de l’UCI se retrouve cependant devant une équation difficile: plus le cyclisme se développe et génère de l’argent, plus les tentations sont grandes pour les coureurs d’avoir recours à des produits et des méthodes d’amélioration des performances illicites.

Contrôles antidopage en hausse

Si pour la première fois depuis des années aucun contrôle positif n’a été signalé durant le Tour de France, certaines performances laissent planer encore beaucoup de doutes dans l’esprit des sceptiques. «Nous devons poursuivre ce combat sans relâche», a répété vendredi Pat McQuaid en marge du Congrès de l’UCI à Lugano.

Il estime pourtant que le cyclisme a «gagné en crédibilité» avec l’introduction du passeport biologique, qui permet de détecter des pratiques dopantes sans avoir à trouver de substance spécifique, et la multiplication des contrôles. Ainsi, 13’800 échantillons ont été prélevés cette année sur 850 coureurs et plus de 7500 contrôles inopinés ont été effectués, contre 200 il y a trois ans. Quarante-sept tricheurs se sont fait pincés jusqu’ici.

Comme il sera difficile d’en faire plus à l’avenir en matière de répression, l’UCI se tourne désormais du côté de la prévention. Les jeunes coureurs devront à l’avenir passer un test éducatif sur le dopage avant d’obtenir leur licence professionnelle. Pas sûr que cela ne suffise à freiner les tentations, mais toutes les initiatives sont bonnes pour redorer un peu le blason d’un sport qui fait figure de mouton noir en matière de dopage.

Davantage de spectacle

La hache de guerre enterrée dans la grande famille du cyclisme – le conflit entre l’UCI et les organisateurs des grands tours avait créé une crise sans précédant en 2008 -, l’UCI peut désormais s’atteler à procéder à des changements dans le but de rendre le cyclisme sur route plus attractif. Dans ce sens, et dès 2012, un contre-la-montre par équipes sera introduit dans le programme des Mondiaux.

Autre nouveauté: malgré la résistance des coureurs et des équipes, le comité directeur de l’UCI s’est prononcé en faveur d’une interdiction progressive des oreillettes. Un retour en arrière destiné à remettre l’offensive et le spectacle au premier plan. Et ainsi pérenniser la popularité de la Petite Reine.

Samuel Jaberg, de retour de Mendrisio, swissinfo.ch
(Collaboration: Daniele Mariani)

Tessin. Les Championnats du monde de cyclisme 2009 ont eu lieu du 23 au 27 septembre à Mendrisio. Disputés chaque année depuis 1927, hormis durant la Seconde Guerre mondiale, les Mondiaux ont organisés pour la 4e fois après 1953 (Lugano), 1971 (Mendrisio) et 1996 (Lugano) dans le canton du Tessin.

Médaille. La Suisse a remporté une médaille d’or durant ces joutes, par l’intermédiaire de Fabian Cancellara, vainqueur du contre-la-montre. Le cycliste bernois s’est ainsi adjugé son 3e titre mondial au Tessin.

Spartacus. Fabian Cancellara est né à Wohlen près de Berne en 1981. Son surnom dans le milieu du cyclisme est «Spartacus». Champion du monde junior du contre-la-montre, l’ancien apprenti-électricien passe professionnel en 2001 en intégrant l’équipe Mapei. Entre 2003 et 2005, il court pour le team Fassa Bortolo et rejoint l’équipe CSC en 2006, reprise par le sponsor danois Saxo Bank en 2009.

Palmarès. En 2006, il remporte Parix-Roubaix, la classique des classiques, puis Milan-San Remo deux ans plus tard. Champion du monde du contre-la-montre 2006, 2007 et 2009, il a également remporté plusieurs étapes du Tour de France, compétition dont il a porté le maillot jaune sept jours durant en 2007.

Pékin. En 2008, Fabian Cancellara est sacré champion olympique du contre-la-montre à Pékin. Il remporte également le bronze de la course en ligne au prix d’une folle remontée dans les derniers kilomètres.

2009. Cette année, il a remporté le Tour de Suisse au mois de juin. Vainqueur du prologue du Tour de France à Monaco, il porte le maillot jaune durant 6 jours. Il récidive au Tour d’Espagne, avec des victoires lors du prologue et de la 6e étape. Il décroche un 3e titre de champion du monde le 24 septembre 2009 à Mendrisio.

1. Cadel Evans AUS 6h55’26 »
2. Alexandr Kolobnev RUS + 27″
3. Joaquin Rodriguez ESP 27″

4. Samuel Sanchez ESP 30″
5. Fabian Cancellara SUI 30″
6. Philippe Gilbert BEL 51″
7. Matti Breschel DEN 51″
8. Damiano Cunego ITA 51″
9. Alejandro Valverde ESP 51″
10. Simon Gerrans AUS 1’47 »
11. Fabian Wegmann GER 1’47 »
12. Kurt-Asle Arvesen NOR 1’47 »
13. Chris Soerensen DEN 1’59 »
14. Johnny Hoogerland BEL 2’02 »
15. Oscar Freire ESP 2’02 »

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