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Allemagne: les doubles-nationaux gardent le passeport suisse

Aux yeux de Berlin, il est désormais possible d'être à la fois allemand et suisse.

Les Suisses de l'étranger qui demandent la nationalité allemande n'ont plus besoin de renoncer à leur passeport suisse. La nouvelle loi allemande en matière d'étrangers est entrée en vigueur mardi.

Cette modification ouvre des portes aux Suisses. Pour travailler au service de l’Etat, posséder un passeport allemand est en effet indispensable.

L’Allemagne était l’un des derniers pays de l’Union européenne à ne pas reconnaître la double-nationalité. Avec la nouvelle législation que le gouvernement de Berlin a fait entrer en vigueur mardi dernier, la situation change du tout au tout. A l’avenir, les citoyens allemands qui voudront se faire naturaliser dans un autre pays conserveront automatiquement leur passeport allemand.

En ce qui concerne la Suisse, cela ne change pas grand-chose. La Suisse représente en effet déjà le principal pays d’émigration pour l’Allemagne. L’an dernier, sur les quelque 145’000 Allemands qui ont quitté leur pays, 10% ont choisi de s’établir en Suisse.

Mais la réciproque est également valable. L’Allemagne n’attend plus des citoyens suisses qui veulent se faire naturaliser chez elle qu’ils renoncent à leur passeport à croix blanche. L’an dernier, l’Allemagne dénombrait 72’000 Suisses établis sur son sol. L’Allemagne représente la 2e destination pour les Suisses qui s’expatrient, après la France.

Nouveaux débouchés professionnels

La nouvelle législation allemande n’aura pas de grands effets sur les Suisses établis en Allemagne, explique Elisabeth Michel, présidente de la section allemande de l’Organisation des Suisses de l’étranger. «Environ deux tiers des Suisses d’Allemagne sont déjà doubles-nationaux par filiation», explique-t-elle. En 2006, il y avait 44’200 Suisses de l’étranger disposant d’un passeport allemand, soit à peine 1000 de plus que l’année précédente.

Personnellement, Elisabeth Michel n’a jusqu’à présent pas vu le besoin de demander la double nationalité, car elle se sent sur un pied d’égalité avec ses voisins allemands. «Le seul inconvénient, c’est que je ne peux pas participer à des votes ou des élections», déclare-t-elle.

Mais pour les membres de certaines professions, un passeport allemand est pratiquement un billet d’entrée pour l’exercice de leur profession. «Celui qui veut entrer au service de l’Etat, par exemple comme enseignant ou comme policier, doit avoir la nationalité allemande», explique Elisabeth Michel.

Demander la double nationalité a aussi un sens pour les Suisses de l’étranger qui sont étudiants. Il leur est ainsi plus facile d’obtenir une bourse.

Bien qu’elle n’ait pas elle-même vécu l’expérience de la naturalisation, Elisabeth Michel estime que la procédure est beaucoup moins compliquée en Allemagne qu’en Suisse. En effet, quiconque a vécu un certain temps en Allemagne peut déposer une demande auprès de sa commune de résidence.

Une vague allemande?

De ce côté-ci de la frontière, il est difficile d’estimer combien d’Allemands installés en Suisse souhaitent prendre la citoyenneté helvétique.

Pour l’Office fédéral de la statistique, à Neuchâtel, on pense que 40% des plus de 140’000 Allemands de Suisse pourraient considérer la question. Cela représenterait donc plus de 60’000 nouveaux Confédérés.

Mais savoir combien d’entre eux voudront réellement se lancer dans une longue procédure pour rejoindre le cercle des citoyens suisses est une autre question…

swissinfo, Renat Künzi
(Traduction de l’allemand : Olivier Pauchard)

Environ 650’000 Suisses vivent actuellement à l’étranger.
110’000 d’entre eux se sont inscrits sur les registres électoraux, afin de pouvoir exercer leurs droits de citoyen.
La plus grandes communauté de Suisses expatriés se trouve en France (171’000), suivie de celle d’Allemagne (72’000) et d’Italie (47’000).
La plus grande communauté hors d’Europe se trouve aux Etats-Unis (72’000).

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