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Appel à l’action contre les enlèvements d’enfants

La main de l'adulte est souvent là pour aider, mais aussi parfois pour faire du mal. (Ex-press) Ex-press

Une centaine de personnalités romandes signent une lettre ouverte au gouvernement pour demander l'instauration d'un dispositif national d'«alerte enlèvement».

Publié par le quotidien valaisan «Le Nouvelliste», cet appel porte des signatures de politiciens, d’artistes et de sportifs, en majorité valaisans, et souvent de renom international.

«Tous les juges d’instruction, tous les policiers savent que la vie des enfants kidnappés se joue dans les premières heures de leur enlèvement», explique le texte de l’appel paru à l’initiative du «Nouvelliste».

A l’image de la France, la Suisse devrait s’inspirer de l’exemple venu des Etats-Unis et du Canada, demandent les signataires. Dans ces pays, les disparitions d’enfants sont immédiatement signalées dans les médias et par des panneaux dans les gares et sur les routes. Et ces mesures ont prouvé leur efficacité.

«Pas les premiers de classe»

Parmi les personnalités qui appuient ce texte figurent aussi bien le champion du monde de patinage artistique Stéphane Lambiel et l’ancienne gloire du ski Pirmin Zurbriggen que l’humoriste Frédéric Recrosio, la chanteuse Laurence Revey, Léonard Bender vice-président du Parti radical, la cuisinière Irma Dütsch, ou encore le milliardaire et patron du team Alinghi Ernesto Bertarelli.

D’autres signataires se seraient bien passé de se retrouver sous les feux de l’actualité, comme les parents de Sarah Oberson, disparue en 1985, alors qu’elle n’avait pas 6 ans.

L’ancien président du tribunal des mineurs du Valais Jean Zermatten a aussi répondu à l’appel. Et il ne mâche pas ses mots. Pour lui, la Suisse est sûre d’avoir «tout réglé» en matière de droits de l’enfant, «mais nous ne sommes de loin pas les premiers de classe».

Pointant un manque de coordination pour tout ce qui relève de la maltraitance ou des abus, Jean Zermatten, par ailleurs membre du comité des droits de l’enfant des Nations Unies, estime que l’intérêt de l’enfant prime sur le fédéralisme. «Il y a certes 26 polices cantonales, mais il doit être possible de les coordonner».

Campagne électorale

Il reste qu’au niveau fédéral, les choses bougent. Fin août, la Commission des affaires juridiques du Conseil national (Chambre basse du Parlement) a soutenu à l’unanimité l’introduction d’une «alerte enlèvement». Elle a préparé deux motions demandant au gouvernement d’agir en ce sens.

La disparition de la petite Ylenia, fin juillet en Suisse orientale, a notamment rappelé l’utilité d’un tel dispositif. «Je ne dis pas qu’on l’aurait retrouvée, mais les gens ont été avertis trop tard», indique Jean-François Fournier, rédacteur en chef du «Nouvelliste» .

«En France, cette année, sur cinq alertes, il y a eu cinq succès. Les résultats sont indiscutables, à tel point que l’Union européenne conseille aux Etats membres de créer un dispositif d’alerte», précise-t-il.

Jean-François Fournier se défend d’avoir tenté un «coup» médiatique, mais ne cache pas que «c’est le retour du ‘Nouvelliste’ sur la scène nationale». L’idée est née d’une discussion au sein de la rédaction.

«On s’est dit qu’en pleine campagne électorale, à l’heure où les politiques sont à l’écoute, c’était le bon moment pour la société civile de tenter d’accélérer les choses», explique- t-il.

Pétition depuis mai

Une autre pétition aux autorités fédérales court depuis le 25 mai. Elle a été lancée par la fondation FREDI, acronyme de «Fondation pour la recherche d’enfants disparus, par Internet». En 2004, celle-ci a déjà tenté de sensibiliser le monde politique à l’importance d’un système d’alerte national, mais sans succès.

La fondation qui par ailleurs regrette de ne pas avoir été informée de l’appel du «Nouvelliste», et fait remarquer que «l’essentiel est de mettre ses forces en commun et que cela fasse avancer la cause».

swissinfo et les agences

Selon les statistiques de la police, 1593 enfants ont été portés disparus en 2006 et 1109 en 2005.
La plupart de ces cas sont de simples fugues et les enfants sont retrouvés rapidement.

La petite Ylenia (cinq ans et demie) a été vue pour la dernière fois quittant la piscine d’Appenzell le 31 juillet.

Le soir même, la police a retrouvé son sac, son casque de cycliste et sa trottinette dans un bois à 30 kilomètres du lieu de sa disparition.

Le lendemain, on a trouvé dans le même bois le corps d’un homme qui s’est à l’évidence suicidé avec un pistolet. Dans sa camionnette, des objets appartenant à Ylenia prouvent que la fillette a été transportée dans ce véhicule.

La police soupçonne cet homme d’être impliqué dans d’autres cas de disparitions d’enfants depuis les années 80.

Le 15 septembre, le corps de la fillette est retrouvé dans la même forêt.

Depuis cette tragédie, les ventes de téléphones mobiles permettant aux parents de garder la trace de leurs enfants ont quadruplé en Suisse.

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