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Contre l’exclusion et les préjugés

"Aucun humain n'est illégal", clamaient notamment les pancartes. Keystone

Quelque 3500 personnes ont pris part samedi à Berne à la manifestation marquant la Journée du réfugié, placée sous le slogan 'Stop exclusion'.

Vendredi, la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey avait appelé la population au respect et à l’ouverture, et plaidé pour que la Suisse accueille à nouveau des contingents de réfugiés.

Soutenue par des oeuvres d’entraide, des partis et d’autres organisations, la manifestation s’est tenue en début d’après-midi dans la vieille ville. Elle a réclamé des «droits fondamentaux pour tous».

Une fête du réfugié s’est ensuite déroulée sur la Place fédérale. Au programme: des spectacles culturels de groupes de réfugiés du monde entier et des discours, dont celui de Beat Meiner, secrétaire général de l’OSAR, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés.

D’autres rendez-vous ont eu lieu samedi dans 200 autres villes et communes, à l’enseigne de cette journée. Des cérémonies religieuses y seront consacrées dimanche dans de nombreuses localités en Suisse. La Journée mondiale du réfugié se tiendra, elle, mercredi.

Pour de nouveaux contingents

La veille, soit vendredi, la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey et l’OSAR avaient plaidé pour que la Suisse admette à nouveau des contingents de réfugiés comme elle l’a fait jusqu’à la fin des années 90.

Au vu du faible nombre de demandes d’asile enregistrées actuellement en Suisse, la présidente juge «opportun» que la Confédération envisage une reprise de cette politique d’accueil, suspendue en 1998 en raison de la crise dans les Balkans.

De 1950 à 1995, la Suisse avait régulièrement participé à l’accueil de groupes de réfugiés. Ces personnes fuyaient guerres et persécutions en Hongrie, au Tibet, en Indochine, au Chili ou en Ex-Yougoslavie.

Micheline Calmy-Rey rappelle que sur 35 millions de personnes chassées dans le monde par la guerre et les violations des droits de l’homme, seule une toute petite partie arrive en Suisse. Dans le pays, il y a environ 23’000 réfugiés et 10’000 personnes ont demandé l’asile l’année dernière.

Pas de réfugiés irakiens

Récemment, le gouvernement, suivant l’avis du ministre UDC (nationaliste) Christoph Blocher, a refusé une proposition de Mme Calmy-Rey d’accueillir un contingent de 500 réfugiés irakiens.

Cette décision ne doit pas être comprise comme un refus général de la reprise de l’accueil des contingents, affirme la présidente.

La Suisse a une longue tradition d’accueil, qui a forgé sa réputation internationale. Mais si cette tradition n’est pas traduite dans les faits, elle risque de devenir un mythe, comme Guillaume Tell ou finir au Musée national comme le général Dufour, avertit Micheline Calmy-Rey.

Un texte «dangereux»

La présidente de la Confédération en a profité pour fustiger l’initiative anti-minarets lancé par des membres de l’UDC. Pour elle, ce texte «n’est pas seulement une farce électorale, il est aussi dangereux».

Ainsi, cette initiative empêche le dialogue avec la communauté musulmane et «renforce les cercles fondamentalistes».

L’OSAR pour sa part déplore que l’Europe soit devenue une forteresse interdite aux personnes fuyant leurs pays. Et lorsqu’un réfugié parvient malgré tout en Suisse, il y découvre l’une des lois sur l’asile les plus dures du continent.

Méfiance et rejet

Beaucoup de requérants se voient rapidement signifier une décision dite de non-entrée en matière, qui les exclut automatiquement de l’aide sociale. Tombés dans l’illégalité, ils vivent dans une extrême précarité avec la crainte permanente d’être arrêtés, dénonce Beat Meiner.

Bien que les médias montrent quotidiennement les atrocités qui frappent les habitants de l’Irak ou du Darfour, l’opinion publique suisse a une image des réfugiés majoritairement empreinte de méfiance, de crainte et de rejet, regrette le secrétaire général de l’OSAR

swissinfo et les agences

En 2006, 10’537 demandes d’asile ont été déposées en Suisse. C’est moins de la moitié de la moyenne des dix dernières années (25’860) et presque cinq fois moins que les 48’057 demandes enregistrées en 1999, année record.

L’Office fédéral des migrations précise que 10% environ des requérants obtiennent finalement le statut de réfugié.

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