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L’aide sociale aux Suisses de l’étranger seulement pour les cas extrêmes

Mann mit Mundschutz wartet auf Heimflug
Auslandschweizerinnen und Auslandschweizer rundum den Globus sehen unsicheren Zeiten entgegen und haben deshalb viele Fragen. Keystone / Marwin Productions

Les services de conseil pour les Suissesses et les Suisses de l’étranger fournis par la coopérative SoliswissLien externe sont actuellement très sollicités. Sa directrice Nicole Töpperwien présente ici les demandes auxquelles ils sont confrontés. Elle évoque les diverses options à disposition des Suisses de l’étranger pour obtenir de l’aide.

Soliswiss est une coopérative d’entraide qui existe depuis 1958. À l’origine, son objectif était surtout d’assurer la sécurité financière des Suissesses et des Suisses de l’étranger. 

Aujourd’hui, elle conseille ses membres sur différents sujets, les accompagne et les soutient concrètement dans certaines situations de détresse et leur fournit diverses prestations qui sinon ne sont pas vraiment faciles à trouver. En particulier des conseils pour l’émigration ou le retour, des informations pour les globe-trotteurs ou sur l’accès du partenaire à certaines assurances. Ou encore une adresse de livraison en Suisse.

En cette période de crise liée au coronavirus, SoliswissLien externe conseille également les non-membres. 

swissinfo.ch: Vous conseillez les gens sur les questions touchant à l’émigration, le globe-trotting, les voyages et le retour en Suisse. Comment vivez-vous la période actuelle?

Nicole Töpperwien: Nous avons surtout reçu de nombreuses demandes au début de la crise du coronavirus lorsque les restrictions de voyage sont entrées en vigueur. À ce moment-là, les requêtes concernaient surtout les voyages de retour en Suisse, mais maintenant nous recevons nombre d’entre elles qui sont motivées par des problèmes d’argent. On peut dire qu’il y a plus de demandes liées au coronavirus et moins de questions concernant l’émigration.

Des touristes suisses se sont retrouvés bloqués aux quatre coins du monde. Qu’avez-vous conseillé à ces voyageurs?

Nous nous sommes très fortement appuyés sur les recommandations du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Nous avons encouragé les gens – autant qu’il était possible – à prendre directement contact avec les compagnies aériennes et les voyagistes, à s’enregistrer sur l’application Travel AdminLien externe et, en cas d’incertitude, à informer la représentation suisse sur place ou la Helpline DFAE.

Durant ces jours-là, ils avaient surtout besoin de trouver un interlocuteur au téléphone. Parce que souvent personne n’était atteignable, ni les compagnies aériennes, ni les voyagistes ni les représentations suisses sur place. Celles-ci recevaient tant d’appels qu’elles ne pouvaient pas les prendre tous.

Portrait Nicole Töpperwien
Nicole Töpperwien © Eveline Zurwerra

De nombreux Suisses de l’étranger sont soit bloqués ici, soit revenus volontairement de manière provisoire. Les questions qui se posent vont de l’annonce auprès des autorités aux assurances sociales en passant par les impôts. Comment les personnes concernées doivent-elles procéder?

Nous avons eu de nombreux cas de Suisses de l’étranger bloqués ici qui voulaient retourner chez eux. La plupart y sont parvenus.

Quant à ceux qui ont décidé de rester ici, nous leur avons conseillé de prendre d’abord contact avec la commune pour régler les questions liées à l’annonce ou encore à l’assurance-maladie obligatoire. Le guide RetourLien externe du DFAE donne de nombreux conseils utiles.

Des Suissesses et des Suisses de l’étranger qui craignent une montée de la violence dans leur pays de résidence ou une situation proche d’une guerre civile vous contactent pour savoir quelles sont les options pour revenir au pays. Que leur conseillez-vous?

C’est précisément le genre situation où il n’y a pas de réponse globale. Il faut considérer différents aspects. D’une part, la problématique générale du retour: la recherche d’un logement, les démarches administratives, les demandes d’aide sociale ou d’indemnités de chômage.

Ensuite, il y a les problèmes pratiques. Sera-t-il encore vraiment possible de quitter rapidement le pays en cas d’urgence? Y a-t-il des vols, des restrictions de mouvement? Cela accroît l’insécurité des personnes concernées.

Concrètement, sur quelles aides peut-on compter pour un retour?

Dans les situations d’urgence, on peut s’adresser à la représentation suisse sur place. La Confédération peut aussi dans certains cas financer un retour par le biais de l’aide sociale pour les Suissesses et les Suisses de l’étrangerLien externe. Il y a également le Fonds E.O. KilcherLien externe géré par l’Organisation des Suisses de l’étranger qui dans certaines situations peut aussi soutenir ceux qui rentrent. Soliswiss peut également parfois apporter un appui financier à ses membres s’ils perdent leur existence économique pour des raisons liées à la politique.

Et à partir du moment où vous êtes de retour en Suisse, c’est l’État qui prend le relai avec les aides prévues pour tous les Suisses et toutes les Suissesses qui vivent dans le pays.

Mais cela ne veut pas dire que tous les Suisses de l’étranger qui rentrent sont démunis. Une bonne partie d’entre eux n’ont pas besoin de soutien financier. Ils souhaitent plutôt un appui pour trouver un travail ou une place d’apprentissage.

Des Suisses et des Suissesses établis à l’étranger rencontrent actuellement des problèmes financiers, en particulier ceux qui dépendent du tourisme. Quelles sont les possibilités?

La plupart des demandes que nous recevons de la communauté des Suisses de l’étranger viennent de personnes dont le vœux le plus cher est de conserver ce qu’ils ont construit dans leur pays d’adoption. Ils ne veulent pas être contraints de rentrer en Suisse pour des raisons économiques.

Dans ce cas, la grande question est de savoir quelles aides financières ils peuvent obtenir à l’étranger. Nous leur conseillons de s’informer dans le pays de domicile sur les programmes de soutien disponibles sur place. Beaucoup sont encore au stade embryonnaire. L’aide sociale pour les Suisses de l’étranger n’entre en considération que pour les cas extrêmes.

Il nous faut cependant être très prudent dans les conseils que nous donnons à ceux qui se décident malgré tout à revenir en Suisse. Nous ne savons pas vraiment s’ils peuvent bénéficier des mesures prises dans le cadre de la crise du coronavirus. Ainsi, nous ne sommes pas sûrs que les indépendants qui reviennent puissent profiter des dispositions spéciales sur les allocations pour perte de gains.

On peut également douter que les Suissesses et les Suisses de l’étranger puissent bénéficier dans leur pays d’émigration des nouvelles aides destinées aux indépendants. Qu’en est-il des allocations de chômage? Les Suissesses et les Suisses de l’étranger qui reviennent en Suisse peuvent-ils s’inscrire au chômage?

C’est possible dans certains cas, mais il faut satisfaire à un certain nombre de critères. Par exemple, pour bénéficier des prestations de l’assurance-chômage, les Suissesses et les Suisses qui reviennent d’un pays n’appartenant pas à l’UE doivent avoir été employés pendant douze mois en Suisse ou douze mois à l’étranger et six mois en Suisse dans les deux ans précédant le début des prestations. Après un long séjour à l’étranger, il est souvent difficile de satisfaire à ces conditions.

Traduction de l’allemand: Olivier Huether

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