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Face à la grippe porcine, la Suisse est sur le qui-vive

Au Mexique, la population tente de se protéger à l'aide de masques. Keystone

La situation évolue rapidement depuis l'annonce de l'apparition du A/H1N1 au Mexique, un nouveau virus mutant, contagieux et parfois mortel. Pas de panique en Suisse, mais de la vigilance à la fois à Berne et dans ses ambassades à l'étranger.

Après le Mexique, qui a enregistré environ 150 décès suspects et quelque 1600 contaminations, d’autres pays confirment à un rythme accéléré l’apparition sur leur territoire de ce nouveau type de grippe porcine chez les humains.

A Genève, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a avancé à lundi la réunion initialement prévue mardi sur le sujet. Pour autant, l’organisation onusienne ne recommande pas de restrictions aux voyages à ce stade, estimant par principe que celles-ci ne constituent pas une réponse efficace à une menace infectieuse, même en cas de pandémie.

Les experts de l’OMS ont décidé lundi de passer du niveau d’alerte 3 au niveau 4 sur une échelle allant de 1 à 6. Le niveau 6 correspond à une pandémie mondiale.

En Suisse, quelques patients de retour du Mexique font l’objet d’examens, selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Mais aucune conclusion pour l’heure. «Il est clair que les gens qui rentrent du Mexique ou des Etats-Unis ont tendance à se rendre plus rapidement chez le médecin que de coutume», a indiqué Patrick Mathys, responsable du service concerné.

Pas d’alarmisme, mais…

Thomas Zeltner, directeur de l’OFSP, se refuse aussi à tout alarmisme. «C’est une mutation d’un virus qui se transmet aux humains, c’est vrai, mais nous n’avons jamais été aussi bien préparés à une éventuelle pandémie car nous avons tiré les leçons de la grippe aviaire et du syndrome respiratoire SRAS», a-t-il déclaré lundi à la radio alémanique DRS.

Et de rappeler qu’à Genève, le Centre stratégique d’opérations sanitaires de l’OMS centralise 24 heures sur 24 les données mondiales sur ce virus porcin, contagieux mais peu dangereux pour l’animal.

Un virus complètement nouveau

«Le H1N1 est du même type que le virus de la grippe saisonnière, mais il est tout de même différent car il comporte des informations du virus aviaire, porcin et humain. Il est donc complètement nouveau pour l’espèce humaine», explique le professeur Pascal Meylan, de l’Université de Lausanne.

Autrement dit, il n’y a pas de vaccin, ajoute le professeur, pour qui la grande question est la capacité de mutation du virus.

Mais il est acquis qu’il ne se transmet pas par ingestion de la viande. Il n’y a donc aucune interdiction d’importation de porc, a annoncé Kathy Maret, de l’Office vétérinaire fédéral. «La grippe porcine est déjà une maladie humaine, c’est donc exactement le contraire de la grippe aviaire, qui ne l’est pas encore.»

Conseils aux expatriés et aux voyageurs

Et les expatriés vivant dans les pays concernés? «Nos services et nos ambassades suivent très attentivement la situation sur place.» Eric Reumann, porte-parole au Ministère suisse des affaires étrangères, n’en dit pas plus à swissinfo.

Mais il ajoute que les voyageurs souhaitant se rendre dans les régions touchées peuvent se renseigner sur le site Internet créé pour l’occasion, «voire consulter leur médecin sur l’utilité d’une vaccination contre la grippe». Et, sur place, de respecter les consignes d’hygiènes, comme se laver les mains souvent et éviter les lieux publics.

Et l’on reparle du Tamiflu

Pour Thomas Zeltner, si la Suisse et le monde sont mieux préparés aujourd’hui à un risque de pandémie, c’est en raison de la constitution de stocks de Tamiflu, également efficace contre le H1N1 selon Pascal Meylan.

En cas d’urgence, un quart de la population suisse pourrait bénéficier de ce médicament de Roche, sans parler des abondantes réserves de masques de protection.

De plus, la Confédération bénéficie des mécanismes mis sur pied, notamment par son «plan de pandémie Influenza» créé en 2005. Les cantons, les professionnels et la population ont été informés dès dimanche par la Confédération. Un site Internet et une permanence téléphonique ont été mis en place lundi pour répondre aux questions du public.

«On peut donc compter sur la rapidité, a ajouté M. Zeltner, puisque les cas suspects doivent être annoncés dans les deux heures aux médecins cantonaux.

L’OFSP précise que «les voyageurs revenus il y a moins d’une semaine des régions touchées et qui présentent des symptômes de grippe sont priés d’appeler leur médecin. En présence de cas suspects, les médecins cantonaux doivent être avertis et les cas confirmés déférés à l’hôpital.»

Pas de mesures pour l’instant

Il n’est pas question pour l’instant d’imposer des mesures supplémentaires, par exemple dans les aéroports. En tout cas tant que l’OMS et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) n’émettent pas de recommandations spécifiques.

Cela n’a pas empêché le voyagiste allemand TUI de suspendre jusqu’au 4 mai tous ses vols à destination de Mexico City.

On relèvera aussi que les bourses européennes ont ouvert en baisse lundi dans ce climat de tension, avec notamment une chute des actions des compagnies aériennes et touristiques. De leur côté, les valeurs pharmaceutiques s’envolaient, comme Roche grâce à son Tamiflu, avant de perdre plus de 5%.

swissinfo, Isabelle Eichenberger

Grippe espagnole. Tous les virus H1N1 descendent de la pandémie de grippe espagnole qui a fait entre 50 et 100 millions de morts en 1918.

H1N1: sous-type d’un nouveau virus Influenza A, transmis du porc à l’humain, inconnu jusqu’ici.

Symptômes: infection respiratoire et accès de fièvre, frissons, douleurs musculaires et articulaires, maux de tête.

Pandémie: lorsqu’apparaît un nouveau virus contre lequel l’être humain n’est pas immunisé et qui se transmet facilement et rapidement à l’échelle mondiale.

Mis en état d’alerte le 23 avril, le Centre stratégique d’opérations sanitaires de l’OMS centralise 24 h. sur 24 les données sur la grippe porcine au siège de l’agence de l’ONU à Genève.

Depuis l’entrée en vigueur du Règlement sanitaire international (RSI) l’an dernier, les Etats sont obligés de coopérer avec l’OMS dans les 24 heures en cas d’alerte.

Le Centre a été créé en 2004 (6 millions de francs) après l’alerte en 2003 du virus du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS).

En cas de transmission humaine du virus de la grippe aviaire, l’OMS estime avoir au maximum quatre semaines pour contenir la propagation de l’épidémie et instaurer des quarantaines.

Numéro de la permanence téléphonique Medgate: 0041.(0)31.322.21.00.

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