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Une avalanche de superlatifs

Le plus grand, le plus fort, le plus beau... Keystone

En décrochant son 7e titre sur le gazon de Wimbledon, face à un Andy Murray qui n’a pourtant pas démérité, le Bâlois redevient No 1 mondial et déclenche une véritable avalanche de métaphores et de superlatifs de la part des commentateurs.

Impossible d’échapper à la photo de Roger Federer ce lundi matin en une de la presse suisse. Et les titres sont à la hauteur de la jubilation des éditorialistes: «Le retour du seigneur», «Trop fort!», «Le monde s’incline devant Roger»… Roger, qui triomphe sur la «sainte pelouse» de Wimbledon et montre qu’il est «le plus grand de tous les temps», le numéro 1 «pour l’éternité».

«Et dire que d’aucuns, nombreux même, ici et ailleurs, l’avaient déjà rangé au placard, écrit Le Nouvelliste valaisan. Au pire, il était un ‘has been’, certes sympathique. Au mieux, il avait endossé le rôle de l’arbitre du duel entre les deux joueurs qui l’avaient supplanté. Parce que l’homme n’est pas ordinaire, que son talent n’a pas l’âge de ses artères et qu’il est convaincu qu’il a toujours un rôle à jouer au sommet du tennis mondial, Roger Federer vient donc de faire taire tous ses détracteurs».

La force de l’ego

Le Tages-Anzeiger de Zurich et le Bund de Berne rappellent qu’en 135 ans d’histoire du tennis, aucun joueur n’a perdu autant de finales en Grand Chelem que Federer contre le même joueur (Nadal, six fois). Et quatre fois contre Djokovic.

Mais cela ne l’a pas démonté. «Déjà quand il était junior, Federer n’a jamais admis qu’un adversaire joue mieux que lui. A l’époque, cela le blessait. Mais devenu professionnel, il a tout entrepris pour être et pour rester le meilleur. Quand en 2001 il a gagné son premier Wimbledon, c’était son triomphe le plus émotionnel. Et hier, quand il y est parvenu pour la septième fois, c’était le plus doux. Parce qu’il a réussi à faire reculer le temps et à défier les lois de ce sport», écrivent les deux quotidiens.

A Fribourg, La Liberté rappelle que ceux qui l’avaient enterré avaient «oublié la qualité première des champions hors du commun: ils ont, plus que la défaite, la critique en horreur. Chez Federer, l’idée même qu’on puisse écrire ou penser qu’un autre est plus fort que lui l’horripile. Si la raquette rate, l’ego, lui, ne connaît jamais de baisse de régime».

Roger for ever

«En ce dimanche 8 juillet 2012, un mois avant l’anniversaire de ses 31 ans, Roger Federer a élargi une fois encore le champ des possibles, étendu l’emprise de son talent immuable et prouvé que cette passion intrinsèque peut être synonyme de jeunesse éternelle», note Le Temps.

«Peu de champions, tous sports confondus, ont inscrit leur aisance dans la durée avec une telle sagacité, en lui donnant une pérennité solide, techniquement, mentalement, athlétiquement», renchérit Le Matin.

«Phénoménal, grandiose, historique, magnifique: les superlatifs accompagnent Roger Federer, le meilleur joueur de tennis de tous les temps depuis pas mal d’années déjà. Mais ils n’ont peut-être jamais été aussi pertinents que maintenant», juge le Blick.

Pour La Tribune de Genève, «cette victoire à Wimbledon, qui semblait encore improbable il y a une année, marque une sorte de renaissance d’un champion, le plus grand de l’histoire du tennis, que l’on ne peut qu’aduler. Et même vénérer. Sauf que Roger Federer n’est pas un saint homme. Enfin, pas encore…»

Le plaisir de jouer

Pour La Regione, le «secret – qui n’en est pas vraiment un – de ses succès réside dans cette volonté de jouer qui reste celle d’un petit garçon heureux». Mais, souligne le quotidien tessinois, «et ceci fait la différence, cette volonté se régénère aussi après chaque défaite, y compris les plus douloureuses».

Côté italophone également, le Corriere del Ticino mentionne la présence dans le box des deux jumelles du couple Federer et rappelle que «c’est le premier Wimbledon que papa peut leur dédier, avec fierté, conscience et espoir que ce pourrait ne pas être le dernier». Et le journal d’évoquer le tournoi olympique, qui se joue dans un mois sur la même pelouse et qui représente un des rares titres manquant encore au palmarès de Federer.

Roger Federer a gagné dimanche son septième Wimbledon en battant le Britannique Andy Murray en quatre sets 4-6, 7-5, 6-3, 6-4. Il récupère ainsi la première place au classement mondial de l’ATP.

Federer égale les records des titres à Wimbledon et des semaines passées au sommet de la hiérarchie mondiale (286), détenus par l’Américain Pete Sampras. Le Bâlois compte désormais dix-sept titres du Grand Chelem à son palmarès, un autre record qu’il a pris à Sampras (14) il y a trois ans.

Il s’agit du premier trophée majeur pour Federer, qui fêtera ses 31 ans le mois prochain, depuis l’Open d’Australie 2010. C’est cette année-là aussi, en juin, qu’il avait cédé le No 1 mondial à Rafael Nadal, lui-même dépossédé par Novak Djokovic l’an passé.

Murray, numéro 4 mondial, jouait lui sa quatrième finale majeure, ayant perdu les trois premières, deux fois contre Federer (US Open 2008, Open d’Australie 2010) et une fois contre Djokovic (Open d’Australie 2011). La Grande-Bretagne n’a pas eu de vainqueur en Grand Chelem depuis Fred Perry à Wimbledon en 1936.

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