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Hôpitaux universitaires plus dangereux que les cliniques

La perfusion peut aussi être source d'infection. imagepoint

Le risque d'erreur médicale, d'infection ou de réhospitalisation est nettement plus élevé dans les hôpitaux universitaires que dans les petites cliniques, selon une enquête sur Internet de Comparis.

Pour les experts, cette étude n’est pas scientifique. Ils soulignent toutefois la nécessaire transparence en matière de données hospitalières.

Un patient sur quatre dénonce une erreur médicale dans un hôpital universitaire, selon cette enquête menée dans 53 hôpitaux auprès de 5800 patients.

Les erreurs sont les plus nombreuses à l’hôpital universitaire de Zurich (26%) et les plus rares à l’hôpital de la «Beata Vergine» de Mendrisio au Tessin (4%).

Un patient sur neuf (11%) dit avoir contracté une infection pendant son séjour dans un hôpital universitaire, indique aussi cette enquête publiée mardi par le comparateur sur internet. Ce taux est plus élevé que dans la moyenne des établissements (7%).

Dans les petits hôpitaux, deux fois moins de patients annoncent avoir contracté une infection que dans les centres universitaires.

Ce n’est pas tout. Un patient sur cinq en moyenne venu se faire soigner dans un centre universitaire retourne à l’hôpital de façon non prévue.

Ce taux monte à un patient sur six en Suisse romande (17%). Et les hôpitaux universitaires de Genève (HUG) enregistrent le taux de réhospitalisation le plus élevé (29%).

Comparis a encore combiné le taux de réhospitalisation, d’infections et d’erreurs déclarés par hôpital. Les HUG de Genève remportent la palme du «plus mauvais» établissement avec 49% de patients victimes d’une telle mésaventure. Mendrisio arrive en tête (16%).

Ce sondage confirme une enquête de satisfaction des patients publiée par le même Comparis au début du mois, où les HUG de Genève avaient obtenu le moins bon résultat de Suisse.

Responsable de la qualité des soins des mêmes HUG, Thomas Perneger estime que le mauvais résultat des hôpitaux universitaires s’explique par la nature des soins et des patients. Plus les traitements sont longs et complexes, plus le risque d’erreur et la probabilité de contracter une infection sont grands.

«Pas des hôtels»

Directeur médical-adjoint au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), Jean-Blaise Wasserfallen est surpris par la méthode utilisée et s’interroge sur l’objectivité et la validité scientifique des réponses données par les patients.

Les infections nosocomiales sont par exemple suivies depuis longtemps par Swiss-Noso. Le taux de réhospitalisation est lui aussi évalué grâce à un algorithme adapté. Avec cet outil, le CHUV enregistre un taux de réhospitalisation de 6%, contre 24% selon Comparis.

Le taux combiné d’erreurs médicales, d’infections et de réhospitalisations, proposé par Comparis n’a aucune valeur scientifique, estime aussi Jean-Blaise Wasserfallen. Cela revient à additionner des pommes et des poires.

Globalement, ce dernier défend une prise de conscience des soignants et des patients sur les risques inhérents à un séjour en hôpital. «Les hôpitaux ne sont pas des hôtels et il y a un certain risque à y séjourner», relève-t-il.

Pour la transparence

A l’Hôpital de l’Ile à Berne, Kathrin Mühlemann, spécialiste dans le domaine des infections, considère la manière de comparis de présenter et d’interpréter les résultats comme non-professionnelle. Il n’est pas éthique, selon elle, de présenter des chiffres non-fondés scientifiquement de façon aussi univoque.

Présidente de l’Organisation suisse des patients (OSP), Margrit Kessler relève le lien entre satisfaction du patient et taux de complications. «Nous exigeons depuis longtemps que les hôpitaux se montrent plus transparents sur leurs résultats.» Ce qui faciliterait le choix du patient.

Responsable de l’association faîtière des hôpitaux et cliniques H+, Bernhard Wegmüller note que Comparis prend en compte l’avis des patients et non la qualité médicale. Mais il appuie l’idée d’améliorer la transparence.

Avec des pincettes

Du côté de la Fondation pour la sécurité des patients, Marc-Anton Hochreutener estime que si le besoin d’informations des patients est légitime, il s’agit aussi de s’interroger sur l’impact d’un tel questionnaire.

Pour le directeur de la fondation, ce type de données est délicat à exploiter et il faudrait s’assurer qu’aucun hôpital n’a été traité injustement.

Selon Marc-Anton Hochreutener, les hôpitaux ne devraient prendre des mesures qu’une fois les faits avérés scientifiquement.

swissinfo et les agences

15% des patients de l’hôpital de La Chaux de Fonds ont été infectés, et 15% de ceux de l’hôpital de l’Ile à Berne.

En Suisse romande, 9% des patients sont été infectés, contre 7% en Suisse alémanique et 5% au Tessin.

Les erreurs médicales sont survenues le plus souvent aux hôpitaux universitaires de Zurich et de Aarau (26%).

Les erreurs médicales ont eu lieu d’abord en Suisse alémanique (18% des patients), puis en Suisse romande (17%) et au Tessin (8%).

Les réhospitalisations non-planifiées ont eu lieu le plus souvent aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), au CHUV de Lausanne (24%) et à l’hôpital de Liestal (22%).

Elles sont survenues pour 15% des patients au Tessin, 17% en Suisse romande et 12% en Suisse alémanique.

Comparis a mené son enquête auprès de 5800 patients de 53 hôpitaux. Ils ont été interrogés sur leur satisfaction, sur l’occurrence d’erreur médicale et leur retour inopiné à l’hôpital pour la même maladie.

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