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Le recensement de la population fait sa révolution

Des temps révolus, le remplissage du recensement en famille. RDB

Fini l'inventaire exhaustif mis sur pied tous les dix ans. Ce 31 décembre, la Confédération se fera une image de la population suisse sur la base de différents registres existants complétés d’enquêtes par échantillonnage. Explications.

Depuis cette année, le recensement fédéral organisé tous les dix ans devient donc annuel, avec comme jour de référence le 31 décembre. Il reste obligatoire pour les personnes questionnées.

Si l’objectif demeure – réunir un maximum d’informations sur la population, ses caractéristiques, son évolution, ses habitudes, ses motivations – la manière change. Avec pour bénéfice, des données plus fréquentes, disponibles plus rapidement. Ceci dans le respect de diverses prescriptions internationales et européennes.

Fini en effet le formulaire détaillé que tout un chacun était appelé à remplir. Dorénavant, la collecte de ce savoir nécessaire à la planification et la prise de décision politique comme économique repose sur quatre piliers.

Première source d’informations: différents registres des communes (registre des habitants), des cantons et de la Confédération. Autrement dit, un matériel préexistant, gage d’économie financière que la Confédération évalue globalement à 100 millions de francs.

Cette approche a exigé une harmonisation nationale des différents registres, qui se poursuit actuellement. Elle doit permettre d’échanger électroniquement les données sur une plateforme informatique baptisée Sedex (Secure data exchange).

Les informations manquantes, l’Office fédéral de la statistique (OFS) ira les pêcher grâce à des enquêtes par échantillonnage. Enquêtes de trois types qui, avec le premier pilier, coûteront 70 millions de francs à Berne d’ici à 2015. D’abord, un relevé structurel annuel, papier ou internet, portant sur 200’000 personnes, soit moins de 3% de la population résidente. Il permettra d’en savoir plus sur les ménages, le logement, le travail et la formation, la mobilité ou encore la langue et la religion.

Interviews téléphoniques

Chaque année aussi, de 10’000 à 40’000 habitants tirés au sort, plus si villes et cantons le souhaitent, devront participer à des interviews téléphoniques dans le cadre d’enquêtes thématiques centrées sur un thème politique important, repris tous les cinq ans. Ils répondront cette année à des questions autour de la mobilité et des transports. Et de la formation l’an prochain.

Enfin, l’OFS conduira chaque année une enquête Omnibus au moins.  Objectif: répondre dans les six mois à des questions politiques et scientifiques d’actualité. L’enquête Omnibus (téléphonique auprès de 3000 personnes) a porté cette année sur un éventail de thèmes autour de l’accès à internet, son utilisation, la sécurité et le commerce en ligne.

Au moment de communiquer sur son nouvel outil, l’OFS rappelle que le recensement sert en particulier à répartir entre les cantons les sièges à la Chambre basse du Parlement (Conseil national). Mais aussi à fixer la péréquation financière qui permet de réduire les disparités entre les cantons, à planifier l’ouverture de classes d’école ou de homes et à permettre la comparaison internationale (EUROSTAT, OCDE).

Noël et la République

Ce comptage des humains est une préoccupation ancienne qui trouve une vraie résonnance chez les chrétiens en cette période de Noël. Selon la tradition en effet, la naissance de Jésus a lieu alors que son père se rend sur son lieu d’origine pour y être enregistré dans le cadre d’un recensement voulu par les Romains. 

Si les Egyptiens et les Chinois cherchaient à mieux connaître leurs populations bien avant l’ère chrétienne, en Suisse, on signale divers recensements précoces. Dont un premier à l’échelle nationale, celui de 1798/99 durant la République helvétique.

Avec la Suisse moderne, la Confédération travaille au recueil des données sur ses administrés depuis maintenant 160 ans. Tous les dix ans jusqu’ici.  Dès 1850, les autorités ont donc à disposition le chiffre de la population mais aussi la répartition des habitants selon le sexe, l’âge, l’état civil, l’activité professionnelle et la confession. 

  

Le père de ce recensement fédéral est un Tessinois, le conseiller fédéral Stefano Franscini (1796-1857). Un exercice obligatoire qui ne s’est pas toujours passé sans mal. Un mouvement de boycott a notamment marqué le recensement de 1990 dans le droit fil de l’affaire des fiches, quelques temps plus tôt. A la clé pour les réfractaires: l’amende… 

Pour des raisons de coût et d’efficacité, nombreux sont les pays à repenser leur recensement de population. Avec une tendance: utiliser les données déjà existantes. Depuis plusieurs années par exemple, les pays d’Europe du Nord travaillent à partir des registres administratifs uniquement.

Dès l’an prochain, l’Italie, l’Espagne et d’autres rejoindront l’Allemagne, la Hollande ou encore la Suisse, qui utilisent des méthodes mixtes, majoritaires. Ces pays complètent les données des registres avec des enquêtes de terrain, existantes ou nouvelles, voire des dénombrements.

La France effectue pour sa part depuis 2004 un recensement tournant assez complexe dont les résultats sont le produit d’une moyenne mobile sur cinq ans mise à jour tous les ans.

Depuis cette année, les Etats-Unis utilisent une méthode qui combine un recensement court tous les dix ans avec une enquête annuelle approfondie sur une partie de la population.

Une vingtaine de pays européens utilisent toujours la méthode classique – dénombrement des résidents sur le terrain et recueil des informations par formulaire.

C’est le cas de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande, mais aussi de la Grande-Bretagne, dont le gouvernement souhaite toutefois abandonner cet exercice après 2011.

Source: Ined

Les statistiques de base de la population issues du recensement 2010 seront connus en août et les résultats provisoires en mars-avril.

Il faudra attendre début 2012 pour les statistiques de base des ménages (à l’avenir en fin d’année courante déjà).

Les statistiques structurelles seront publiées fin 2011.

Celles sur la mobilité début 2012.

Et sur la formation début 2013.

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