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Les médecins n’alimenteront pas Rappaz de force

Les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) ne veulent pas alimenter de force Bernard Rappaz, comme le leur intime pourtant la justice valaisanne. Mardi, ils ont recouru au Tribunal fédéral contre cet ordre, demandant à la Cour suprême de constater sa nullité.

Hans Wolf, médecin adjoint responsable de l’unité pénitentiaire aux HUG, qui assure le suivi médical du cultivateur de chanvre, a rappelé devant la presse tous les dangers que comporte une nutrition forcée d’un patient en grève de la faim. Le risque de mortalité s’élève jusqu’à 60%, a-t-il souligné.

Il faudrait attacher le chanvrier «pendant plusieurs jours» et lui insérer une sonde naso-gastrique dans l’œsophage. Une opération qui pourrait le blesser, a expliqué le médecin genevois. Plonger Bernard Rappaz dans le coma artificiel ne serait pas une meilleure solution, car il existerait de sérieux risques d’infection.

L’ordre du Tribunal cantonal valaisan pose également problème sur le plan juridique. Michel Halpérin, l’avocat du docteur Wolf, a souligné que l’injonction était sans base légale. Rien dans la loi ne permet de nourrir quelqu’un de force, que ce soit à Genève ou en Valais, a-t-il relevé.

Aux yeux de l’avocat, les autorités valaisannes semblent avoir interprété le premier arrêt des juges fédéraux. Ces derniers estiment que l’alimentation forcée peut être une solution à condition qu’elle soit faite dans la dignité et le respect de l’art médical, ce qui n’est visiblement pas possible dans le cas de M. Rappaz.

Le docteur Wolff n’a voulu donner aucune indication sur l’état de santé du chanvrier valaisan. Bernard Rappaz a entamé sa grève de la faim le 26 août dernier pour protester contre sa condamnation à 5 ans et huit mois de réclusion pour des infractions graves à la loi fédérale sur les stupéfiants.

L’agriculteur a été transféré dans le quartier cellulaire des HUG le 21 octobre, en raison de son état de santé. Son avocat Aba Neeman s’est adressé mardi au Département valaisan de la sécurité pour demander une nouvelle fois une interruption de peine en faveur de son client.

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