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Manifestation anti-WEF: plus de 200 arrestations

swissinfo.ch

Non autorisée, la manifestation contre le Forum économique mondial (WEF) a finalement eu lieu samedi à Berne, quatre jours avant le début du WEF à Davos.

Déployée en force, la police a utilisé des gaz lacrymogènes. Les débordements semblables à ceux du 6 octobre en marge du cortège de la droite nationaliste ont pu être évités.

C’est par peur des déprédations que l’exécutif municipal bernois a révoqué, jeudi dernier, l’autorisation de la manifestation anti-WEF (World Economic Forum ou Forum économique mondial) prévue samedi.

Plusieurs centaines de militants anti-globalisation, dont certains étaient cagoulés, ont néanmoins passé outre et ont répondu à l’appel de l’«Alliance Tous contre la droite».

Pour éviter les problèmes survenus lors de la manifestation électorale de l’UDC le 6 octobre dernier – et surtout les importants dégâts liés à la contre-manifestation suite auxquels les forces de l’ordre et la ville avaient été accusées de laxisme -, un très important dispositif policier avait été déployé en ville de Berne.

Dès le début d’après-midi, des dizaines d’agents ont pris place devant les commerces bernois et ont effectué des patrouilles près de la gare et au centre-ville.

Gaz lacrymogènes

Vers 15h00, une centaine d’altermondialistes ont réussi à se rassembler en criant des slogans. La police leur a barré la route, mais ils se sont alors séparés en petits groupes, jouant au chat et à la souris avec les forces de l’ordre.

Ce jeu entre contestataires et policiers a attiré une imposante foule de curieux. Une aubaine pour des touristes asiatiques qui ont même applaudi ce face-à-face.

Quelques accrochages ont néanmoins eu lieu, avec des jets de bouteilles contre les policiers. Ces derniers ont alors utilisé des gaz lacrymogènes et, selon certains témoins, des balles en caoutchouc. La police a aussi mis en action des lances à eau près de la gare pour faire reculer les protestataires. La situation s’est normalisée vers 18h00.

Journalistes interpellés

Plusieurs personnes suspectes aux yeux de la police avaient été interpellées et contrôlées dès la matinée à la gare. L’organisateur et porte-parole de l’«Alliance Tous contre la droite», Giovanni Schumacher, a par exemple très vite été conduit dans les locaux de la police.

Dimanche, le syndicat comedia a par ailleurs protesté contre les «arrestations arbitraires» d’au moins trois journalistes, deux de l’hebdomadaire alémanique de gauche «WochenZeitung» (WoZ) et l’un du «Courrier».

Pour le syndicat, il est évident que ces interpellations visaient à empêcher les médias critiques d’observer l’intervention de la police. «La liberté de presse a du même coup été violée», écrit comedia. Et d’affirmer qu’un agent de renseignements de la police cantonale est à l’origine de ces arrestations

Plus de 200 interpellations

Au total, les unités anti-émeutes ont procédé à 242 interpellations, a indiqué la police. Parmi les personnes arrêtées figurent aussi des meneurs des groupes d’activistes suisses, a précisé le commandant de la police cantonale bernoise Stefan Blättler.

Les manifestants appréhendés ont tous été libérés, au plus tard dans la soirée de samedi. Certaines personnes risquent une dénonciation au juge. Les dégâts sont relativement peu importants.

Le commandant de la police cantonale n’a pas précisé le nombre de policiers engagés. Le concordat de police de la Suisse du nord ouest a fourni des renforts. Deux camions équipés de lance à eau étaient également dans les rues pour faire reculer les manifestants.

Manifestation pacifique à Saint-Gall

Une manifestation contre le WEF s’est également déroulée samedi après-midi à Saint-Gall. Environ 150 personnes munies de banderoles ont défilé dans le calme depuis la gare vers le centre-ville. Les manifestants ont répondu à l’appel des Jeunes Verts, des Jeunes socialistes et du réseau solidarités de Saint-Gall.

Les participants ont critiqué le fait que le WEF accepte que les femmes soient majoritairement sous-payées. Plusieurs orateurs ont par ailleurs réclamé une «globalisation par le bas et non par le haut, dans laquelle toutes les couches de la population du monde seraient associées».

swissinfo et les agences

La rencontre annuelle 2008 du WEF se déroulera du 23 au 27 janvier à Davos.

Y sont attendus 27 chefs d’Etat ou de gouvernement, 113 ministres, les dirigeants de plusieurs organisations internationales, 1370 patrons dont ceux de 74 des 100 plus grandes entreprises de la planète et 340 représentants de la société civile (religion, culture, ONG).

Tous les ministres suisses à l’exception de la nouvelle venue Evelyne Widmer-Schlumpf seront aussi de la partie.

Sous de signe de «The Power of collaborative innovation», les décideurs y parleront économie, géopolitique, écologie, entreprise, technologie et société.

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