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Mignonne, allons voir si la rose concoure à Genève

Originaire d'Asie, la rose a conquis la Perse, puis les croisés, qui l'ont emportée avec eux pour la faire fleurir dans toute l'Europe. swissinfo

Depuis 1947, Genève accueille chaque année au mois de juin l'un des trois plus importants concours de rosiers en Europe. Pour l'édition 2009, le Concours International de Roses nouvelles de Genève innove avec des candidates garanties sans traitement chimique.

«Rosa, rosa, rosam… ». La célèbre chanson de Jacques Brel résume à la fois l’immense popularité de cette fleur et son ancienneté. Des fossiles de roses témoignent de son existence dès la préhistoire.

Son usage pour désigner de grandes batailles (la Guerre des Deux-Roses) ou de grands bourbons (Four Roses), pour inspirer les poètes – de Ronsard (Mignonne, allons voir si la rose…) à Woody Allen (La rose pourpre du Caire) – ou les socialistes, démontre le caractère iconique de cette plante qui fleurit tout au long de la belle saison.

«A l’état naturel, la rose peut déjà offrir couleur, parfum et feuillage abondants, soit les trois critères qui permettent d’évaluer ces fleurs lors des concours. De plus sa présence en Europe remonte au moins à l’Antiquité», raconte Anthony Leclerc, l’un des organisateurs du concours genevois.

Probablement originaire d’Asie, la rose agrémentait les jardins de l’empire perse 12 siècles avant notre ère pour fleurir ensuite dans la Grèce et la Rome antique. Les Croisés l’emportent ensuite dans leur butin au 12ème siècle permettant à l’Europe de se couvrir une première fois de roses.

Les botanistes de la Renaissance et du siècle des Lumières favorisent la création de nouvelles variétés tout particulièrement en France, aujourd’hui le plus gros producteur d’Europe.

La Chine et l’Europe

«Les roses nouvelles sont le fruit de croisements entre des roses européennes et des variétés importées de Chine. Ces hybrides sont à l’origine de toutes les variétés d’aujourd’hui», détaille Anthony Leclerc.

Aujourd’hui, sa présence massive chez les fleuristes et dans les grandes surfaces indique son statut de produit industriel. Une dimension absente du Concours international de roses nouvelles de Genève, qui couronne les nouvelles variétés de roses de jardin.

Car ces variétés sont l’œuvre de toute une vie de rosiériste, voir de plusieurs générations. La famille Meilland, aujourd’hui l’un des plus importants producteurs de roses en France et dans le monde, crée des roses depuis sept générations, un art exigeant puisqu’il faut une dizaine d’années pour obtenir une nouvelle variété de rose à même de tenir son rang dans les concours comme celui de Genève.

Pour produire de telles variétés, il est donc préférable d’en avoir beaucoup à disposition dans son domaine, ces plantes étant ainsi bien acclimatées. Les obtenteurs, rosiéristes créateurs de nouvelles variétés, sont donc une espèce rare de floriculteurs.

Unique en Suisse

La Suisse n’en compte aujourd’hui qu’un seul, mais déjà fameux. Depuis la commune argovienne de Dottikon, Richard Huber a en effet remporté un grand nombre de concours.

Un Genevois, Daniel Jauch, pourrait bien lui apporter la contradiction ces prochaines années. Depuis 1995, ce paysagiste développe une roseraie qui fournit la plupart des rosiers de la région genevoise. Il a également la lourde charge de soigner les roses du Concours de Genève.

Avant d’être primée ce dimanche, les candidates ont en effet passé deux ans d’acclimatation en terre genevoise, plus précisément dans le parc La Grange, un immense espace vert au cœur de la ville, non loin du fameux jet d’eau.

Un exercice d’autant plus délicat que le rosiériste pratique la culture biologique. La 62ème édition du Concours International de Roses nouvelles de Genève sera donc le premier concours de roses nouvelles garanti sans traitement chimique.

Ville verte

Nul besoin en effet de recourir aux dernières avancées de la science pour créer de belles roses. «Il a été possible d’obtenir naturellement toutes les couleurs de la gamme chromatique, sauf le bleu, souligne Anthony Leclerc. Il existe bien une rose bleue en Chine. Mais elle a été génétiquement modifiée. Raison pour laquelle elle est interdite de concours.»

Le concours de Genève fonctionne, lui, sur d’autres critères «Nous recherchons des variétés qui offrent une abondance de floraisons, naturellement résistantes aux parasites, fournissant un beau feuillage, du parfum, de la couleur, voir des formes originales», explique Anthony Leclerc.

Avec ce concours, Genève valorise sa roseraie créée en 1946 dans le parc La Grange pour donner du travail aux chômeurs. Il permet aussi de rappeler que la ville internationale est l’une des plus arborisées de Suisse.

Or cette place accordée aux espaces verts est devenue très tendance. «Nous redécouvrons l’importance de la nature dans la ville», assure Manuel Tornare, ancien maire de Genève et grand amateur de roses.

Frédéric Burnand, Genève, swissinfo.ch

Depuis son origine en 1947, le Concours de Genève a présenté plus de 6000 nouvelles variétés, créées par des obtenteurs du monde entier.

Un jury permanent, formé de spécialistes de l’horticulture et d’amateurs de roses, observe et note la végétation des plantes tout au long de la saison de première année.

A la floraison de la 2e année, un jury international vient renforcer le jury permanent pour attribuer les diplômes de médaille d’or, de médaille d’argent de certificats de mérite, les prix spéciaux ainsi que, pour la rose qui obtient le plus de point dans n’importe quelle catégorie, la Rose d’Or de Genève.

Cette année, le palmarès du concours tombe les 13 et 14 juin dans la roseraie du parc La Grange. Concourent 18 obtenteurs venus de 9 pays. Ils présentent 57 nouvelles variétés de roses.

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