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Roberto Saviano face à ses pairs journalistes d’enquête

Grand invité de la conférence mondiale sur le journalisme d'enquête à Genève: Roberto Saviano, l’homme dont la mafia a juré la mort depuis son livre «Gomorra». Un exemple vivant de ce que peut être le poids des mots.

«Ma vie est la démonstration du fait que les mots peuvent avoir un poids énorme», affirme Roberto Saviano, pour témoigner de l’importance que peut revêtir le journalisme d’enquête.

L’auteur de Gomorra, best-seller à plus de quatre millions d’exemplaires (et déjà porté à l’écran), est accompagné en permanence de sept gardes du corps depuis quatre ans. Une situation qu’il dit «insupportable» à long terme, tout en affirmant «Je ne suis pas un héros. On m’a tellement annoncé que j’allais mourir que je n’ai pas peur».

Et du fustiger le premier ministre italien Silvio Berlusconi, qui a récemment affirmé que son travail de Roberto Saviano nuisait à la réputation de l’Italie et faisait de la publicité à la mafia. Comme si on pouvait régler un problème en le taisant.

«Ce n’était pas une déclaration critique portant sur des faits dépassés ou incorrects, mais une déclaration générale sur le fait d’écrire sur la mafia. C’est absolument effrayant», clame Roberto Saviano.

«Aujourd’hui, il est toujours difficile de parler des organisations criminelles tant leur poids économique est devenu important. Les liens sont très forts», poursuit le journaliste qui évalue à 100 milliards l’argent des mafias injecté dans la seule économie européenne.

Roberto Saviano compare la situation de l’Italie à celle du Mexique, l’un des pays les plus meurtriers pour les journalistes. Mais les difficultés à parler de la mafia existent dans beaucoup d’autres pays, comme, en Europe, l’Albanie, la Serbie, la Roumanie, la Bulgarie…

Ce grand investigateur travaille à une nouvelle enquête sur les réseaux criminels au niveau international entre la Calabre, le Mexique et la Russie. Il s’interroge sur la nécessité de changer de maison d’édition en raison des pressions auxquelles la sienne est soumise.

Cette 6e conférence organisée par le réseau mondial des journalistes d’investigation réunira 500 professionnels de 70 pays jusqu’à dimanche, avec une centaine d’exposés.

Parmi les intervenants, le Prix Pulitzer Seymour Hersh, le directeur du Canard enchaîné Claude Angeli, le journaliste irakien Montazer al Zaïdi, un autre Prix Pulitzer David Barstow, Mark Schapiro, William Karel, David Kaplan, Klaus Ott ou encore la Chinoise Zhao Hejuan.

swissinfo.ch et les agences

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