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Roman Polanski bientôt hors de prison?

Roman Polanski, saisi en 2009 au Musée du cinéma de Potsdam. RDB/Ex-Press/ddp/Michael Urban

Dans un arrêt rendu mardi, le Tribunal pénal fédéral a accepté le recours du cinéaste contre son maintien en détention extraditionnelle. Mais l'Office fédéral de la Justice n'a pas encore pris de décision.

Roman Polanski pourra sortir de prison contre le versement d’une caution de 4,5 millions de francs, selon le Tribunal pénal fédéral (TPF) qui siège à Bellinzone, dans le canton du Tessin.

«La cour a jugé que la caution offerte par le recourant, combinée à d’autres mesures telles que le dépôt des documents d’identité et l’assignation à résidence sous contrôle électronique devait être considérée comme propre à parer le risque de fuite» a estimé le TPF dans son arrêt publié mercredi. Un recours au Tribunal fédéral peut être formé contre cette décision, précise le TPF.

Mais selon le porte-parole de l’Office fédéral de la Justice (OFJ), Folco Galli, interrogé par swissinfo.ch, Roman Polanski reste en prison pour l’instant. L’OFJ est en train d’analyser le verdict. Il va décider «rapidement» s’il libère Polanski ou s’il fait recours contre la décision au Tribunal fédéral.

«Absolument compréhensible»

De son côté, la ministre de la justice Eveline Widmer-Schlumpf ne voit pas de raison de déposer un recours contre la décision de libération sous caution de Roman Polanski. Elle va cependant encore étudier l’arrêt avec ses collaborateurs, a-t-elle déclaré mercredi au Téléjournal de la Télévision suisse alémanique.

Pour la conseillère fédérale, il y avait de bonnes bases pour prendre cette décision. «Je ne vois pas de raison de la porter devant le Tribunal fédéral», a-t-elle précisé. En toute connaissance de cause et après un examen minutieux, la Cour a conclu qu’il n’y avait pas de risque de fuite ou de collusion si Polanski attendait à Gstaad plutôt qu’en prison l’examen de la question de l’extradition. Pour elle, l’arrêt du Tribunal pénal fédéral sur la libération de Roman Polanski est «absolument compréhensible».

Mandat d’arrêt

Roman Polanski, 76 ans, avait été arrêté le 26 septembre dernier à son arrivée à l’aéroport de Kloten, alors qu’il se rendait au Festival du film de Zurich pour y recevoir un prix.

L’auteur de «Rosemary’s baby» fait l’objet d’une demande d’extradition déposée par les Etats-Unis. Le cinéaste avait fui ce pays en 1978 après que la justice californienne l’avait jugé coupable d’abus sexuels commis en 1977 sur une adolescente de 13 ans. Roman Polanski qui avait plaidé coupable risque deux ans de prison au maximum.

«Tuyau» suisse

Ce sont les autorités suisses, sur la base de «sources non-américaines», qui ont informé le 21 septembre leurs homologues américaines de la venue à Zurich de Roman Polanski, a indiqué il y a quelques temps le porte-parole de l’OFJ Folco Galli. Deux jours plus tard, Washington confirmait la demande d’arrestation en vue d’une extradition.

La ministre de Justice et Police Eveline Widmer-Schlumpf a pour sa part été informée un jour avant l’arrestation de cette affaire. Selon elle, la Suisse n’avait «pas d’autre choix» que de procéder à l’arrestation du cinéaste franco-polonais.

Opinion divisée

Depuis son arrestation, le sort à réserver à l’un des cinéastes les plus acclamés du monde divise profondément l’opinion et les médias.

Les nombreux feedbacks reçus notamment par swissinfo.ch font état d’avis très tranchés entre ceux qui estiment que le talent et le renommée ne sauraient excuser le viol d’une mineure et ceux qui prônent la clémence, contestant notamment la manière dont la Suisse arrête un artiste invité dans un festival pour y recevoir un prix.

swissinfo.ch et les agences

Si la Suisse l’extrade vers les Etats-Unis, Roman Polanski risque au maximum deux ans de prison, affirme vendredi le porte-parole de l’Office fédéral de la Justice, Folco Galli.

«Dans le cadre de la procédure américaine, il s’est déclaré coupable d’avoir eu des relation sexuelles avec une mineure, a-t-il expliqué sur les ondes d’Europe 1. Il est recherché par les autorités américaines afin que la cour puisse prononcer la peine pour ce délit».

Or, a ajouté Folco Galli, «selon la loi américaine en vigueur, la peine maximale pour ce délit est de deux ans de prison». Et de préciser qu’«une personne qui est extradée peut être seulement poursuivie pour les délits pour lesquels on a autorisé l’extradition».

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