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Sumatra: l’ampleur de la catastrophe se révèle

Keystone

Trois jours après le violent séisme qui a frappé l'ouest de l'archipel indonésien, les équipes de secours s'activent sur place. Dans la ville de Padang, l'aide suisse se relaie en continu pour tenter de retrouver des survivants alors que les sauveteurs commencent à atteindre les zones reculées de la région.

D’après les dernières estimations des Nations Unies, le tremblement de terre survenu mercredi sur l’île indonésienne de Sumatra a coûté la vie à plus d’un millier de personnes. Sur place, les sauveteurs continuent leurs recherches, tout en dégageant de nombreux corps sans vie.

Pour sa part, le ministère indonésien de la santé estime que ce séisme a causé la disparition de près de 3000 personnes. Datant de vendredi, le dernier bilan officiel du gouvernement fait état de 777 morts.

Malgré tout, l’espoir subsiste de trouver des survivants sous les décombres des hôpitaux, des écoles, des hôtels ou des centre commerciaux.

A Padang, la grande ville côtière la plus touchée par le séisme de magnitude 7,6 dont l’épicentre était situé en mer au large de Sumatra, un quart des bâtiments sont désormais détruits, ont estimé des journalistes sur place.

Lorsque les sauveteurs trouvent d’éventuels survivants, ceux-ci doivent souvent être approvisionnés en eau et en oxygène via de minces fentes creusées à travers l’amas des décombres en attendant l’arrivée des machines de chantier.

Au nombre des bâtiments détruits figure l’hôtel Ambacang, prisé par les adeptes de surf venus pratiquer sur le Pacifique. Samedi, le chef de la police de Padang, le colonel Boy Rafli Amar, a expliqué que des voix et des coups frappés par des survivants avaient été entendus dans les ruines du bâtiment.

L’aide afflue

Actuellement, une équipe de sauveteurs helvétiques est à pied d’œuvre à Padang. Les sept experts qui s’étaient envolés les premiers pour la région jeudi à midi ont depuis été rejoints par une centaine de secouristes suisses.

Parmi eux se trouvent des spécialistes en matière de secours du Département fédéral de la Défense et de la protection de la population (DDPS), des médecins et des soignants, a détaillé le chef du corps suisse d’aide humanitaire (CSA) Toni Frisch. Vingt chiens de secours ont aussi fait le voyage vers Sumatra.

«Le travail de recherche et de sauvetage se poursuit pratiquement non-stop. Grâce au nombre de sauveteurs, nous pouvons faire des tournus», a indiqué samedi Michèle Mercier, porte-parole sur place de l’équipe helvétique d’intervention.

La Suisse a répondu à un appel à l’aide international et a reçu le feu vert des autorités indonésiennes jeudi à 11h00. Huit organisations sont associées au plan de secours mis en place par la Confédération, dont la Rega et la Croix-Rouge suisse (CRS).

Le but de la mission helvétique, à laquelle se sont joints des sauveteurs venus du monde entier, est la localisation, le sauvetage et la fourniture de premiers soins au victimes. «Nous sommes très pressés par le temps», a déclaré Toni Frisch. «Bien qu’il n’y ait encore aucune information précise sur l’ampleur du séisme, on est contraint d’opérer rapidement», a-t-il ajouté.

Identifier les besoins

«Dans un premier temps, il faut effectuer une analyse des besoins. Il nous faut identifier ce qui est le plus utile, le plus urgent, et ce qui peut attendre un peu», explique Bettina Iseli, qui est responsable pour Caritas Suisse du programme consacré à la reconstruction en Indonésie après le tsunami de 2004.

«En premier lieu, il faut acheminer du matériel médical afin de soigner les blessés. Il est aussi très important que les gens trouvent rapidement un toit car c’est actuellement la saison des pluies. Souvent, de simples bâches de plastique suffisent», ajoute-t-elle. Comme d’autres organisations d’entraide suisses, Caritas travaille avec des organisations partenaires sur place.

Bettina Iseli souligne néanmoins l’importance du travail de coordination effectué via la Chaîne du Bonheur, qui a ouvert jeudi un compte en faveur des victimes du séisme. Depuis le tsunami de 2004, la Chaîne du Bonheur et ses organisations partenaires ont établi des contacts locaux et acquis ainsi de l’expérience dans la gestion de catastrophe sur l’île de Sumatra.

Depuis le tremblement de terre, les annonces d’aide se sont succédées en Suisse. L’œuvre d’entraide des Eglises protestantes de Suisse (EPER) a indiqué qu’elle allait faire parvenir une aide à Sumatra à hauteur de 250’000 francs. La même somme sera investie pour venir en aide aux Philippines.

De son côté, Terre des hommes viendra en aide à 6000 enfants et proches victimes en distribuant de la nourriture et des biens de première nécessité dans la région de Padang. Dans un second temps, l’organisation mettra en place des activités psychosociales pour aider les enfants à surmonter leur traumatisme.

Problème de communication

Pour les sauveteurs suisses, l’un des problèmes les plus importants est la destruction quasi-totale des systèmes de communication existants sur l’île. Les spécialistes envoyés à Padang ne peuvent être joints que via une connexion satellitaire.

Dans cette situation, Bettina Iseli utilise tous les moyens à disposition pour se tenir au courant. Les analyses et les rapports de situation qui sont faits au quotidien par les différentes organisations humanitaires lui sont par exemple indispensables.

Lentement, les équipes de secours atteignent en effet les zones reculées de la région. «Selon nos informations, la ville de Pariamang, plus au nord, a été presque complètement détruite. Et les renseignements sur les villages alentour sont rares. On en déduit qu’ils ont également été très touchés», déplore Bettina Iseli.

Samedi, le responsable du centre de crise au ministère indonésien de la Santé Rustam Pakaya a indiqué qu’au moins quatre villages avaient été rayés de la carte par des coulées de boue déclenchées par le tremblement de terre. Dans l’un d’entre eux, au moins 644 personnes, dont 400 qui assistaient à un mariage, auraient été englouties.

Etienne Strebel, swissinfo.ch et les agences
(Traduction de l’allemand: Carole Wälti)

Padang est une ville portuaire qui compte quelque 900’000 habitants. Elle est la capitale de la province de Sumatra occidental.

En mars 2007, deux puissants tremblements de terre y ont causé la mort d’au moins 72 personnes.

Sumatra est la cinquième plus grande île du monde, avec une population qui s’élève à environ 48 millions d’habitants et une superficie de quelque 470’000 km2.

Au niveau économique Sumatra produit de la gomme, de l’huile de palme, du bois, du café et d’autres produits agricoles, ainsi que du charbon, du pétrole, du gaz naturel et des minerais.

Sumatra se situe sur la «ceinture de feu», un alignement de volcans qui borde l’océan Pacifique sur environ 40’000 kilomètres.

Depuis quelque temps, les géologues mettent en garde contre le risque d’un fort séisme susceptible de détruire Padang.

En 2004, la province d’Aceh, située sur la pointe nord de Sumatra, a été dévastée par un vaste tsunami né dans l’océan Indien. Près de 230’000 personnes avaient alors perdu la vie.

En raison de la mauvaise qualité des infrastructures, notamment des bâtiments, et d’un système d’alarme insuffisant, les secousses sismiques et volcaniques occasionnent plus de décès et de dommages en Indonésie qu’au Japon, très fréquemment frappé par de tels événements.

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