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Projets solaires suisses sous le soleil d’Amérique

Arrivée de MS Turanor PlanetSolar à New York, le 17 juin 2013. AFP

L’avion Solar Impulse et le bateau PlanetSolar ont passé ces derniers mois à parcourir les États-Unis pour montrer le potentiel des énergies renouvelables, et notamment du solaire. Le contacts sont établis, mais il faudra du temps pour convaincre investisseurs ou partenaires.

Fonctionnant exclusivement à l’énergie solaire, Solar Impulse a survolé la Suisse, la Méditerranée et, en 2013, les États-Unis. Pendant ce temps, le bateau solaire MS Tûranor PlanetSolar faisait le tour de la planète avant de s’amarrer dans trois villes de la Côte Est, dans le cadre d’une expédition scientifique.

Les Etats-Unis sont une destination idéales pour ce genre de projets, qui cherchent à soigner leur profil, selon Rolf Wüstenhagen, professeur de gestion d’énergies renouvelables à l’Université de St-Gall. «Ces projets sont de bons exemples de haute technologie avec une bonne dose d’aventure, ce qui, je pense, a de quoi attirer l’attention aux États-Unis. J’imagine qu’ils ont une bonne résonnance dans le pays du ‘yes we can’.»

Mais le vrai défi, ajoute le professeur, c’est de persuader les gens que ces projets ne sont pas de simples jouets technologiques ou innovants, mais qu’ils sont appropriés pour les transports ou les choix énergétiques de demain.

«Je pense que cela prendra plus de temps pour convaincre les gens de là-bas que ceux d’ici. Si vous voyagez en Europe, vous voyez beaucoup de cellules photovoltaïques et d’éoliennes, mais il y a toujours des régions, aux Etats-Unis, qui s’appuient massivement sur les combustibles fossiles», ajoute Rolf Wüstenhagen.

Présenté en 2009 à Zurich, l’avion solaire est né de l’idée du pilote et aventurier Bertrand Piccard. En 2010, il a effectué le premier vol de nuit de l’histoire de l’aviation solaire.

Avec 63 mètres d’envergure, il est aussi large qu’un Airbus A-340. Mais au lieu de transporter 300 passagers, il n’a qu’une place pour le pilote.

En utilisant exclusivement de l’énergie solaire, l’avion a survolé la Suisse (2010), la Méditerranée (2012) et les États-Unis (2013).

En 2015, une deuxième version de l’avion essayera de voler dans le monde entier.

Une année de gagnée

Pour Solar Impulse, la mission «Across America» a été payante. Pour des raisons techniques, l’équipe a dû reporter ses projets de faire le tour du globe. «Au lieu de nous dire que nous avions perdu une année, nous avons estimé que nous en avions gagné une, et nous avons décidé de la mettre à profit pour transporter la première version de l’avion aux Etats-Unis», explique le pilote et directeur de Solar Impulse, André Borschberg.

Le deuxième avion, actuellement en train d’être assemblé, entamera son tour du monde en 2015.

Aux Etats-Unis, André Borschberg et son collègue Bertrand Piccard ont volé à tour de rôle de San Francisco à New York, avec des escales à Phoenix, Dallas, Saint-Louis, Cincinnati et Washington, DC. «C’était intéressant de voir les réactions des gens. Je pense que le niveau d’excitation et d’intérêt est différent, là-bas. Les Américains ont cette capacité de s’enthousiasmer pour de nouveaux projets, de nouvelles idées, c’est impressionnant», déclare André Borschberg.

Il est aussi satisfait de la qualité de la couverture médiatique. «Beaucoup de projets pionniers ont été développés ou réalisés aux Etats-Unis et, d’une certaine façon, c’est toujours le meilleur endroit pour lancer quelque chose de nouveau. C’est là que vous obtenez le plus d’écho en termes de communication.»

C’est le plus grand bateau du monde mû par l’énergie solaire. Il fait 35 mètres de long et 516 mètres carrés de panneaux solaires. Ses cellules photovoltaïques lui ont permis de faire un tour du monde de 19 mois, qui s’est terminé à Monaco en mai 2012.

En collaboration avec l’Université de Genève, le bateau est maintenant utilisé pour une expédition en eaux profondes afin d’étudier les effets du changement climatique sur l’océan.

Après avoir suivi le Gulf Stream, le bateau a fait des escales à Miami, New York et Boston au printemps-été 2013. Il continue sa route vers le grand nord avant de retourner en Europe.

Le ciel et la mer

Comme Solar Impulse, MS Tûranor PlanetSolar se réjouit également de la chaleur de l’accueil qui lui a été réservé sur la Côte Est, avec notamment des escales à Miami, New York et Boston. «Les réactions ont été très enthousiastes. J’ai entendu beaucoup de commentaires du genre,’ Ouah, quel joli bateau et quelle surprise qu’il marche entièrement à l’énergie solaire’», raconte Pascal Goulpié, le PDG.

En collaboration avec l’Université de Genève, l’expédition «PlanetSolar Deepwater» se concentre sur l’étude des effets du changement climatique sur le Gulf Stream. L’année dernière, il a réalisé le premier tour du monde en bateau solaire.

Le mois dernier, le consulat scientifique swissnex de Boston a organisé un certain nombre d’événements pour présenter le bateau et sa mission. «Nous avons proposé une conférence scientifique avec l’Institut Woods Hole Oceanographic qui a réuni des climatologues et des biologistes marins et permis de créer de nouveaux contacts entre la Suisse et les Etats-Unis. Cela a aussi augmenté la visibilité de l’Université de Genève en tant qu’université très active dans la recherche», explique Sébastien Hug à Boston.

Et d’ajouter que l’innovation étrangère est toujours bien accueillie en Amérique. Par exemple, swissnex a récemment organisé un «pitching», compétition pendant laquelle 20 entrepreneurs suisses avaient chacun une minute pour présenter leur société. Un succès, puisque l’événement a attiré 300 personnes.

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Résultats prometteurs?

Et du côté des investissements ou des partenariats, les deux tournées solaires ont-elles enregistré des résultats? «Notre budget est assuré pour cette année, nous ne cherchons donc pas activement des fonds, répond Pascal Goulpié de PlanetSolar. Mais nous recevons effectivement des demandes pour développer d’autres activités avec notre bateau, par exemple pour le programme d’accueil à bord, et c’est très prometteur.»

L’accueil à bord, cela signifie autoriser des groupes privés à organiser des événements sur le bateau, par exemple des sorties d’entreprise, le MS Tûranor PlanetSolar pouvant accueillir jusqu’à 20 passagers pour une croisière.

De son côté, l’équipe de Solar Impulse espère aussi passer quelques nouveaux accords. «Nous avons eu des discussions très intéressantes qui, espérons-le, aboutiront à du concret. Nous rencontrons beaucoup d’intérêt et je pense qu’il y a quelques partenariats intéressants à développer, pas seulement au niveau financier mais, comme c’est le cas avec nos partenaires européens, dans des collaborations», relève André Borschberg.

Enfin, contribuer à faire évoluer les mentalités serait également une récompense pour tout le monde. «Si je pense aux occasions de faire une vraie différence, les Etats-Unis semblent être l’endroit le plus logique parce que c’est une des économies au monde qui produit le plus de CO2. En même temps, un débat politique intéressant se poursuit, depuis que le président Obama encourage la recherche de solutions au défi climatique, ajoute Rolf Wüstenhagen. Mais peut-être que ces deux initiatives suisses seraient trop modestes pour permettre un véritable virage politique.»

(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

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