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Somptueux «Laténium»

L’archéologie neuchâteloise a désormais son écrin swissinfo.ch

Le «Laténium», sous-titré «Parc et Musée d'Archéologie de Neuchâtel», a ouvert ses portes ce week-end. La longue attente en valait la peine, car le résultat dépassera sans doute les rêves des passionnés d'archéologie, comme ceux du grand public.

«Le choc du beau total», constate Thierry Béguin, chef du Département de l’instruction publique et des Affaires culturelles du canton de Neuchâtel, en citant Claudel. Un peu emphatique? Peut-être. Mais en même temps réaliste.

Le «Laténium», désormais le plus grand musée archéologique de Suisse, est beau. Beau à l’œil. Et beau à la mémoire. Car en un parcours parfaitement limpide, il reflète tout le passé d’une région, et de là, celui d’un continent.

D’ailleurs, si on demande à Michel Egloff, directeur de ce magnifique bateau, quels sont les objets dont il est le plus fier, ce n’est pas le détail qu’il relève d’abord, mais l’ensemble: «Ce que nous sommes le plus fiers d’abriter, ce sont les étapes du dialogue Homme – Nature au travers des millénaires. C’est donc la globalité».

Modernité et classicisme

Le «Laténium» est implanté au bord du lac, à Hauterive, entre Neuchâtel et le site de La Tène, où l’on découvrit les premiers artefacts de la période qui porte depuis le nom d’«Epoque de La Tène», c’est-à-dire le deuxième âge du Fer de la civilisation celtique européenne.

Le bâtiment de béton, revêtu de bois, paraît à la fois austère – tendance Bauhaus – et pourtant parfaitement intégré à la nature verdoyante du site. Entre le lac et le musée, un vaste parc, avec étang, roseaux, pilotis originaux et reconstitution d’une habitation lacustre.

A l’intérieur, la modernité (ou post-modernité?) ambiante met en valeur les objets du passé, grâce notamment à un nouveau système de vitrines et à un éclairage subtil. Car malgré tout les effets muséographiques et technologiques déployés, c’est bel et bien, et «classiquement», l’objet qui reste central.

L’exposition permanente est intitulée «Hier… Entre Méditerranée et Mer du Nord». La démarche? «Plus on descend, plus on remonte!» résume Michel Egloff, également archéologue cantonal et professeur à l’Université de Neuchâtel.

C’est-à-dire qu’en descendant les pentes douces du musée, comme on descend dans les strates de la terre, on remonte le passé. De la Renaissance au Moustérien, époque des premières traces humaines dans la région neuchâteloise (40.000 à 100.000 ans avant J-C).

En passant bien sûr par l’époque romaine (étonnante Villa de Colombier), les bateaux à fond plat du néolithique, les Celtes de la Tène, les sociétés dites «lacustres», les chasseurs du Mésolithique et du Magdalénien et la période glaciaire. Fabuleux voyage, aux décors changeants et adaptés.

Un lieu voulu par la population

Tout est parti d’une motion au Grand conseil neuchâtelois en… 1979. «On ne pourra pas dire que ce projet aura été bâclé!», ironise Michel Egloff qui a ensuite porté cette idée de musée avec un incroyable acharnement et un sens indéniable de la conviction.

A tel point qu’en 1996, la population neuchâteloise votera un crédit de 26 millions de francs pour la construction du musée. Si l’on réalise qu’on était alors en période de crise, que Neuchâtel connaît un taux fiscal particulièrement élevé, et que de surcroît l’archéologie n’est en général pas le premier souci du citoyen standard, on ne peut que saluer la motivation et la maturité de la population locale.

A ce crédit sont venues s’ajouter des subventions et contributions diverses, notamment près de 5 millions apportés par la Fondation La Tène, présidée par l’ancien conseiller fédéral René Felber.

Plus qu’un musée

Le Laténium n’est pas qu’un musée. On y trouve également l’Institut universitaire de préhistoire, les ateliers de restauration et de dendrochronologie, ainsi que le dépôt, qui compte des milliers de pièce et sera accessible au public. Formidable ouverture: la possibilité de faire se rencontrer en un lieu tous ceux qui touchent à l’archéologie et tous ceux qu’elle touche.

Le Centre Dürrenmatt. Le Théâtre du Passage. Le Laténium. Trois nouveaux espaces culturels en moins de deux ans, les Neuchâtelois n’ont pas chômé… «Cela témoigne de la volonté de ce canton d’investir aussi dans ce secteur, parce que les gens ont senti qu’on ne vit pas seulement de pain, mais aussi de culture, de science et de mémoire», constate Thierry Béguin.

Bernard Léchot

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