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La naturalisation facilitée à portée de main

Selon une étude, presque 25’000 jeunes pourraient présenter une demande de naturalisation facilitée en cas d’acceptation de la réforme le 12 février. Keystone

Si les Suisses avaient voté dans la deuxième quinzaine de janvier sur les trois objets qui leur seront soumis le 12 février, ils auraient dit deux fois oui. Oui clair au nouveau Fonds routier, et un peu moins à la naturalisation facilitée. Selon le dernier sondage avant le vote, le sort de la réforme de l’imposition des entreprises reste par contre incertain.

Deux tiers des Suisses sont pour la naturalisation facilitéeLien externe des jeunes étrangers de la troisième génération. C’est ce qui ressort du second sondage de l’Institut gfs.bern pour le compte du diffuseur national SRG SSR (dont swissinfo.ch fait également partie). Par rapport au premier sondage, réalisé à fin décembre, la cote de l’objet a certes baissé de huit points, mais les sondés sont encore 66% à dire vouloir déposer un oui dans l’urne le 12 février. 31% sont contre et 3% sont encore indécis.

«Les opposants ont gagné le terrain, explique la politologue Martina Mousson de GfS. C’est inhabituel pour une proposition du gouvernement. Mais il y a encore une forte majorité en sa faveur.»

Actuellement, les jeunes étrangers dont les parents et les grands-parents ont vécu au moins une partie de leur vie en Suisse doivent suivre la même procédure que les deux générations précédentes s’ils veulent devenir titulaires du passeport à croix blanche. La réforme vise à simplifier et à raccourcir cette procédure.

La naturalisation facilitée est soutenue par le gouvernement, le parlement et la majorité des grands partis politiques, pour qui ces jeunes étrangers nés en Suisse y sont très bien intégrés, et n’ont souvent plus que des liens très distants avec leur pays d’origine. L’UDC (droite conservatrice) est pratiquement seule à s’y opposer. Elle accuse les autres partis de vouloir «brader» la nationalité suisse et a lancé contre la réforme une campagne très agressive et très controversée, en ressortant sur ses affiches le bon vieil épouvantail de la burqa.

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Réforme fiscale: les opposants gagnent du terrain

S’agissant de la Troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE IIILien externe), le nombre de ses partisans a également reculé (de cinq points) par rapport au premier sondage. Ils ne sont désormais plus que 45% à vouloir l’accepter. Le camp du non a lui davantage progressé (neuf points) pour atteindre 44% de l’électorat. Ce sont donc les indécis qui feront la différence. Ils sont encore 11%, un nombre relativement élevé, ce qui ne doit guère surprendre au vu de la complexité et de l’aspect technique de l’objet.

«La campagne menée au cours des dernières semaines a mobilisé principalement les militants de gauche et ceux qui critiquent le gouvernement», relève Claude Longchamp, principal analyste politique de GfS Bern.

Selon lui, le sondage a montré que la critique ouverte de la réforme fiscale par une ancienne ministre des Finances, Eveline Widmer-Schlumpf, a eu un impact: «Elle a dit en un mot. Et c’est devenu un débat sur la question de savoir si les promesses du gouvernement sont dignes de confiance.»

La réforme vise à aligner la Suisse sur les normes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en harmonisant les taux d’imposition des entreprises domestiques et étrangères. Elle comprend aussi de nouvelles réductions sur les frais de recherche et de développement consentis par les entreprises.

Le gouvernement, les partis bourgeois et les milieux économiques affirment que la réforme rendra la Suisse plus attractive et l’aidera à attirer de nouvelles entreprises. A gauche par contre, on met en avant les trois milliards de francs de recettes fiscales que la réforme ferait perdre aux collectivités publiques, un cadeau aux entreprises pour lequel les contribuables devraient passer à la caisse, comme cela a été le cas avec la précédente réforme, votée en 2008.

Le Fonds routier sans trop de problèmes

Objet le moins disputé de cette votation, le Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTALien externe) devrait passer la rampe sans problème. 62% des sondés y sont favorables, soit 2% de plus que lors du premier sondage. 28% sont contre et 10% ne savent pas encore ce qu’ils vont voter.

L’idée est de garantir un financement solide et sans limite dans le temps pour l’entretien et l’extension du réseau autoroutier, mais également pour le trafic d’agglomération, où se concentrent l’essentiel des problèmes et des bouchons. Seuls les Verts combattent ce projet, jugeant qu’il fait la part trop belle à la mobilité individuelle et motorisé, au détriment de la mobilité douce.

Le sondage

Réalisé entre le 18 et le 25 janvier par l’Institut gfs.bern pour le compte de la SSR, ce deuxième sondage a porté sur un échantillon représentatif de 1423 citoyens suisses. La marge d’erreur est de +/-2,7%.

Pour des raisons de protection des données, les sondeurs n’ont pas accès aux coordonnées des Suisses de l’étranger, qui se voient donc de fait exclus de ce sondage.

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