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Strasbourg: emplois d’insertion pour aider des réfugiés ukrainiens

La couture fait partie des trois ateliers proposés aux réfugiés ukrainiens pour ces contrats d'insertion (image d'illustration). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) En Ukraine, elles étaient universitaire ou manager dans un fast food. En France, elles vont travailler dans la couture ou les espaces verts : à Strasbourg, des contrats d’insertion aident des réfugiées à repartir de zéro pour s’intégrer, et « pourquoi pas », rester.

Dans le vaste hangar du groupe Altaïr, spécialisé dans l’insertion professionnelle, les machines à coudre ronronnent tranquillement. Concentrées et méticuleuses, Olga Skabovska et Mariiana Csekij suivent les dessins tracés sur la feuille. Carré, cercle, escargot: le point de piqûre doit épouser parfaitement les lignes.

Ce mercredi, avec une vingtaine d’autres réfugiés ukrainiens, quasi exclusivement des femmes, elles sont venues « tester » des métiers dans le cadre d’une initiative nationale de la Fédération des entreprises d’insertion (FEI), dont le groupe strasbourgeois Altaïr est membre. Mi-mars, la FEI, qui réunit 1500 entreprises, avait annoncé proposer 10’000 emplois en insertion à des réfugiés ukrainiens d’ici à la fin juin sur l’ensemble du territoire national.

Altaïr « en propose une soixantaine », explique à l’AFP son président, Luc de Gardelle, également à la tête des instances nationales de la FEI. Le groupe alsacien, rappelle-t-il, a embauché « plus de 420 personnes » en 2021, sur des contrats allant jusqu’à deux ans, payés au SMIC.

« Indépendante »

Après une rapide présentation du dispositif, chacune est invitée à choisir l’un des ateliers proposés: couture, espaces verts ou maraîchage. Trois interprètes assurent les traductions. A la clé, une possible promesse d’embauche le jour même en contrat d’insertion.

Une dizaine optent pour la couture. « Pour intégrer l’atelier, on fait systématiquement passer des tests », explique sa directrice Géraldine Hubert, dont le pôle textile a notamment produit des masques pendant la crise du Covid-19.

Du sur-mesure pour certaines. Arrivée le 1er mars, Mariiana, 50 ans, vivait à Oujhorod, dans l’ouest de l’Ukraine, où elle a laissé son fils, sa belle-fille et ses petits-enfants. La couture, elle la pratique « depuis (ses) douze ans ». Elle cherche un emploi tout simplement pour « vivre ». Et « si la situation le permet », « pourquoi pas », rester en France? « Strasbourg est une très jolie ville… »

Devant les locaux d’Altaïr, une jeune femme manoeuvre sans difficultés apparentes une imposante tondeuse autoportée: Svetlana Miroshnichenko, 38 ans, a opté pour l’atelier « espaces verts », qui propose ses prestations à des entreprises de l’agglomération strasbourgeoise.

« Sous le choc »

« Je n’ai jamais fait ça avant! », s’amuse cette ancienne cheffe d’équipe dans un fast-food de Kharkiv, qui a fui les combats avec sa fille. Essai validé, elle dit oui à un contrat et pourra commencer rapidement. Son avenir? Elle aussi le voit en France, où elle souhaite « rester », apprendre la langue et « s’intégrer ».

Dans sa vie d’avant, Olga Isakiieva, 59 ans, était professeure à l’Université nationale de construction et d’architecture de Kharkiv. Mercredi, elle a choisi l’atelier couture. Un changement qu’elle envisage « tout à fait normalement », « il n’y a rien de mal », philosophe cette ex-enseignante en réseaux de canalisation, qui devait prendre sa retraite « dans un an ».

En France depuis le 8 mars, elle a besoin de trouver un travail au plus vite. Toujours « sous le choc », elle confie ne pas pouvoir « se projeter » dans le futur pour le moment.

Ce jour-là, Altaïr a entamé des démarches d’embauche pour douze personnes, sept en couture et cinq en espaces verts. « On continuera tant qu’il y aura la guerre en Ukraine. Il faut les accueillir dignement », martèle Luc de Gardelle.

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