Des perspectives suisses en 10 langues

Street Parade bon enfant à Zurich

En 2010, la Street Parade a attiré 50'000 personnes de plus qu'en 2009. swissinfo.ch

Malgré la météo, la 19e édition de la Street Parade a attiré samedi près de 650'000 amateurs de musique et de danse. Moment fort de cette grande fête techno, une minute de silence a rendu hommage aux 21 morts de Duisbourg. Reportage.

Cette année, la mode est aux anges ou aux démons. Ou aux oreilles de lapin. La foule est parfois traversée par des ailes d’ange en plumes roses ou blanches, portées indistinctement par des hommes ou des femmes.

D’autres sont affublés de petites cornes de diable et du costume assorti, bien entendu. Les hommes semblent affectionner les oreilles de lapin. On peut du reste les acheter sur les stands qui ponctuent le parcours de la parade. Le tout saupoudré de paillettes.

Mais il y a aussi des multitudes de pirates, d’ours, de personnages plutôt dénudés malgré la météo boudeuse. Bien avant le passage du cortège, des milliers de gens sont déjà massés partout et la musique règne sur Zurich.

C’est la cohue, et c’est normal. Le temps médiocre de ce samedi a peut-être découragé certains participants, en tout cas, on peut fendre la foule sans problème.

Ou alors les gens ont-ils été effrayés par le drame de Duisbourg? «Non, je n’y pense pas du tout et je compte bien profiter de la fête, répond une jeune Allemande en perruque bleue. Probablement que les gens qui sont marqués par ce qui s’est passé ne sont tout simplement pas venus à Zurich.»

«Moi j’y pense et je trouve que ce qui s’est passé est horrible, remarque un jeune Suisse non costumé. Mais je suis sûr que rien de tel ne peut se passer ici parce que l’erreur qu’ils ont fait à Duisbourg, c’est de mettre des grillages autour d’un espace beaucoup trop petit pour le nombre de participants. Ici, tout est ouvert.» Il ajoute qu’il ne serait jamais venu à Zurich s’il y avait eu des clôtures.

Des blessures sans gravité

Les organisateurs semblent en effet très confiants. Par souci de sécurité, quelques poteaux ont été enlevés, expliquent-ils.

Et voilà que les premières «Lovemobiles» émergent du virage et s’engagent sur le Quai-Brücke. Sur le pont, l’espace se restreint pour les spectateurs (mais sans plus) sur le passage des énormes chars envahis par les danseurs. De toute façon, la musique est partout et on danse partout,

Deux hommes déguisés en Lacustres se fraient un chemin dans la foule. L’un d’eux à le pied nu en sang. Il explique qu’il s’est bêtement coupé et est à la recherche d’un poste sanitaire. Quelqu’un lui a lâché une bouteille sur le pied, mais la blessure aurait pu être plus grave, explique-t-il avant de disparaître dans la foule, tiré par son compère.

«Il y a aussi le lac»

«J’adore la Street Parade, c’est magique», lance un jeune Anglo-Saxon (non costumé). Il a bien sûr été horrifié par la bousculade de Duisbourg mais n’a jamais pensé que la même chose pouvait arriver à Zurich.

«Ici, il y a en plus le lac, explique-t-il. En cas de bousculade, je sauterais tout simplement à l’eau.» Son camarade hoche la tête mais ne semble pas tout à fait convaincu: «tu ne serais peut-être pas juste au bord du lac…» Mais tous deux semblent bien décidés à ne pas se gâter la fête. «Nous sommes ici pour ça, après tout, la Street n’a lieu qu’une fois par an!» conclut le premier.

«Je me réjouis que les organisateurs zurichois aient les choses bien en mains, déclare un ange (suisse) en passant. Une chose aussi affreuse ne peut tout simplement pas arriver ici, tout est prévu.»

Cet habitué de la Street Parade n’a jamais été pris dans la foule au point d’avoir peur. De toutes façon, c’est normal qu’il y ait de la cohue, ce qui le dérange le plus, c’est le nombre insuffisant de WC.

A 17 heures, trois heures environ après le départ du cortège, les chars s’immobilisent et la musique se tait. En souvenir des 21 morts et 500 blessés de la Love Parade allemande de fin juillet, la minute de silence règne sur les 30 «Lovemobiles» et les sept scènes installées le long du lac… et quelques gouttes de pluie commencent à tomber.

Les oreilles de lapin et les cornes de diablotins ne se découragent pas, mais les ailes d’anges se mettent à pendouiller. Beaucoup de «ravers» semblent surpris par la minute de silence. «Je n’étais pas au courant, commente une jeune Française en perruque rose fluo. Désolée mais je ne pense pas à Duisbourg, je suis bien ici et je veux profiter de la party.»

Eveline Kobler, Zurich, swissinfo.ch
(Traduction et adaptation: Isabelle Eichenberger)

Quelque 650’000 personnes se sont déplacées à Zurich le 14 août, soit 50’000 de plus qu’en 2009.

L’attention des médias, surtout étrangers, semblait plus importante que lors des précédentes éditions. Environ 150 journalistes étaient accrédités, contre une centaine en 2009.

La police et les secouristes ont indiqué qu’il n’y a eu «aucun problème» et que la manifestation est demeuré largement paisible.

La sécurité a été affinée au dernier moment: des panneaux ont été installés le long du parcours pour montrer les voies d’évacuation en et les objets qui auraient pu faire trébucher les gens ont été retirés.

Les forces de l’ordre municipales et cantonales ont arrêté 23 personnes, notamment pour trafic ou consommation de drogue, ivresse ou infraction à la loi sur les étrangers.

Les secouristes ont pris en charge 444 personnes, (169 de moins qu’en 2009) et 53 ont été hospitalisées, contre 101 l’an dernier. Parmi eux 5 blessés graves.

Les soins ont été prodigués surtout à des personnes qui avaient consommé trop d’alcool ou de drogue. Les autres cas concernaient des contusions et plaies bénignes.

Des centaines de milliers de personnes ont utilisé les transports publics. Les CFF avaient prévu 105 trains spéciaux et nocturnes. Les RER et bus ont circulé jusqu’à 4 heures dans l’agglomération zurichoise.

La Street Parade s’est tenue pour la première fois à Zurich en 1992. Son organisateur, un étudiant en maths, Marek Krynski, a repris l’idée de la Love Parade de Berlin.

La première édition a attiré 2000 participants sur la Bahnhofstrasse, mais surtout la colère des Zurichois.

En 1993, les autorités ont interdit de danser «sur la rue la plus riche du monde» .

Tout a changé ensuite et, aujourd’hui, 13 sponsors officiels soutiennent la Parade, y compris Suisse Tourisme.

Le cortège parcourt 2,4 km.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision