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Juncker – Schneider-Ammann: discussions «constructives», mais aucun accord en vue

La rencontre entre Jean-Claude Juncker (à gauche) et Johann Schneider-Ammann, lundi à Zurich, n'a pas permis de faire avancer le dossier de la libre-circulation des personnes. Keystone

Pour la troisième fois cette année, les deux présidents de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et de la Confédération Johann Schneider-Ammann se sont rencontrés, lundi à Zurich. Au menu: la conciliation entre limitation de l’immigration et libre circulation des personnes, qui semble toujours aussi impossible.

«Quand on dit que les discussions sont constructives, cela signifie que rien n’est encore décidé», a plaisanté Jean-Claude Juncker au terme de la rencontre. Depuis l’acceptation, le 9 février 2014, de l’initiative populaire de l’UDC (droite conservatrice) visant à «limiter l’immigration de masse», les relations entre la Suisse, qui doit traduire dans la loi la volonté exprimée par une (courte) majorité du peuple, et l’UE, qui tient la libre-circulation des personnes pour une valeur fondatrice, sont dans l’impasse.

Jean-Claude Juncker l’a répété lundi à Zurich. Bruxelles «veut une solution qui prenne en compte les soucis de la Suisse», mais pas question de «contourner les exigences de l’Union». Tout au plus pourrait-elle accepter la préférence nationale dite «light», sur laquelle la Chambre basse du parlement fédéral doit se prononcer mercredi.

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Septante ans après Churchill

S’ils se sont montrés satisfaits de la discussion du jour, Messieurs Schneider-Ammann et Junker n’en ont pas moins été réalistes et pragmatiques. Septante ans après le discours de Winston Churchill sur l’Europe en la même aula universitaire, ils ont comparé les situations de 1946 et d’aujourd’hui.

«L’Europe n’a pas encore connu une si longue période de paix, alors que le ‘let Europe arise’ (laissez l’Europe monter) de Churchill – gravé sur une dalle commémorative en l’Université de Zurich – succédait à la guerre», a rappelé Jean-Claude Juncker.

«Match nul, 0-0»

Réactions mitigées dans la presse suisse au lendemain de cette rencontre, dont les commentateurs estiment que son seul mérite est d’avoir eu lieu. «Au moins, il était là» titrent ainsi les quotidiens bernois «Der Bund» et zurichois «Tages-Anzeiger», pour qui «on aurait pu imaginer visite plus inspirante de Bruxelles». Et de souligner que le discours d’hier de Jean-Claude Juncker «n’est pas destiné à entrer dans l’Histoire, contrairement à celui d’un illustre Premier ministre britannique il y a 70 ans».

Pour la «Südostschweiz», et l’«Aargauer Zeitung», la balle est maintenant «dans le camp de Berne». Car même si «considéré avec réalisme, une percée décisive n’était pas à attendre» de cette rencontre, elle a tout de même permis d’apprendre que l’UE pourrait vivre avec un préférence nationale «light». Au Parlement maintenant de l’entériner, pour pouvoir «renvoyer la balle à Bruxelles».

«Ils n’avaient rien à se dire», titre quant à lui le «Blick», pour qui le rencontre Juncker – Schneider-Ammann se solde par «un match nul 0-0». Le tabloïd alémanique ironise sur les promesses faites au fil de l’année, où «les stratèges de Berne» promettait à chaque rencontre qu’elle allait être décisive et où rien finalement n’est venu. «Aujourd’hui, il est parfaitement clair que cette stratégie de l’optimisme est un échec cuisant. Même le Luxembourgeois Juncker, qui vient pourtant lui aussi d’un petit pays, ne va nous aider. La Suisses est seule».

Au final, cette rencontre laisse quand même quelques raisons d’être optimiste, mais aussi des raisons d’être pessimiste, comme l’analyse Pierre Nebel.

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