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Sur les routes, les seniors sont «plus en danger que dangereux»

Les seniors sont particulièrement vulnérables en tant que piétons. Keystone

Selon l'Association transports et environnement (ATE), les personnes âgées sont une catégorie à risque sur les routes. Mais plutôt comme victimes que comme responsables d'accidents.

En 2004, deux piétons tués sur trois étaient âgés de plus de 65 ans. L’ATE demande des améliorations au niveau de la sécurité.

Menacés comme conducteurs, les seniors le sont d’autant plus lorsqu’ils sont à pied. Ainsi, dans plus de 70% des accidents impliquant des piétons survenus en 2004, la faute n’était en réalité pas imputable aux seniors.

L’étude de l’ATE, présentée mercredi, montre qu’en 2004, 122 personnes de plus de 65 ans ont perdu la vie sur les routes de Suisse. 59 ont été tuées alors qu’elles se déplaçaient à pied, 35 en étant au volant, 17 à vélo et 6 sur une moto.

Par ailleurs, les risques encourus par les automobilistes de se blesser gravement augmentent avec l’âge. Dès 75 ans, ces risques sont comparables à ceux qu’encourent les jeunes conducteurs.

Exclus de l’urbanité moderne

Toujours en 2004, 62% des piétons et 40% des cyclistes tués avaient 65 ans ou plus, selon l’Association transports et environnement.

«Les statistiques le prouvent: l’urbanisme moderne exclut les aînés», relève Angeline Fankhauser, co-présidente de la FARES (Fédération des Associations des retraités et de l’entraide en Suisse) et ancienne conseillère nationale socialiste.

«Il serait souhaitable, pour des raisons de santé, de conserver la mobilité des personnes âgées et d’éviter leur isolement. Pourtant, cet objectif est en contradiction avec les possibilités existantes de se déplacer en toute sécurité dans l’espace public», souligne-t-elle.

Feux trop vite au rouge

Se fondant sur un projet mené par le Bureau-Conseil ATE de Genève, l’association a par ailleurs montré que l’aménagement urbain est rarement adapté aux besoins des personnes âgées.

Les bancs sont trop rares, les paliers, les marches et les escaliers trop peu distincts. De plus, les feux passent trop vite au rouge.

L’ATE relève encore que les fautes typiques des aînés vont augmenter à l’avenir. Les accidents de voiture liés à l’inobservation du droit de priorité seront plus fréquents, ceux liés à la consommation d’alcool ou à la vitesse, plus rares.

Une série de mesures

Pour augmenter la sécurité routière, l’association propose donc une série de mesures. La sensibilisation des autres usagers et des aînés en est une. Mais l’infrastructure des transports doit également être améliorée.

L’augmentation de la durée de traversée aux feux et la présence d’îlots de sécurité au milieu des passages piétons constituent également des moyens d’adapter l’espace urbain à tous ses usagers, seniors y compris.

Dans son étude, l’association reconnaît que «plusieurs facultés importantes baissent avec l’âge». Pourtant, pour pallier la faiblesse de leur vue ou le manque de rapidité de leurs réactions, les aînés adoptent des «stratégies de compensation».

«La plupart d’entre eux connaissent leurs points faibles et diminuent les risques. Ils se déplacent par exemple beaucoup moins de nuit que la moyenne, roulent rarement par temps de pluie ou quand le trafic est dense, choisissent des trajets connus et roulent plus lentement», note l’ATE.

Intitulée «Les seniors et la sécurité routière», cette étude a été menée sur commande du Fonds de la sécurité routière avec l’aide d’experts du Bureau de prévention des accidents (bpa).

swissinfo et les agences

En 2005, 409 personnes ont perdu la vie sur les routes suisses. 5059 personnes ont été gravement blessées.
En 2004, les routes suisses ont fait 510 morts et 6038 blessés graves.
1971 est l’année d’un triste record : 1773 personnes avaient perdu la vie et 37’000 avaient été blessées, dont la moitié gravement.

D’ici à 2010, le gouvernement suisse veut diminuer le nombre de morts et de blessés dus à des accidents de la circulation. L’objectif est de faire baisser les chiffres relevés en 2000 (592 morts et 6191 blessés graves).

Parmi les mesures adoptées pour atteindre cet objectif figure l’abaissement du taux d’alcoolémie toléré au volant à 0,5 pour mille, le durcissement des dispositions sur le retrait de permis et le permis de conduire “à l’essai” pour les jeunes conducteurs.

En décembre 2005, l’Office fédéral des routes a présenté un programme d’intervention pour améliorer la sécurité sur les routes. Il a été soumis pour examen au Département des transports.

Intitulé «Via sicura», ce programme comprend 56 mesures. Soit notamment l’éducation à la mobilité et à la sécurité dans les écoles, l’intensification des efforts pour une plus grande sécurité des véhicules, l’élimination des endroits potentiellement dangereux, l’usage diurne des phares et l’interdiction de conduire sous influence de l’alcool pour les jeunes conducteurs.

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