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Swiss ne rejoindra pas l’alliance Oneworld

Swiss rejoindra-t-elle Star Alliance, la rivale de Oneworld? Swiss

La compagnie aérienne renonce à Oneworld. Elle annonce jeudi qu'elle ne veut pas intégrer son programme de fidélisation Swiss TravelClub dans celui de British Airways (BA), leader de l'alliance.

Swiss motive sa décision par des coûts qu’elle juge bien trop élevés.

«Je suis désolé de la tournure qu’ont pris les choses, a déclaré jeudi matin Pieter Bouw, président de la compagnie helvétique. Nous aurions aimé intégrer l’alliance Oneworld, mais le prix est simplement trop élevé.»

L’intégration du programme de fidélisation de la clientèle Swiss Travel Club à celui de British Airways (qui domine Oneworld) aurait coûté «une somme en millions à deux chiffres», selon Pieter Bouw, qui refusera d’être plus précis.

Swiss et BA ont convenu «à l’amiable» de la marche à suivre. Les accords commerciaux bilatéraux avec les autres compagnies membres de Oneworld ne sont pas affectés par cette décision.

La nouvelle ne constitue pas une entière surprise. Les discussions entre Suisses et Britanniques étaient gelées depuis quelques semaines déjà. La compagnie Swiss ne cachait pas que les problèmes provenaient du programme de fidélisation.

Pour mémoire, Swiss avait annoncé sa future entrée dans Oneworld le 23 septembre dernier. L’objectif était alors de concrétiser ce partenariat mondial le plus vite possible.

Cette alliance englobe à côté de BA des compagnies comme American Airlines (partenaire de longue date de Swiss et auparavant de Swissair), Cathay Pacific, Quantas, Iberia ou Finnair.

Huit slots passent chez BA

Concrètement, avec sa tentative infructueuse de s’insérer dans ce grand réseau, Swiss voit huit créneaux de décollage (slots) lui échapper à Londres-Heathrow, comme l’indique un communiqué de BA. Ils reviennent à la compagnie britannique, conformément à ce qui était prévu dans l’accord signé en octobre dernier.

BA avait alors accepté d’accorder à Swiss un crédit de 50 millions de francs, garanti par ces slots. Ces créneaux étaient tous utilisés par Swiss. Les vols en partage de code (code-sharing) entre Genève et Heathrow vont en revanche se poursuivre ces trois prochaines années.

«Tous les autres partages de code s’éteindront à la fin 2004», poursuit BA. Cité dans le communiqué, Rod Eddington, patron de la compagnie, se dit «déçu» de la décision de Swiss, mais «accepte» qu’il appartienne à la compagnie helvétique de «décider ce qui est dans son meilleur intérêt».

Priorité ou question de survie?

Swiss se débat toujours dans les chiffres rouges avec une perte annuelle de 687 millions de francs en 2003 et de 78 millions sur les trois premiers mois de 2004. Elle attendait de Oneworld des retombées positives de 100 millions de francs par an au niveau de la rentabilité d’ici à trois ans.

Au moment de l’annonce de l’entrée dans Oneworld, l’opération avait été présentée comme un moyen de sortir de l’isolement dans lequel se trouvait la compagnie suisse depuis son lancement le 1er avril 2001. La grande majorité des experts s’accordaient à dire que Swiss ne pouvait pas espérer viser la rentabilité en restant seule.

Ce qui ne semble pas inquiéter outre mesure Pieter Bouw. Selon le président de la compagnie, l’entrée dans une alliance «constitue toujours une priorité, mais n’est pas une question de survie».

Lufthansa toujours dans la course

Au final, l’aventure Oneworld aura coûté cinq millions de francs à Swiss. Si Pieter Bouw affirme que pour l’instant, aucune négociation n’est en cours avec un autre partenaire, les regards se tournent à nouveau vers Star Alliance, emmenée par Lufthansa.

Et ce d’autant que Christoph Franz, qui prendra la tête de Swiss le 1er juillet, est un ancien manager de la compagnie aérienne allemande.

Lufthansa qui avait même proposé une fusion aux Suisses, et dont le patron Wolfgang Mayrhuber a répété à diverses reprises que la porte n’était pas verrouillée de son côté, même si les Suisses l’avaient fermée l’automne dernier.

«C’est à Swiss à décider comment elle entend continuer», déclare jeudi matin Klaus Walther, porte-parole de Lufthansa. Et d’ajouter que les bases pour de nouvelles négociations ont changé, même si l’augmentation de capital décidée récemment par Lufthansa «n’a rien à voir avec Swiss».

L’action flambe

L’action Swiss a bondi à la Bourse suisse après l’annonce de l’échec de son entrée dans Oneworld. Après une ouverture stable, le titre a rapidement commencé à flamber.

L’action Swiss gagnait 8,3 % à 12,45 francs vers 10h00. Les courtiers spéculent désormais sur l’ouverture de négociations pour une entrée dans la Star Alliance de Lufthansa. Le titre de l’aéroport de Zurich (Unique Airport) perdait lui 0,7 % à 100,50 francs.

swissinfo et les agences

Swiss en 2003:
Perte opérationnelle: 497 millions de francs suisses
Perte nette (coûts de restructuration compris): 687 millions
Chiffre d’affaires: 4,126 milliards
Réserves au 31 décembre: 503 millions

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