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Swisscom ne rachètera pas Telekom Austria

Près de deux ans de négociations pour un nouvel échec. Keystone

Le géant bleu et l'ÖIAG - la holding d'Etat contrôlant Telekom Austria - ont mis un terme jeudi à leurs discussions.

C’est un échec pour Swisscom qui cherchait à acquérir 42,2% de l’opérateur autrichien.

Après près de deux ans de discussions et de rumeurs, la saga Swisscom-Telekom Austria est donc définitivement terminée.

Manifestement déçu, le patron de Swisscom s’est tout de même voulu rassurant. Il a expliqué que le géant bleu allait désormais se concentrer sur son marché intérieur.

«Nous avons manqué une chance attrayante pour les actionnaires de Swisscom», a déclaré Jens Alder sur les ondes de la Radio Suisse Romande.

«Mais pour l’existence et l’avenir stratégique de l’entreprise, ce n’est qu’une option qui nous manque…rien d’existentiel.»

Suite à l’échec de cette transaction, le directeur général de Swisscom a dit ne pas voir pas d’autre objet à acquérir à l’étranger dans l’immédiat.

«Nous allons désormais nous focaliser sur le marché suisse. Il y a de grands challenges qui nous attendent ainsi que de grandes opportunités technologiques.»

Déjà plusieurs échecs à l’étranger

Il faut dire que ce nouvel échec est à ajouter à bien d’autres malheureuses tentatives d’expansion de Swisscom à l’étranger.

Entre 1993 à 2004, Swisscom (et autrefois des PTT) a ainsi investi et perdu plusieurs milliards de francs dans Unisource, Télécom tchèque SPT ainsi que dans des participations en Inde et en Malaisie. Mais le plus grand flop reste l’achat et la vente de la filiale allemande de l’opérateur Debitel.

A l’heure actuelle, l’opérateur historique suisse ne possède qu’une participation à Infonet aux Etats-Unis.

Tout était pourtant prêt

De son côté, la holding autrichienne a fait savoir qu’elle voulait désormais mettre en Bourse 17% de Telekom Austria, comme ce qui était prévu à l’origine.

«Mais il faudra choisir très soigneusement le moment pour le faire», a indiqué le directeur de l’ÖIAG Peter Michaelis, regrettant l’échec des pourparlers.

Le rapprochement aurait créé le 5e opérateur européen, selon la capitalisation boursière. L’accord aurait encore dû être approuvé dimanche par le conseil de surveillance de l’ÖIAG avant d’être présenté au public.

Une source proche du dossier avait annoncé mercredi que Swisscom était sur le point de prendre une participation de 42% dans Telekom Austria, opération qui aurait évalué ce dernier à quelque 7,5 milliards d’euros et conduit l’ÖIAG à prendre 11% du capital du géant bleu.

Toujours selon cette source, les deux groupes s’étaient déjà entendus pour que cette part de 11% accorde à l’Etat autrichien les droits d’une minorité de blocage, alors que c’est normalement le cas à partir de 25 % du capital plus une voix.

Front de refus

Force est de constater que ce rapprochement se heurtait à de vives oppositions en Suisse et en Autriche.

Le projet ne faisait en effet pas l’unanimité. En Suisse, les analystes interrogés se montraient sceptiques sur les synergies éventuelles que Swisscom pourrait retirer d’une telle opération.

Côté autrichien, il s’agissait avant tout d’une forte réticence politique. Syndicats et partis d’opposition – sociaux-démocrates et Verts – sont allés jusqu’à évoquer une «braderie» sur la plus grande entreprise cotée à la bourse de Vienne.

Même le parti d’extrême droite FPOe, pourtant allié des conservateurs au sein de la coalition au pouvoir, a lui aussi dénoncé une «vente hâtive».

Principal actionnaire de Swisscom avec 62,7% des parts, la Confédération n’a pas voulu s’exprimer sur la rupture des négociations.

«Nous n’avons rien dit avant et nous ne disons rien maintenant non plus», a déclaré Dieter Leutwyler, porte-parole du Département fédéral des finances (DFF).

swissinfo avec les agences

Swisscom espérait une participation de 42% dans Telekom Austria
Elle offrait en retour 11% de son capital et 1,5 milliard de francs
La Confédération détient toujours 62,7% de Swisscom

Quelques flops de Swisscom à l’étranger:

– En 1995 Swisscom (encore Télécom PTT) investit plus de 800 millions de francs en République tchèque. Swisscom revendra sa participation dans SPT pour 600 millions de francs.

– En 1996, Swisscom (toujours Télécom PTT) investit 250 millions en Inde et 390 millions en Malaisie. Son retrait lui coûtera plus de 500 millions de francs.

– En 1998, Swisscom rachète 50% de l’opérateur autrichien UTA. Il perdra plus de 400 millions de francs en se retirant d’une opération pas rentable.

– En 1999, le géant bleu investit des milliards dans l’opérateur allemand Debitel. Swisscom décidera de revendre ses parts en mars 2004. Coût de l’opération : plus de 2 milliards de francs.

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