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Swisscom veut poser le pied en Italie

Swisscom s'est décidé à franchir le Rubicon. Keystone

Le groupe suisse de télécommunications fait une offre d'achat de l'ordre d'environ 6 milliards de francs à Fastweb, l'un des principaux opérateurs d'Italie.

Le conseil d’administration de Fastweb a pris acte de la nature amicale de l’offre publique d’achat et souligne que celle-ci offre de bonnes opportunités de développement pour l’entreprise.

La cible de Swisscom est d’importance. En effet, Fastweb est le deuxième opérateur de téléphonie fixe et le leader dans la téléphonie par Internet en Italie.

«L’Italie constitue l’un des marchés les plus attrayants d’Europe dans la technologie du haut débit», a dit Carsten Schloter lundi lors d’une conférence téléphonique. Le patron de Swisscom a parlé d’un investissement stratégique dans le but de consolider la position de Fastweb.

Attente de recommandation

Swisscom entend régler son acquisition en espèces. L’opérateur historique suisse propose 47 euros par action, soit une prime de 19% pour un montant total de 3,7 milliards d’euros au maximum (pour 100% du capital). Il a déjà réalisé une procédure de due diligence en accord avec le conseil d’administration de Fastweb.

Ce dernier doit encore se prononcer sur une offre que Swisscom qualifie d’amicale. Une recommandation qui déterminera tout particulièrement l’attitude qu’adoptera l’actionnaire majoritaire (avec près de 19% du capital) et fondateur de la société milanaise, Silvio Scaglia, un entrepreneur transalpin âgé de 49 ans.

Fastweb en avance

Fondée en 1999, Fastweb est leader dans le domaine des services basés sur la téléphonie par Internet (IP), intégrant voix, données et vidéo. Elle compte déjà plus d’un million de clients et a généré un chiffre d’affaires de 1,26 milliard d’euros l’an passé, pour un résultat d’exploitation (avant amortissements) de 424,6 millions.

Swisscom estime que sa cible possède une avance de trois à cinq ans dans les nouvelles technologies, dans les applications multimédias fondées sur le haut débit notamment. Elle propose un service de télévision par Internet depuis 2001 déjà, alors que le géant bleu a lancé Bluewin TV il y a un peu plus de quatre mois.

Recours à la dette

Il s’agit d’un facteur décisif pour le développement aux yeux de Carsten Schloter. Pour souligner son propos, le patron de Swisscom a rappelé qu’en Italie la concurrence des réseaux câblés n’existait pas, contrairement au contexte helvétique.

La prise de contrôle de Fastweb doit aussi permettre d’apporter des liquidités dans les caisses de Swisscom (au niveau du cash-flow libre). La transaction devrait accroître son chiffre d’affaires de 20%, tout comme d’ailleurs son résultat d’exploitation (EBITDA), et ce dans un délai très court, selon Carsten Schloter.

Swisscom veut financer l’opération, qui comprend un éventuel refinancement de la dette de Fastweb (1,1 milliard d’euros), en s’endettant à hauteur de 4 milliards de francs. Selon le taux de succès de l’OPA, le groupe vendra ensuite un maximum de 4,9 millions d’actions propres acquises en 2006 dans le cadre d’un programme de rachat de titres.

Aval du gouvernement

En tant qu’actionnaire majoritaire de Swisscom, le gouvernement suisse n’est pas opposé à l’OPA lancée sur Fastweb.

Il estime qu’elle est importante du point de vue stratégique et qu’elle offre de nouvelles perspectives d’expansion à Swisscom, communique le Ministère suisse des communications (DETEC). Cette OPA respecte les objectifs stratégiques du gouvernement.

swissinfo et les agences

Jusqu’à présent, Swisscom n’a pas eu beaucoup de chance avec des projets de développement à l’étranger. Son plus grand projet, une participation dans l’allemand Debitel, s’était soldé par une perte d’environ 3 milliards de francs. Diverses participations en Hongrie, en Malaisie et en Inde avaient aussi causé des pertes financières.

D’autres projets n’ont pas pu être menés à bien. L’entrée dans Telekom Aurtria s’est heurtée à des résistances politiques autrichiennes. Et concernant l’entrée dans l’opérateur tchèque Cesky Telekom, Swisscom s’est fait brûler la politesse par l’espagnol Telefonica.

En novembre 2005, la Confédération – actionnaire majoritaire de Swisscom – avait mis un frein à ces projets en interdisant la reprise de l’irlandais Eircom. Cette décision avait suscité une vive discussion politique.

Pour éviter toute mésaventure, le gouvernement a fixé un plafond à l’endettement de Swisscom (une fois et demi le résultat d’exploitation EBITDA, soit environ 6 milliards de francs sur la base de 2006). De plus, les acquisitions doivent concerner des opérateurs sans mandat de service universel.

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