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Swissmetal menace de démanteler la Boillat

L'avertissement de Martin Hellweg est clair. Keystone

En cas de nouvelle grève, le patron de Swissmetal Martin Hellweg démantèlera «la Boillat», l'usine du groupe à Reconvilier, dans le Jura bernois.

A la veille de son assemblée, le personnel est averti. Lundi, il doit se prononcer sur la solution de compromis de l’expert indépendant, déjà approuvée par la direction et le syndicat.

C’est sans appel: si le personnel de Reconvilier s’avisait de voter lundi un nouvel arrêt de travail, Swissmetal «devra licencier les employés grévistes sans préavis». Ainsi parle Martin Hellweg, dans l’hebdomadaire dominical alémanique SonntagsZeitung.

Et le patron du groupe n’en reste pas là: une troisième grève signifierait le déclassement du site en une simple «base logistique». «Et dans ce cas, on ne parle plus que de 20 employés, et non de 200 comme aujourd’hui», ajoute Martin Hellweg.

La pression est donc totale sur les employés de la Boillat, à la veille d’une assemblée décisive. C’est lundi en effet que le personnel se prononce sur les propositions de l’expert indépendant Jürg Müller, rendues partiellement publiques jeudi.

Un refus pourrait en outre signifier la fin de la médiation, comme l’a déjà averti Rolf Bloch, l’homme qui tente depuis février de trouver une solution au conflit.

«Sauver un site de production»

Le rapport de l’expert propose notamment de réengager 35 des 111 employés licenciés récemment, de repourvoir les dix postes de cadres vacants, ainsi que de créer un poste de «chef d’usine».

Il est également prévu de conserver une fonderie pour les spécialités à Reconvilier pendant quatre ou cinq ans et de créer un groupe d’accompagnement pour suivre la mise en place des mesures proposées. Un groupe dont pourrait faire partie Rolf Bloch.

Samedi, dans une interview parue dans le Journal du Jura, Jürg Müller s’est dit convaincu que La Boillat avait un avenir dans Swissmetal. «Il faut que les deux parties prennent conscience que finalement, il ne s’agit pas d’avoir raison. Ce qui compte, c’est de sauver un site de production», constate l’expert.

Jürg Müller encourage par ailleurs la direction à jouer la carte de la franchise et de la vérité, «en gardant le cap fixé, sans changer sans cesse de ligne». Quant aux employés, ils auraient tout intérêt, selon lui, à se montrer «loyaux envers la direction».

«Mensonges»

Si la direction et le syndicat Unia se sont dits satisfaits des recommandations, la délégation du personnel s’y oppose, comme elle le rappelle en détail dans un communiqué publié samedi.

Selon elle, la direction continue d’énoncer des mensonges et il n’y a pour l’heure toujours aucune garantie quant à l’avenir du site.

La délégation du personnel déplore également que la direction continue d’affirmer que c’est la grève qui a mis le groupe en difficulté. Pour elle, «C’est bel et bien le management de Swissmetal et sa politique conduisant à la destruction du site de la Boillat qui sont en cause».

Toujours selon le communiqué, le carnet de commande de la Boillat est plein et assurerait du travail jusqu’à la fin de l’année aux 350 salariés.

La prétendue chute de 30% avancée par Swissmetal ne serait que la conséquence d’un transfert de commandes de Reconvilier vers le site de Dornach et vers l’entreprise allemande Busch-Jaeger.

Scepticisme également du côté du comité de soutien de la Boillat, qui comprend notamment des élus de la région. Pour lui non plus, la pérennité du site n’est pas assurée et «la direction a montré par le passé qu’elle faisait peu de cas des accords conclus». Le comité s’en remet néanmoins à la décision que le personnel prendra.

swissinfo et les agences

– Swissmetal fabrique de produits métalliques et des alliages à haute valeur ajoutée pour divers secteurs industriels comme l’électronique, les télécommunications, l’aviation, les transports et l’horlogerie.

– En décembre 2005, la direction a annoncé son intention de fermer la fonderie de Reconvilier (dans le Jura bernois), pour transférer ses activités à Dornach, dans le canton de Soleure. Selon ce plan, la Boillat ne conserverait que la finition des fils et des barres de métal.

16 novembre 2004: le personnel de Swissmetal-Boillat débraie durant dix jours pour protester contre le licenciement du directeur du site.
25.janvier 2006: le personnel reprend la grève. Il s’oppose aux restructurations annoncées fin 2005 par la direction.
9 février: l’industriel à la retraite Rolf Bloch est nommé médiateur.
23 février: le personnel vote la suspension de la grève. Le travail reprend une semaine plus tard. La médiation est ouverte.
24 mars: alors que la médiation est en cours, Swissmetal supprime 111 postes de travail à Reconvilier.
4 avril: le médiateur annonce la désignation d’un expert indépendant, pour étudier le maintien de la totalité du site.
15 juin: le rapport de l’expert, Jürg Müller, est approuvé par le syndicat Unia et la direction de Swissmetal. Il préconise notamment le réengagement de 35 des 111 personnes licenciées.

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