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Syngenta imperturbable face aux critiques contre les OGM

Syngenta: bons résultats, critiques importantes. Keystone

Le géant agrochimique suisse Syngenta accroît ses bénéfices avec ses produits génétiquement modifiés. Les critiques ne baissent pas en intensité non plus.

«Nos produits protègent les récoltes et nos semences génétiquement modifiées contribuent à améliorer l’approvisionnement alimentaire mondial»: c’est la conviction du groupe Syngenta, basé à Bâle.

Pour ses adversaires en revanche, certaines activités de Syngenta font du tort aux pays en voie de développement.

Au premier semestre, Syngenta a réalisé un bénéfice net de 1,57 milliard de francs dans le monde. Les ventes ont progressé de 20%. Selon son directeur Mike Mack, Syngenta est en bonne voie pour réussir à augmenter l’offre alimentaire mondiale de 50% ces vingt prochaines années. C’est en tous les cas le défi que le groupe s’est fixé.

«L’augmentation du prix des marchandises et son impact sur les coûts de l’alimentaire ont suscité une prise de conscience sur le rôle vital de l’agriculture dans le monde», a affirmé Mike Mack.

Pays émergents

«Nous entendons intensifier nos efforts sur les marchés émergents, a ajouté le directeur. Il s’agit d’introduire les technologies agricoles modernes dans les pays où les besoins en gains de productivité sont les plus forts.»

Mais les organisations non gouvernementales telles que la Déclaration de Berne (DB) fustigent Syngenta. L’ONG a, par exemple, mené une longue campagne contre un désherbant toxique, le Paraquat, interdit en Europe et dans de nombreux autres pays. Syngenta a toujours clamé l’innocuité de son produit.

La DB critique aussi Syngenta pour ses brevets sur le vivant, les gènes pour le riz par exemple. Les brevets sont susceptibles d’empêcher la recherche d’autres groupes agroalimentaires, critique ainsi la Déclaration de Berne.

Et la liste des reproches ne s’arrête pas là. Le porte-parole de la DB François Meienberg estime aussi que Syngenta aggrave le problème des réserves alimentaires mondiales en développant un maïs génétiquement modifié destiné aux biocarburants. Du coup, les récoltes consommables diminuent.

«En encourageant les biocarburants, Syngenta contribue à l’augmentation des prix alimentaires constatée ces derniers mois et ces dernières années», a expliqué François Meienberg à swissinfo.

«L’argument selon lequel les organismes génétiquement modifiés, les OGM, sont nécessaires car la surface agricole est limitée sur la planète, ne tient pas la route, a ajouté le porte-parole. C’est une contradiction avec l’affirmation selon laquelle ces surfaces sont nécessaires pour produire des biocarburants. En fait, ceux-ci auront un impact négatif sur la sécurité alimentaire.»

Syngenta rétorque que ses travaux de mise en valeur de la production de maïs permettront aussi de produire davantage de nourriture.

«Syngenta mène actuellement des recherches sur la deuxième génération de biocarburants. La matière première en sera fournie par les déchets organiques et non par la partie alimentaire de la plante», a précisé le groupe dans une réponse écrite à swissinfo.

Moratoire en Suisse

Pour Syngenta, le contexte suisse est plutôt défavorable. En 2005, les citoyens ont adopté un moratoire de cinq ans sur l’utilisation agricole d’OGM. En juin dernier, un site expérimental de maïs transgénique a été détruit près de Zurich.

En conséquence, Syngenta a accru ses activités en plein champ aux Etats-Unis. Le groupe est aussi en train de bâtir un centre de recherche en Chine. Mais il investira aussi 150 millions de francs d’ici 2010 à Monthey, en Valais. En avril dernier, le centre de recherche et de développement de Stein (AG) a été inauguré.

«Nous pensons que les agriculteurs devraient pouvoir choisir les meilleures technologiques possibles, y compris les OGM, pour atteindre leurs buts en matière de récoltes tout en respectant les principes du développement durable. Utilisée depuis des années par des paysans, la technologie génétique est sans danger», écrit Syngenta.

Le groupe est convaincu qu’il œuvre en faveur des capacités alimentaires mondiales. Mais le débat rebondira.

swissinfo, Matthew Allen
(Traduction et adaptation de l’anglais: Ariane Gigon)

Syngenta est née en 2000 de la fusion des activités agro-chimiques de Novartis et de Astra Zeneca.

Il est un leader mondial dans le secteur de la protection des cultures et le 3e groupe en ce qui concerne la production de semences, un domaine à forte plus-value commerciale.

Syngenta a réalisé un excellent premier semestre 2008, avec un bénéfice net de 1,57 million de francs et des ventes en progression de 20% pour les produits de protection des cultures, de 15% pour les semences.

Syngenta emploie plus de 2500 employées et employés en Suisse, sur six sites de production (Bâle, Monthey, Stein, Münchwilen, Dielsdorf, Kaisten).

Les citoyens suisses ont voté en 2005 un moratoire de 5 ans sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) dans l’agriculture.

En conséquence, le gouvernement suisse a mis en place une des législations les plus sévères d’Europe dans ce domaine.

Dans l’Union européenne, un moratoire de six ans est arrivé à échéance en 2004. De nouvelles utilisations pour des OGM dans l’alimentation ont été acceptées.

Mais l’Allemagne et la France ont également voté des interdictions nationales sur des produits qu’elles considèrent comme non sûrs.

L’Espagne est le seul pays européen où le maïs transgénique est cultivé en quantités.

L’UE reste une zone du monde largement «libre» d’OGM.

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