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Taux records de poussières fines

Zurich dans la brume et... les poussières fines. Keystone

Les concentrations de particules fines dans l'air, nuisibles pour la santé, ont atteint des sommets inégalés mercredi en Suisse.

Jusqu’ici, les mesures d’urgence n’ont pas porté leur fruit, ce qui poussent certains cantons à réagir. Il est notamment question de limiter la vitesse à 80km/h sur les autoroutes.

Ces dernières semaines, les concentrations ont atteint des sommets. La valeur-limite a été dépassée plusieurs fois dans dix des treize stations de mesure du réseau NABEL qui calculent en continu la pollution de l’air en Suisse.

Début janvier, le dépassement de la valeur-limite a duré près de deux semaines dans certaines villes. Ces valeurs élevées sont caractéristiques en hiver et la présence d’un stratus peut contribuer à cette situation.

Trop haut…

Mais mercredi les stations de mesure ont enregistré des concentrations records. Sur les dernières 24 heures, Lausanne a ainsi atteint une valeur moyenne de 228 microgrammes par mètre cube, soit plus de quatre fois le seuil toléré de 50 µg/m3.

Zurich, Berne, Bâle et Sion affichaient également des valeurs importantes en soirée: respectivement 201, 126, 138 et 89 microgrammes par mètre cube, selon les données de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) publiées sur son site internet.

Si les villes du Plateau suisse restent les principales concernées, la campagne n’a pas été épargnée. Même au Rigi (LU), qui culmine pourtant à 1797 mètres, la limite a été frôlée (45 µg/m3).

…Trop souvent

Le seuil fixé dans l’ordonnance sur la protection de l’air ne devrait pas être dépassé plus d’une fois par an. Or il l’a déjà été à 21 reprises à Berne, 20 fois à Lausanne et 18 fois à Zurich depuis le début de l’année.

A mi- janvier, le ministre suisse de l’environnement Moritz Leuenberger a lancé un plan d’action pour réduire cette pollution.

Son plan comprend neuf mesures urgentes, en particulier dans le domaine des transports. A plus long terme, il est aussi question d’imposer un filtre à particules aux nouveaux véhicules diesel.

La pollution atmosphérique actuelle pousse aussi certains cantons à réagir. Les directeurs cantonaux de l’environnement de Suisse centrale demandent la mise en place de mesures rapides au niveau fédéral.

A Berne, le Conseil municipal de la ville a appelé le canton à réduire sans délai la vitesse sur les autoroutes à 80km/h. Et Zurich va plus loin encore en proposant d’introduire cette limite sur toutes les autoroutes de Suisse.

En Suisse alémanique, les autorités de plusieurs cantons et communes ont prié la population de ne plus chauffer au bois et d’éviter d’allumer des feux à l’extérieur. Quant aux voitures, surtout celles consommant du diesel, elles devraient rester au garage.

Manque de données

A Lausanne, le maire écologiste Daniel Brélaz, lui, ne veut pas céder à la panique. Il réclame des autorités fédérales et cantonales des informations détaillées sur l’origine de ces particules fines et les risques qu’elles font réellement courir à la population.

«On manque cruellement de données pour mener un débat sensé. Actuellement, je ne sais pas si cette norme de 50 microgrammes est là pour faire avancer la technologie ou si elle est l’indicateur d’un réel danger. Et si oui, ce risque concerne-t-il une personne sur cent ou plutôt une personne sur mille», se demande-t-il.

Pour pouvoir prendre des mesures efficaces, selon lui, il faut d’abord connaître la carte des pollueurs objectifs: quelle proportion de particules fines provient du trafic lourd, du trafic léger et des chauffages.

Risques pour la santé

Les poussières fines se répandent dans le corps via le système respiratoire, provoquant diverses maladies telles que toux, arrêts cardiaques ou cancers du poumon.

Selon l’Office fédéral de l’environnement, 3700 personnes meurent prématurément chaque année à cause des particules fines.

Les personnes à risques devraient éviter de sortir lorsque le seuil de concentration est dépassé, recommande le professeur Philipe Leuenberger, chef du service de pneumologie au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).

La recommandation s’adresse aux personnes qui présentent des troubles respiratoire. Elle concerne aussi les enfants et les personnes âgées, précise le spécialiste.

swissinfo et les agences

En Suisse, la valeur limite de concentration de particules fines dans l’air est fixée à 50 microgrammes par mètre cube.
L’Union européenne adopte la même limite.
Aux Etats-Unis, le taux est fixé à 150 microgrammes.

Les particules fines sont formées de particules primaires (issues des processus de combustion, du frottement mécanique des pneus sur les routes ou des tourbillons de poussière naturels) et de particules secondaires (qui se forment dans l’air à partir de gaz précurseurs).

Les particules les plus problématiques sont celles qui proviennent des gaz d’échappement des moteurs diesel, même si des microparticules sont aussi émises par l’agriculture et les chantiers de construction.

En raison de leur petite dimension, ces particules peuvent pénétrer profondément dans les voies respiratoires et avoir de graves conséquences sur la santé.

La pollution par les particules fines est accentuée en hiver par le phénomène de l’inversion thermique.

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