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Terrorisme: la Suisse se défend d’être laxiste

C'est de cet immeuble de Lugano qu'opérait la société Al-Taqwa, soupçonnée de financer Al-Qaïda. Keystone

La Suisse a réagi avec fermeté lundi à New York aux critiques d'un groupe d'observateurs de l'ONU sur l'application des sanctions contre Al-Qaïda et les Talibans.

Ce groupe reproche à la Suisse un manque de fermeté dans la lutte contre le terrorisme.

Rendu public au début du mois, le rapport du groupe d’observateurs des Nations Unies sur l’application des sanctions contre le réseau Al-Qaïda et les Taliban porte principalement sur le Proche-Orient. Mais dans les quelques pages où il la mentionne, il n’est pas tendre avec la Suisse.

Certains passages du document laissent entendre que Berne n’applique pas assez fermement les sanctions voulues par la communauté internationale.

Ainsi, on peut lire au paragraphe 155 qu’«un trafic d’armes limité» aurait lieu en Suisse. Pour la Mission suisse auprès des Nations Unies, ce grave reproche est très surprenant et sans fondement.

L’ombre d’Al-Taqwa

Une autre critique est liée à Youssef Nada, dirigeant de la société tessinoise Nada Management. Résidant dans l’enclave italienne de Campione d’Italia, aux portes de Lugano, il figure sur la liste des individus soupçonnés par l’ONU de financer le terrorisme.

En conséquence, il est frappé d’une interdiction de voyager. Or, selon le rapport, il se serait rendu en janvier dernier à Vaduz (Liechtenstein) pour y changer les noms de certaines de ses sociétés. Et pour ce faire, Nada aura forcément dû passer par la Suisse.

La société Nada Management, anciennement appelée Al-Taqwa, est soupçonnée par la justice suisse d’avoir participé au financement des groupes accusés des attentats du 11 septembre 2001. Elle est sous enquête du Ministère public de la Confédération depuis deux ans.

Vive réaction suisse

Lundi à New York, la Suisse s’est vivement défendue contre ce rapport au cours d’une rencontre informelle avec le comité des sanctions des Nations Unies.

A noter que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne étaient opposés à la tenue de cette réunion. En effet, les Etats qui ne sont pas membres du Conseil de sécurité n’interviennent normalement pas devant le comité des sanctions.

La Mission suisse auprès des Nations Unies indique avoir eu la possibilité de corriger «des erreurs factuelles» contenues dans le rapport et de réfuter «des reproches implicites».

Il y a un mois déjà, en première réaction à ce rapport, le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) avait indiqué qu’il allait recommander au gouvernement d’envisager la confiscation des biens immobiliers des personnes soupçonnées de liens avec le terrorisme.

Actuellement, seuls les comptes en banque peuvent être gelés. Depuis septembre 2001, la Suisse a d’ailleurs déjà bloqué 34 millions de francs dans le cadre de la traque mondiale aux réseaux terroristes.

swissinfo et les agences

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