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Thomas Held veut convaincre la Suisse de jouer de ses atouts

Thomas Held, un ancien soixante-huitard reconverti dans le marketing. swissinfo.ch

Thomas Held, le directeur de la «Fondation Avenir Suisse», s´exprime pour la première fois sur les objectifs de cette «usine à penser», créée par la grande industrie suisse.

En pleine crise d’identité, la Suisse se dote d’institutions destinées à redorer son «label». On l’a vu récemment avec l’arsenal de PRésence Suisse. Les grandes entreprises, elles, privilégient une réflexion sur et pour les Suisses avec «Fondation Avenir Suisse».

Cette Fondation a été créée en décembre 1999 par les fleurons de l’industrie nationale, Novartis, UBS, le Credit Suisse, Nestlé et d’autres. Objectif: créer un «think tank» qui permette à la Suisse de s’adapter aux défis des bouleversements actuels.

Le Conseil de fondation, présidé par Walter Kielhoz, patron de Swiss Re, a également créé un Conseil scientifique dirigé par le Professeur bernois en macro-économie, Ernst Baltensberger. Et pour diriger la Fondation elle-même dès le 1er janvier, c’est Thomas Held qui a été choisi.

Ce sociologue «ex-soixante-huitard» reconverti dans le marketing et la communication s’est notamment rendu célèbre comme directeur exécutif de la Fondation du Centre des congrès et de la culture de Lucerne.

Déchargé de son devoir de réserve, Thomas Held a fait part à swissinfo de ses objectifs: «Il ne s’agit pas de faire du marketing de la Suisse mais bien plus de mener des recherches pointues sur certains thèmes dans le but de convaincre les Suisses de transformer la réalité politique et d’adapter cette dernière aux changements actuels.»

Pour Thomas Held, «la Suisse souffre d’un double paradoxe. D’une part, elle dispose d’un capital énorme dans beaucoup de domaines: niveau de vie, institutions, recherche, prix Nobel, etc. D’autre part, elle n’a pas encore su s’adapter aux nouvelles exigences. Ce n’est pas une question idéologique mais le monde a changé comme jamais dans l’histoire de l’humanité, personne n’y peut rien, on est obligé de s’adapter.»

Comment? Thomas Held se donne trois thèmes d’intervention pour commencer: comment accélérer le processus de décision institutionnel, comment dégripper l’immigration et du coup résoudre la question démographique qui se profile pour la Suisse, améliorer la formation et la motivation de la génération montante, celle des 30-40 ans.

Par quels moyens? En réunissant un maximum d’informations solides, en ouvrant le débat et en persuadant un grand nombre. «Mais pas tout le monde, se reprend Thomas Held, je vise une majorité des deux tiers contre un tiers. Si vous visez plus, vous retombez dans le compromis qui bloque la machine.»

Il faut dire que la «Fondation Avenir Suisse» a les moyens de ses ambitions. Dotée d’un capital de 50 millions de francs, elle dispose d’un budget annuel d’environ 5 millions de francs. Thomas Held compte engager entre dix et douze personnes, dont pour la moitié des chercheurs et des scientifique, et pour le reste des journalistes ou communicateurs chargés ensuite de convaincre.

Thomas Held a trois ans pour convaincre ses bailleurs de fonds, après quoi le Conseil se livrera à une première évaluation des résultats, puis une autre deux ans plus tard. Il lui faudra donc aller vite.

Isabelle Eichenberger


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