Thomas Lüthi: l’exemple à suivre…
Fantastique deuxième du GP de Catalogne dimanche, le jeune Thomas Lüthi porte seul les espoirs de la Suisse dans le milieu du motocyclisme.
Mais d’autres graines de champion seraient sur sa trace. Et pourraient tantôt se retrouver aux côtés du Bernois.
Voici plus d’une décennie brillait le «grand Jacques», Cornu de son nom de famille. Depuis peu, il y a le «petit Tom», Lüthi de son patronyme.
Au guidon de leur moto, tous deux sont de la race des seigneurs. Seule différence: le premier a sa carrière de pilote professionnel derrière lui, le second ne fait que débuter la sienne. Et de quelle manière!
Départ sur les chapeaux de roue
Le 21 juillet 2002, Thomas Lüthi est devenu à l’âge de 15 ans, 10 mois et 15 jours le plus jeune pilote suisse de l’histoire à disputer un Grand Prix de Championnat du monde.
Mieux: dimanche passé, au Grand Prix de Catalogne, le Bernois a terminé au second rang. Offrant à la Suisse un nouveau podium en Championnat du monde 125 cm3, 12 ans après son homonyme Heinz Lüthi.
Encore plus étonnant: sur le circuit de Barcelone, il ne participait qu’à sa 13e course!
Cette loi qui pénalise le motocyclisme
Mais voilà, cet exploit est à la fois réjouissant et paradoxalement inquiétant. Le Bernois serait-il cette exception qui confirme la règle? Une règle qui voudrait que motocyclisme et suisse n’aillent pas de pair…
«Non!», rétorque catégoriquement Jean-Pierre Dubosson, le président de la Fédération motocycliste suisse (FMS): «Nous avons une grande culture de la moto en Suisse.»
Les chiffres tendraient à lui donner raison. En 2001, il y avait une moto pour 14 habitants selon l’Office fédéral de la statistique.
Du coup, le problème se situerait ailleurs. «A l’heure actuelle, aucune course n’est autorisée sur le territoire helvétique, argumente-t-il. Nos pilotes doivent donc s’entraîner et concourir hors de nos frontières comme ce fut le cas pour Thomas Lüthi.»
Mais la situation pourrait changer dans un avenir plus ou moins proche. «Nous planchons sur un projet de construction d’un circuit permanent dans la région de Moudon, souffle Jean-Pierre Dubosson. Et ces prochains jours, une rencontre est prévue avec des parlementaires à Berne». L’espoir est donc de mise.
Une bonne école: le Pocket Bike
Jusqu’à cette échéance, les jeunes adeptes de l’équilibrisme sur deux roues devront se contenter du Championnat de Suisse de Pocket Bike. Une compétition créée en 1996 par le Gruyère Pocket-Bike Club et soutenue depuis six ans par la FMS.
«Cette filière porte aujourd’hui ses fruits avec l’éclosion au plus haut niveau de Thomas Lüthi, ancien champion de Suisse de Pocket Bike», se réjouit Jean-Pierre Dubosson.
Et le président de la FMS de renchérir. «Mais le Bernois n’est pas seul. D’autres jeunes Suisses suivent la voie qu’il a tracée. On pourrait tantôt les apercevoir en Championnat du monde. J’en suis persuadé.»
swissinfo, Raphael Donzel
– Dimanche passé, Thomas Lüthi (16 ans) a terminé 2e du Grand Prix de Catalogne (125 cm3).
– C’est le premier podium d’un Suisse depuis la 3e place de Heinz Lüthi en 1991.
– A l’heure actuelle, le Bernois est le seul Helvète engagé en Championnat du monde toute cylindrée confondue.
– Selon Jean-Pierre Dubosson, le président de la Fédération motocycliste suisse, d’autres jeunes Suisses pourraient percer d’ici quelques années au plus haut niveau.
– Nombreux d’entre eux ont accompli leurs premiers tours dans le Championnat de Pocket Bike avant de quitter la Suisse pour concourir dans les championnats nationaux des pays voisins.
– Selon la loi suisse, aucune course sur route n’est en effet autorisée sur le territoire. Et depuis la fermeture du circuit de Lignières (BE), il n’existe plus de circuit.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.