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Tintin, 75 ans!

Haddock et Tintin devant la Gare Cornavin. Hergé/Moulinsart

Les trois-quarts de siècle de Tintin nous offrent l’occasion d’évoquer ses relations avec la Suisse. Car le jeune reporter belge est passé par Genève et Nyon. Hergé également, ainsi que par Gland et Villars…

Le 10 janvier 1929, dans «Le Petit Vingtième», supplément jeunesse du journal belge le «Vingtième siècle», paraissait la première planche de «Tintin au pays des Soviets».

La Suisse n’est pas particulièrement réputée pour sa célérité… et pourtant, en 1932 déjà, les aventures de Tintin sont publiées dans l’hebdomadaire romand «L’Echo illustré»!

Vingt-trois albums des aventures de Tintin ont été publiés, traduits en plus de cinquante langues et vendus à 200 millions d’exemplaires. Derrière ce phénoménal succès d’édition, il y a bien sûr Hergé, né Georges Rémi en 1907, décédé en 1983.

De Piccard à Tournesol

«Il était à mes yeux le type même du savant», confiait l’auteur à son biographe Numa Sadoul. On le sait, pour créer le personnage du professeur Tournesol, Hergé s’est inspiré d’Auguste Piccard, inventeur de la cabine pressurisée et créateur du «Bathyscaphe», qu’il croisait parfois à l’époque où le chercheur suisse enseignait à l’Université de Bruxelles.

Ce que l’on sait moins, c’est qu’avant même la création du personnage de Tournesol, Hergé avait représenté Auguste Piccard dans «L’Etoile mystérieuse», parmi l’équipe de scientifiques embarqués à bord de «L’Aurore» pour partir à la découverte du fameux aérolithe…

Autre ressortissant helvétique à participer à cette croisière mouvementée, le professeur Cantonneau, de l’Université de Fribourg, qui réapparaît plus tard dans «Les sept boules de cristal» et «Le Temple du Soleil», victime de la malédiction de Rascar Capac.

Tintin en Suisse

S’il existe bien un «Astérix chez les Helvètes», il n’existe pas de «Tintin en Suisse». Officiellement en tout cas. Car c’est pourtant là le titre de l’un des plus célèbres pastiches de Tintin, paru en 1976.

Un album qui permet de découvrir un Tintin franchement sexué et ne crachant pas dans son verre, de faire connaissance avec les parents lourdingues du reporter et de se rincer l’œil face à une Bianca Castafiore reconvertie dans le cabaret dénudé. Ce bref survol suffit à confirmer qu’il s’agit bien d’un «pirate».

D’autres pastiches, moins célèbres, mettent également Tintin en relation avec la Confédération helvétique: ainsi «Tintin et l’énigme du 3e message» et «L’affaire K».

Néanmoins, au cours de ses nombreuses aventures ‘officielles’, Tintin s’arrête bel et bien en Suisse. Cela se passe dans «L’affaire Tournesol», publié en feuilleton dès 1954 et paru sous forme d’album en 1956.

Route de Saint-Cergue

Inventeur d’un dispositif à ultra-sons révolutionnaire, le professeur Tournesol se rend en Suisse à l’occasion d’un voyage scientifique. Tintin et Haddock tentent de l’y rejoindre, car ils le savent en danger: des espions bordures sont à ses trousses.

Le jeune reporter et le vieux loup de mer atterrissent à Genève. L’occasion pour le lecteur de découvrir l’aéroport de Cointrin, puis la Gare Cornavin et l’hôtel du même nom.

De suivre ensuite la «Route du Lac», avec en passant un plongeon impromptu dans les eaux du Léman. Et de faire finalement une escale à Nyon, dans la maison du professeur Alfredo Topolino.

Dans le récit, la maison finit par exploser. Ce qui n’empêche pas le capitaine, sur une civière, de déguster un petit vin blanc de la région longuement convoité… Dans la réalité, la maison est toujours là, au 57 bis route de Saint-Cergue.

Une fois Tryphon Tournesol enlevé – plan nocturne dans le parc de l’ambassade de Bordurie, une somptueuse demeure qui ressemble beaucoup à l’Ecole hôtelière de Lausanne – la suite de l’aventure prend place essentiellement dans la très austère et stalinienne Bordurie.

Neiges alpines

L’action de «L’affaire Tournesol» se déroule partiellement sur la riviera lémanique, peut-être parce que Hergé avait séjourné à plusieurs reprises dans la région, à Gland notamment.

Mais les paysages helvétiques ont imprégné d’autres album, en particulier «Tintin au Tibet». Hergé, en pleine dépression, avait fui Bruxelles pour la Suisse. Si le blanc omniprésent dans cette œuvre majeure est dû à l’obsession de pureté qui ravage alors Hergé, le graphisme du massif himalayen a été inspiré par les Alpes.

Plus tard, Hergé s’achètera d’ailleurs une propriété dans la station vaudoise de Villars. C’est toujours dans les Alpes vaudoises que vit aujourd’hui sa seconde épouse, Fanny, qui, avec son mari Nick Rodwell, gère l’héritage de Tintin à travers la Fondation Hergé, basée à Bruxelles.

Pour conclure ce survol tintino-helvétique, signalons que du 10 janvier et au 1er février, le Théâtre Am Stram Gram, à Genève, propose pour la troisième saison consécutive «Les bijoux de la Castafiore», mis en scène par Dominique Catton et Christiane Suter.

Mais… toutes les représentations affichent complet. C’est dire si, malgré ses 75 ans, le jeune reporter bruxellois se porte bien.

– La première planche de Tintin a été publiée le 10 janvier 1929 dans «Le petit vingtième», il y a 75 ans.

– Les aventures de Tintin conduisent celui-ci à Genève et à Nyon dans l’album «L’affaire Tournesol». Mais la Suisse a également imprégné le monde de Tintin à travers quelques personnages (professeur Tournesol, professeur Cantonneau) ou certains paysages (l’Himalaya dans «Tintin au Tibet»).

– Hergé connaissait d’ailleurs bien la Suisse. Il fut propriétaire d’une maison à Villars.

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