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Tir de barrage contre la nouvelle loi radio-TV

La SSR est également favorable à la rétrocession d’une partie de la redevance aux médias privés. Keystone

Le projet de nouvelle loi sur la radio et la télévision (LRTV) se heurte à une forte critique. Le gouvernement doit revoir sa copie.

La synthèse de la procédure de consultation a été présentée jeudi. Plus de 200 avis ont été exprimés. Personne ne conteste vraiment l’idée de base de la loi: assurer un service de qualité grâce à la Société suisse de radiodiffusion (SSR) et assouplir les règles pour les médias locaux ou régionaux.

Une véritable levée de bouclier

En revanche, plusieurs points de la loi posent problème. C’est surtout le cas pour la répartition de la redevance et pour la diffusion de publicité.

L’idée de réserver la redevance à la seule SSR (environ un milliard de francs par an) a suscité une véritable levée de bouclier, surtout en Suisse latine, où l’on craint une disparition des médias locaux.

Du côté des principaux intéressés, Claude Défago, patron de Radio Chablais et vice-président des Radios Régionales Romandes (RRR), est catégorique: «sans une partie de la redevance, nous sommes condamnés. Les recettes publicitaires dans notre région périphérique ne sont pas assez importantes pour nous faire vivre.»

La SSR est également favorable à la rétrocession d’une partie de la redevance aux médias privés. «Nous n’avons jamais souhaité l’abolition de ce système de partage».

Une redevance plus chère

Parmi les avis exprimés, les démocrates du centre, les jeunes radicaux et les petits patrons souhaitent que le prix de la redevance soit diminué de moitié.

Mais la SSR ne l’entend pas de cette oreille. Jeudi, elle a même demandé une augmentation de 5% de la taxe.

La récente exonération de la redevance pour retraités et handicapés à faibles revenus fait en effet perdre 50 millions par an à la SSR. «Ce n’est pas supportable, d’autant plus que nous avons déjà dû fortement limiter nos dépenses suite à la baisse des recettes publicitaires, déclare Josefa Haas. De plus, ce n’est pas à la SSR de financer les mesures sociales décidées par le gouvernement.»

En matière de publicité et de sponsoring, le projet gouvernemental prévoyait d’imposer des règles plus strictes à la SSR. Elles auraient en revanche été assouplies pour les diffuseurs locaux, pour compenser la perte de la redevance.

Favorables à un partage du gâteau

La majorité des participants à la consultation acceptent des règles plus sévères pour la SSR. Cependant, pour Josefa Haas, un tel scénario n’est pas possible. «Nous ne pouvons pas accepter des règles plus strictes vu la concurrence des médias étrangers», explique-t-elle.

Les médias régionaux romands sont eux favorables à un partage du gâteau publicitaire. «Cela n’a rien d’étrange, déclare Claude Défago. Nous avons constaté que la publicité sur la Radio Romande avait un effet d’appel pour nos radios régionales. Nous en profitons donc indirectement.»

En Suisse alémanique, les médias privés, soutenus par les radicaux et les démocrates du centre, veulent davantage encore de liberté en matière de publicité. Ils souhaitent notamment pouvoir diffuser de la réclame pour de l’alcool. Mais ce dernier point ne fait pas, et de loin, l’unanimité parmi les milieux consultés.

Ouvrage à nouveau sur le métier

Vu le nombre de critiques, le Département fédéral de la communication va maintenant améliorer son projet. La nouvelle mouture devrait être présentée l’été prochain.

Pour accéder à un consensus, le département de Moritz Leuenberger devra éviter tout manichéisme. «Séparer les médias publics avec toutes leurs vertus et les médias privés avec tous leurs vices était une réflexion politique un peu courte», conclut Claude Défago.

Olivier Pauchard, Palais fédéral

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SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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