Des perspectives suisses en 10 langues

Toujours plus de femmes battues en Suisse

La violence contre les femmes revêt de multiples visages. swissinfo.ch

L'an dernier, le nombre de femmes qui ont dû se réfugier dans un foyer pour échapper à un compagnon violent a augmenté de 20%.

Pour la Journée internationale contre la violence à l’égard des femmes, la ministre Micheline Calmy-Rey plaide pour un engagement accru contre cette «catastrophe silencieuse.»

L’an dernier en Suisse, près d’un millier de femmes ont dû se réfugier dans un foyer d’accueil pour se protéger des violences de leur conjoint. Un chiffre en augmentation de près de 20% par rapport à celui de 2001.

En tout, ces femmes maltraitées ont passé 55’459 nuits dans les foyers, soit 10% de plus qu’en 2001. Plus de 1000 enfants les accompagnaient.

«Les foyers ne servent pas uniquement à leur offrir un toit», explique la responsable du nouveau Service de lutte contre la violence du Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes.

«Pour elles, il faut que la vie continue, poursuit Monique Aeschbacher. Elles ont besoin d’aide pour trouver un travail et gagner leur indépendance. Car c’est souvent pour des raisons économiques que les femmes retournent chez un compagnon qui les bat.»

Une femme sur cinq

Selon une étude du Fonds national datant de 1997, en Suisse, près d’une femme sur cinq subit au cours de son existence des actes de violence physique ou sexuelle de la part de son partenaire.

«On note une évolution dans la manière dont le problème est traité en Suisse, poursuit Monique Aeschbacher. Nous avons une loi contre toutes les formes de violence et le code pénal permet désormais de poursuivre les auteurs de viols, de violence et de contrainte sexuelle.»

Nul doute que ces nouvelles mesures ont encouragé de nombreuses femmes maltraitées à sortir de leur silence et à chercher de l’aide dans un foyer.

De plus, une nouvelle modification du Code pénal est en chantier pour permettre de poursuivre d’office les conjoints violents.

Par contre, les foyers doivent faire face à la diminution des subventions publiques, ce qui inquiète fortement leur association faîtière.

Solidarité Femmes demande au Parlement de traiter rapidement la motion déposée par la députée socialiste Christine Goll, visant à accroître le soutien des pouvoirs publics aux maisons d’accueil.

«Catastrophe silencieuse»

Ce mardi 25 novembre marquait donc la Journée internationale des Nations Unies pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Lors d’un colloque organisé à Berne, la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a dénoncé cette «catastrophe silencieuse, du point de vue humain, économique et social.»

«Il n’existe guère de délits qui restent aussi souvent impunis», a ajouté la cheffe de la diplomatie helvétique, qui souhaite voir son pays s’engager encore davantage contre les violences faites aux femmes, en Suisse et dans le monde.

A la soumission à un compagnon violent s’ajoute souvent une forme moderne d’esclavage, lorsque les femmes sont victimes de la traite. Selon des estimations des Affaires étrangères, deux millions de femmes et d’enfants dans le monde sont soumis à ce trafic de chair humaine.

Et la Suisse n’est pas à l’abri. Environ 1500 à 3000 femmes et enfants, victimes de la traite, y entrent illégalement chaque année. S’y ajoutent les 1800 femmes qui arrivent annuellement avec le statut peu enviable de «danseuses de cabaret».

swissinfo et les agences

– Une femme sur cinq est maltraitée par son partenaire, en Suisse comme dans le reste du monde.

– En 2002 en Suisse, près de mille femmes ont dû se réfugier dans un foyer d’accueil pour se protéger d’un compagnon violent. C’est 20% de plus qu’en 2001.

– Environ 1500 à 3000 femmes et enfants, victimes de la traite, entrent illégalement en Suisse chaque année. On peut y ajouter les 1800 femmes qui arrivent avec le statut de «danseuse de cabaret».

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision