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150 jours-amende requis contre Robert Dill-Bundi

(Keystone-ATS) Le Ministère public a requis lundi 150 jours-amende avec sursis contre l’ancien champion cycliste Robert Dill-Bundi pour lésions corporelles graves par négligence. La défense a elle plaidé l’acquittement devant le tribunal de police de l’Est vaudois à Vevey (VD).

Le 22 août 2013, à Aigle, le champion olympique de poursuite de 57 ans a perdu connaissance au volant de sa voiture sur la route principale Lausanne-St-Maurice. Il a causé un grave accident, blessant sept personnes. Le jugement sera rendu mardi.

Plusieurs “moments d’absence”

Robert Dill-Bundi, souffrant depuis une quinzaine d’années d’un cancer au cerveau, actuellement en rémission, a dû subir plusieurs opérations pour soigner une tumeur. Dans les années qui ont précédé l’accident, il a connu plusieurs moments d’ “absence”, souffrant d’amnésie passagère.

Mise au courant de son état, une doctoresse du CHUV lui aurait conseillé six jours avant l’accident de s’abstenir de conduire avant d’avoir pu consulter un neurologue. Malgré cette mise en garde, il a continué à circuler au volant de son véhicule.

Le jour de l’accident, il se rendait avec un collègue, lui aussi titulaire du permis de conduire, au restaurant. Soudain, il a brusquement perdu connaissance, sans pouvoir retirer son pied de l’accélérateur.

Après avoir grillé un feu rouge, il a violemment heurté plusieurs véhicules. L’un d’entre eux a été poussé sur une cinquantaine de mètres. Sept personnes ont été blessées. Trois ont déposé plainte.

Négligence importante

Selon le Ministère public, l’homme avait “parfaitement compris que la conduite était dangereuse en raison des circonstances”. Il a néanmoins choisi de ne pas tenir compte du conseil médical qui lui avait été donné.

Le parquet considère sa faute comme “importante”. L’accusé “a pris un risque inconsidéré pour lui-même et pour les autres usagers de la route, privilégiant son confort personnel à la sécurité”. Outre les lésions corporelles par négligence, il est également accusé de violation grave des règles de circulation routière et de conduite en état d’incapacité.

Versions divergentes

Pour la défense, ce “miraculé”, qui “sait à quel point la vie est précieuse, n’aurait jamais pris le risque de mettre la vie d’autrui en danger”. Son avocat a souligné que la perte de connaissance qu’il a subie est différente des autres cas d’”absence” qu’il a connus et durant lesquels il est resté conscient.

Selon la version de l’accusé, sa doctoresse ne lui aurait dit que de “réduire la conduite au strict nécessaire”. L’homme, dont “plus du quart du cerveau a été enlevé”, s’est dit “navré des conséquences de l’accident”, et, tout en considérant n’avoir commis “aucune faute”, a exprimé sa compassion aux victimes.

La principale victime de l’accident, un quinquagénaire, a été grièvement blessé. Devenu invalide, il souffre notamment d’importantes séquelles neuropsychologiques et de troubles du langage et de l’exécution des gestes.

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