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160 politiciens de tous les grands partis contre “No Billag”

Huit parlementaires opposés à l'initiative "No Billag" ont présenté leurs arguments mardi à Berne. KEYSTONE/PETER SCHNEIDER sda-ats

(Keystone-ATS) L’initiative “No Billag” est une attaque contre la diversité des médias et la démocratie directe, estiment 160 parlementaires de tous les grands partis, de la droite à la gauche. Les politiciens opposés au texte soumis au vote le 4 mars ont lancé leur offensive mardi.

Dans une démocratie saine, le fonctionnement de la Confédération, des cantons et des communes est tributaire de citoyens bien informés, estiment ces 160 politiciens issus des rangs du PDC, de l’UDC, du PLR, du PS, du PBD, du PVL, des Verts ou du PEV. L’initiative est trop “extrême”, selon eux.

Plus encore, ce texte est anti-suisse, a déclaré le conseiller aux Etats Filippo Lombardi (PDC/TI) devant la presse. Elle attaque la cohésion nationale. Les régions minoritaires comme la Suisse romande, italienne et romanche perdront leurs émetteurs et ne pourront plus défendre leur culture et leur langue.

L’ouverture du paysage médiatique aux investisseurs privés suisses et étrangers leur donnera le pouvoir d’imposer leurs intérêts particuliers. Le pouvoir sur la radio et la télévision est particulièrement intéressant pour les milliardaires qui ont des ambitions politiques, a poursuivi la conseillère nationale Edith Graf (PS/TG).

Solidarité

Une couverture médiatique adéquate et la représentation de la diversité des opinions ne seront plus garanties. L’initiative veut notamment supprimer de la Constitution le rôle de la télévision et de la radio pour ce qui est de la liberté d’opinion ou du développement de la culture ou la formation, a relevé la conseillère nationale Christa Markwalder (PLR/BE).

Les auteurs de l’initiative défendent l’idée que l’on paiera ce que l’on consomme, a relevé Adèle Thorens Goumaz (Les Verts/VD). Cet argument en faveur d’un plan B est “naïf et fallacieux”. La mutualisation des coûts permet au contraire l’accès de tous à des prestations audiovisuelles à un prix correct, selon elle.

Les offres de “Pay TV” existent déjà à l’étranger et montrent par exemple en matière de retransmissions sportives qu’elles reviennent plus cher que ce que coûte la redevance, a ajouté Mme Thorens Goumaz.

Tout ce qui a été mis en place pour la collectivité en Suisse sera détruit au profit de l’individualité, a ajouté le conseiller aux Etats UDC Roland Eberle. Pour le Thurgovien, l’initiative prône la fin de la solidarité nationale et met en péril la démocratie directe.

Reste que le débat sur le service public est nécessaire, ont relevé Christa Markwalder et Filippo Lombardi. Mais le texte soumis au vote est une mauvaise réponse. La SSR fâche de nombreuses personnes, il ne faut toutefois pas oublier que la redevance profite aussi à 21 radios régionales et 13 télévisions locales. “Un mal de tête se soigne avec de l’aspirine, pas par la guillotine”, a lancé le conseiller aux Etats tessinois.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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