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A mi-mandat, le président Macri en passe de renforcer sa coalition

"Longue vie à Cristina" semble indiquer ce graffiti sur la devanture d'une échoppe de Buenos Aires KEYSTONE/AP/RODRIGO ABD sda-ats

(Keystone-ATS) Le président argentin Mauricio Macri, auteur de réformes économiques impopulaires mais acceptées, aborde dimanche en position de force les législatives de mi-mandat. L’ex-présidente Cristina Kirchner vise un poste de sénatrice.

Depuis son élection il y a deux ans, Mauricio Macri a transformé la 3e économie d’Amérique latine en la libéralisant, une politique de choc qui a dans un premier temps eu des effets négatifs, avant que la croissance reparte: 1,6% au premier semestre 2017 et un pronostic de +3% cette année.

Dimanche, 33 des 41 millions d’Argentins renouvellent la moitié de la Chambre des députés et un tiers du Sénat. Le vote étant obligatoire, la participation devrait être élevée. Les bureaux de vote fermeront à 18h00 (23h00 en Suisse). Les premiers résultats officiels sont attendus dans la nuit de dimanche à lundi.

La coalition de centre-droit Cambiemos (Changeons), au pouvoir depuis fin 2015, ne dispose actuellement que d’une majorité relative (87 sièges de députés sur 254, 15 sur 72 au Sénat), mais a tout de même réussi à gouverner en scellant des alliances ponctuelles.

Alors que dans certains pays, le président en exercice reste en retrait des campagnes électorales, Mauricio Macri a mis tout son poids dans la bataille pour augmenter l’emprise de sa coalition Cambiemos au parlement.

Bon score pour Kirchner

En 2015, Cristina Kirchner ne pouvait pas briguer un 3e mandat consécutif de présidente. Elle n’avait donc pas postulé pour un siège de parlementaire. Pour beaucoup en Argentine, sa candidature au Sénat cette année est liée à ses déboires judiciaires.

L’immunité parlementaire assortie au mandat de sénateur ou de député permet de ne pas être emprisonné en cas de condamnation. Mme Kirchner n’est pour l’instant que mise en examen dans plusieurs affaires de corruption.

D’après les sondages, Cristina Kirchner va réussir un bon score, environ un tiers des suffrages, dans la province de Buenos Aires, où sont concentrés près de 40% des électeurs. Mais le rejet dont elle fait l’objet ne lui permet pas d’espérer améliorer cette marque.

Au cours d’une campagne assez discrète, l’ex-présidente a appelé les électeurs à “mettre un frein” à l’action du gouvernement, qui a réduit les subventions pour les factures d’électricité, eau et gaz, pour les transports en commun, et levé des fonds sur les marchés internationaux pour financer sa politique économique.

Cap économique

Pour sa part, le président Macri exhorte ses compatriotes à tirer un trait sur la gestion des Kirchner, qui ont dirigé le pays de 2003 à 2015, au sortir de la crise économique de 2001. “Une victoire de Macri serait le signal d’une sortie du populisme et un signal que le cap économique est maintenu”, selon le politologue Rosendo Fraga.

Mauricio Macri, un ingénieur de 58 ans, est le fils d’un milliardaire italien qui a fait fortune en Argentine, Franco Macri. Après des années à diriger des sociétés du groupe familial, ce qui l’a conduit à faire des affaires avec Donald Trump, M. Macri est devenu président du club de football de Boca Junior. Une rampe de lancement idéale pour ensuite conquérir la mairie de Buenos Aires.

En 2015, il était donné battu avant la présidentielle face à Daniel Scioli, le candidat de Cristina Kirchner, mais la coalition qu’il a constituée avec l’Union civique radicale (UCR) a finalement bénéficié de l’usure du pouvoir des Kirchner.

Un des enjeux du scrutin de dimanche est la perception des résultats par les entreprises étrangères envisageant d’investir en Argentine. Certaines ont retardé leurs investissements pour mieux observer quelle tournure politico-économique se profilait dans le pays.

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