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A Paris, les “uritrottoirs” suscitent rires et grincements de dents

Quatre exemplaires d'"uritrottoir", un outil "pensé pour la nuit", ont été installés à Paris. KEYSTONE/AP/MICHEL SPINGLER sda-ats

(Keystone-ATS) Un petit rectangle rouge surplombant la Seine fait rire les touristes. En plein coeur de la capitale, Paris poursuit son expérimentation d'”uritrottoirs”, des pissotières qui se veulent écologiques et sans odeur, mais font grincer des dents certains riverains.

“C’est plus facile d’aller aux toilettes, vous entendez l’eau. Il y a des gens qui ont parfois du mal”, plaisante Jonathan, touriste new-yorkais. “Certains seront peut-être mal à l’aise”, souligne tout de même le jeune homme qui travaille dans la publicité.

“Je suis le premier à l’utiliser? C’est très confortable”, lance en s’esclaffant un autre homme sous les rires de ses proches. En contrebas, les bateaux-mouches naviguent, apercevant à peine le sommet du petit bac rouge d’environ un mètre de large, surplombé de petites plantes.

Inventés par une petite entreprise du nord-ouest de la France, les “uritrottoirs” sont avant tout des urinoirs “écologiques” pour leurs concepteurs. “L’urine est stockée avec de la matière sèche (de la paille, ndlr) qui peut ensuite être transformée en compost”, explique à l’AFP Laurent Lebot, l’un des deux designers de l’entreprise Faltazi.

Alors que la ville de Paris avait déjà installé au printemps trois de ces urinoirs, des grondements ont accompagné l’arrivée du quatrième dans une rue calme de la très touristique île Saint-Louis.

Mal placé

“Je trouve ça très bien, mais l’emplacement n’est pas le bon du tout”, remarque Grégory, photographe de 43 ans qui habite le quartier depuis 3 ans, devant les micros de journalistes français et japonais.

“Ils auraient pu le mettre directement sur les quais”, déplore-t-il en revanche. Mais les urinoirs doivent être accessibles par véhicule pour des raisons de vidange et pour changer la matière sèche toutes les 3 semaines.

Alertée par des amies du quartier, Françoise se dit “scandalisée” par un objet “vraiment pas très esthétique”. Leana, une jeune touriste russe, préfère en rire: “bien sûr que les touristes russes l’utiliseraient”. Grégory regrette que “la dimension écologique ne soit pas indiquée”.

La mairie de Paris et celle du IVe arrondissement rappellent que ces urinoirs sont installés à titre expérimental, et pour répondre à une “demande des riverains”. “On est tout à fait prêts à discuter du lieu”, assure Evelyne Zarka, première adjointe au maire de l’arrondissement Ariel Weil.

Et les femmes?

“Un ‘uritrottoir’ mal placé sera difficilement accepté”, reconnaît Laurent Lebot, qui convient du paradoxe d’un outil “pensé pour la nuit, mais visible le jour”. “Le concept n’est pas qu’il trône au milieu du trottoir”, dit-il.

La police “ne souhaite pas qu’il y ait trop de dissimulation, pour ne pas retrouver les problèmes de drogue ou de sexe qu’il pouvait y avoir avec les vespasiennes, le curseur pudeur n’est pas facile à placer”, explique Laurent Lebot.

Reste la critique la plus fréquente : “et les femmes, comment elles font ?” “Pour des questions d’intimité, il est indispensable d’offrir une cabine aux femmes. L”uritrottoir’ a pour intérêt de délester les sanisettes existantes (…) ainsi davantage réservées aux femmes”, fait valoir l’entreprise.

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