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A Srebrenica, 22 ans après, on inhume encore des victimes

Des milliers de personnes se sont pressées au mémorial de Potocari. Elles se sont recueillies autour des 71 cercueils recouverts d'un drap vert. KEYSTONE/AP/AMEL EMRIC sda-ats

(Keystone-ATS) Les restes de 71 victimes bosniaques du massacre de Srebrenica en 1995 ont été inhumés mardi au mémorial de cette tuerie, la pire sur le sol européen depuis la Deuxième Guerre mondiale. Ils ont été récemment identifiés.

En quelques jours de juillet 1995, plus de 8’000 hommes et adolescents bosniaques musulmans ont été massacrés par les forces serbes de Bosnie du général Ratko Mladic alors qu’ils tentaient de fuir l’enclave de Srebrenica. Un bain de sang considéré comme un acte de génocide par la justice internationale.

Comme chaque année le 11 juillet, des milliers de personnes se sont pressées au mémorial de Potocari. Elles se sont réunies autour des 71 cercueils recouverts d’un drap vert, caressés par des femmes en pleurs.

Terrible crime

Les restes des 71 victimes, dont sept adolescents et une femme, ont rejoint 6439 autres morts, tandis que 233 sont enterrés ailleurs, selon l’Institut bosnien pour les disparus. Un millier reste non identifié ou disparu.

Dans une déclaration à la chaîne Happy, le président serbe Aleksandar Vucic a répété qu'”un terrible crime (avait) été commis” à Srebrenica. Il a également évoqué les crimes dont ont été victimes les Serbes des Balkans, notamment lors de la contre-offensive croate “Tempête” de 1995, ou dans le camp de concentration croate de Jasenovac, durant la Deuxième Guerre mondiale.

Génocide nié

Belgrade refuse de considérer le massacre de Srebrenica comme un acte de génocide. Plusieurs leaders de l’opposition, Sasa Jankovic (centre gauche) et le libéral Cedomir Jovanovic, plaident en ce sens.

Mais “leurs paroles n’engagent pas l’Etat”, a déclaré Aleksandar Vucic, qui était à l’époque des guerres des Balkans un proche collaborateur de l’ultranationaliste Vojislav Seselj, héraut de la Grande Serbie. Sa visite, il y a deux ans au mémorial, avait été émaillée d’incidents.

“Il ne peut y avoir de réconciliation sans vérité et sans justice”, a dit mardi Bakir Izetbegovic, le chef politique des Bosniaques musulmans. Il a appelé “le peuple serbe, ses leaders et son élite intellectuelle à accepter la vérité, à cesser de nier le génocide commis ici”.

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