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A Venise, l’artiste Damien Hirst offre une fiction sous-marine

L'oeuvre "Demon with Bowl" (Démon avec un bol) de Damien Hirst accueille le visiteur au Palazzo Grassi à Venise. KEYSTONE/EPA ANSA/ANDREA MEROLA sda-ats

(Keystone-ATS) L’enfant terrible de l’art contemporain est de retour. Le Britannique Damien Hirst est l’hôte de la Fondation Pinault, à Venise, pour une exposition monumentale. Il y entraîne le spectateur dans une fiction sous-marine, d’une grande profondeur.

Le secret avait été jalousement gardé sur ce projet ambitieux auquel Damien Hirst, 51 ans, a consacré dix années. Il rassemble – à partir de dimanche et jusqu’au 3 décembre – près de 200 oeuvres inédites dans les deux écrins de la Fondation Pinault que sont le Palazzo Grassi et La mbre – près de 200 oeuvres inédites dans les deux écrins de la Fondation Pinault que sont le Palazzo Grassi et La Punta della Dogana.

Baptisé “Treasures from the Wreck of the Unbelievable” (“Trésors de l’épave de l’Incroyable”), il conte la légende de l’Incroyable, vaisseau qui sombra il y a des siècles au large de côtes d’Afrique, emportant avec lui sa cargaison inestimable. Dans les cales du navire, des sphynx venus d’Egypte, des statues grecques, des colosses de bronze, de l’or, des bijoux et des armes à profusion.

Trésor englouti

Ce trésor englouti, Damien Hirst l’a retrouvé au fond de l’océan Indien. Il l’a extrait des profondeurs au cours d’une prétendue campagne de fouilles sous-marines dont les vidéos sont projetées au fil de l’exposition.

A Venise, le plasticien expose le fruit de cette pêche miraculeuse. Les pièces sont encore recouvertes d’algues durcies, de coraux ou de coquillages, autant d’empreintes que la mer a déposées au fil des siècles.

“Le visiteur ne sait pas si les oeuvres qu’il voit sont restées deux mille ans au fond de l’eau ou si elles sont le résultat du travail de l’artiste. On est dans l’ambiguïté qui laisse la place au rêve”, explique Martin Bethenod, directeur des Palazzo Grassi et Punta della Dogana.

Animaux embaumés

Artiste de la finitude, Damien Hirst semble opérer avec ce travail un tournant dans sa carrière qui l’avait amené depuis les années 1980 à explorer les rapports entre l’art et la mort.

Découvrir son oeuvre signifie entrer dans un monde d’animaux embaumés comme son emblématique requin plongé dans du formol (1991), ou son célèbre “Mother and Child Divided” (“Mère et enfant séparés”, 1993): une vache et son veau découpés dans le sens de la longueur et placés dans quatre vitrines.

Des audaces qui lui ont valu d’être autant admiré que décrié mais aussi de devenir un des artistes vivants les plus cotés de la planète.

Quatre mois ont été nécessaires pour acheminer jusqu’à la Sérénissime les 200 oeuvres, dont certaines ont été produites en plusieurs exemplaires. Quant à leur valeur marchande, elle reste un mystère même si des informations de presse, citant de potentiels acquéreurs, ont évoqué des prix allant de 500’000 à 5 millions de dollars, selon les pièces.

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