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A Vimy Trudeau commémore les cent ans de la bataille

François Hollande et Justin Trudeau lors de la commémoration dimanche à Arras KEYSTONE/EPA AFP POOL/PHILIPPE HUGUEN / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) “Le Canada est né ici” : sous un soleil radieux et devant 23’000 personnes, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a rappelé la force de l’engagement de son pays. Il y a cent ans le Canada prenait part à la bataille méconnue de Vimy (nord de la France).

Deux heures durant, dans une cérémonie émouvante au Mémorial national du Canada, les discours d’officiels ont succédé à diverses représentations théâtrales, musicales et commémoratives. Le président français François Hollande a rappelé les “liens forts” unissant les deux pays,

Lors de cette offensive, les quatre bataillons canadiens, soit 80’000 soldats jusque-là incorporés dans l’armée britannique, conduisirent l’assaut pour la première fois sous leurs propres couleurs, gagnant leurs galons sur la scène internationale.

“Près de 3600 soldats sont tombés ici” lors de ces trois jours de combat démarrés voici tout juste cent ans, marquant le début de la bataille britannique d’Arras (9 avril-16 mai 1917), et “c’est par leur sacrifice que le Canada est devenu un signataire indépendant du traité de Versailles”, a rappelé M. Trudeau. Le Premier ministre canadien a terminé son discours d’un solennel “ne les oublions jamais”.

Après avoir dit “toute sa reconnaissance” aux soldats canadiens, M. Hollande a pour sa part centré son discours sur la coopération actuelle entre Paris et Ottawa “pour faire avancer la cause de l’humanité”. “Le nationalisme ne mène qu’à la guerre et le fondamentalisme à la destruction”, a-t-il asséné.

Avec le Prince Charles

Les deux dirigeants français et canadien ont d’abord dévoilé dimanche matin un monument en hommage aux victimes de la bataille d’Arras, ville située à une quinzaine de km de Vimy, sous un soleil radieux et devant environ 3500 personnes.

Le “Coquelicot de la paix”, immense disque rouge en métal sur lequel ont été coulés des bottes de soldats, rend hommage aux morts et blessés durant cette bataille, soit quelque 100’000 hommes mis hors de combat côté britannique, autant dans les rangs allemands.

Le Prince Charles et de ses deux fils, le duc de Cambridge William et le prince Harry, la première ministre écossaise Nicola Sturgeon et le premier ministre français Bernard Cazeneuve figuraient parmi les invités.

Réseau souterrain

Au printemps 1917, les alliés, englués dans l’impasse d’une guerre de tranchées, planifient une nouvelle offensive massive: les Britanniques lanceront des attaques de diversion au nord, autour d’Arras dès le 9 avril, tandis que les Français attaqueront une semaine plus tard les lignes allemandes au sud du front, au Chemin des Dames.

Préparée pendant des mois, l’offensive britannique repose sur un vaste réseau souterrain creusé par 400 tunneliers néo-zélandais sous Arras où se cacheront les soldats, permettant de préserver l’effet de surprise.

En seulement trois jours, les Canadiens parviendront, malgré plus de 3600 morts et 7100 blessés dans leurs rangs, à s’emparer de cette crête de 145 m de haut, point fort du dispositif défensif mis en place par les Allemands, où plus de 100’000 soldats français avaient déjà été tués et blessés lors de tentatives précédentes.

Gains de territoires faibles

“A l’échelle de la guerre, atteindre l’objectif en trois jours, c’est exceptionnel, c’est pour ça que cela a été perçu immédiatement comme une victoire”, éclaire l’historien Yves Le Maner.

La bataille a permis “d’anéantir l’artillerie allemande et de limiter ainsi les autres pertes”, même si “les gains de territoires étaient faibles”, tempère Laurent Veyssière, directeur général adjoint de la mission Centenaire de la Première Guerre mondiale.

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