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Accord Birmanie/Bangladesh sur un retour des Rohingyas en deux ans

La Birmanie et le Bangladesh se sont donné deux années pour régler le retour de quelque 650'000 Rohingyas qui ont quitté la Birmanie depuis fin août. KEYSTONE/AP/MANISH SWARUP sda-ats

(Keystone-ATS) La Birmanie et le Bangladesh se sont donné mardi deux ans pour régler le retour de quelque 650’000 Rohingyas qui ont quitté la Birmanie depuis fin août. Ces réfugiés fuient une campagne de répression de l’armée birmane.

Les deux pays se sont mis d’accord à Naypyidaw, la capitale birmane, “sur le document que devront remplir” les réfugiés, a indiqué le ministère des Affaires étrangères du Bangladesh. Aucun calendrier n’avait jusqu’ici été avancé par les deux pays.

Pour l’ONU, cette minorité musulmane a été victime d’une “épuration ethnique”. Sous pression sur la scène internationale, la Birmanie a promis de rapatrier les réfugiés s’ils peuvent prouver qu’ils habitaient auparavant en Birmanie.

D’après le communiqué du ministère des Affaires étrangères du Bangladesh, cinq camps doivent être construits dans l’Etat Rakhine, l’ouest de la Birmanie, où vivaient la grande majorité des Rohingyas.

Retours incertains

Le Bangladesh, qui accueille près d’un million de réfugiés rohingyas à sa frontière sud-est, dans ce qui est aujourd’hui le plus grand camp au monde, presse le gouvernement birman d’Aung San Suu Kyi de lancer le processus de rapatriement.

“Dans les jours qui viennent, les réfugiés pourront commencer à s’enregistrer. Le processus va pouvoir débuter”, a expliqué Mohammad Sufiur Rahman, ambassadeur du Bangladesh en Birmanie. Ce dernier a toutefois écarté un retour des premiers Rohingyas fin janvier comme cela avait été annoncé: “c’est impossible”.

De nombreuses associations caritatives et diplomates se demandent de toute façon si les Rohingyas traumatisés accepteront de rentrer chez eux. La plupart des réfugiés rohingyas approchés à l’intérieur des camps confirment qu’ils ne souhaitent pas rentrer chez eux – leur village ont souvent été brûlés et leurs champs confisqués. Ils estiment également que l’Etat Rakhine n’offre pas de garantie de sécurité.

Victimes de discriminations, ils n’ont pas de papiers d’identité et ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Ils n’ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et hôpitaux.

Dans un pays marqué par un fort nationalisme bouddhiste, les musulmans rohingyas représentent la plus grande population apatride du monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, sous le régime militaire.

Le HCR veut être associé

A Genève, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a répété que les retours de Rohingyas en Birmanie devaient être volontaires. Il a réitéré sa volonté d’être associé aux discussions entre les deux pays.

Quatre cent personnes ont été réacheminées depuis deux jours dans le camp de réfugiés de Kutupalong au Bangladesh depuis des zones isolées près de la frontière avec la Birmanie, a en outre précisé devant la presse un porte-parole du HCR. Elles avaient choisi de rester près de leurs maisons qui se trouvent côté birman.

Ces personnes ont accepté de rejoindre le camp où se trouvent des centaines de milliers de Rohingyas pour accéder plus facilement à de la nourriture et de l’aide. Les mouvements de relocalisation vont se poursuivre et devraient atteindre près de 10’000 personnes, a ajouté le porte-parole.

Plus de 4000 cas suspects de diphtérie ont été constatés dans les camps au Bangladesh. Et parmi eux, 32 personnes sont décédées, dont 80% d’enfants, a précisé le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Une campagne de vaccination a été lancée et l’accès à de l’eau potable est amélioré.

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